

Depuis des millénaires, ces peuples vivent en harmonie avec la nature mais aujourd'hui, ils sont les premières victimes du dérèglement climatique et de la protection de l'environnement.
Au Cameroun
La forêt primaire dans laquelle vivaient les pygmées Bakas ressemble de plus en plus à un gruyère, entre la déforestation et l'exploitation minière. Ironie de l'histoire, alors que des parcs nationaux ont été créés, les Bakas ont été priés de quitter les lieux, déracinés au nom de la protection de l'environnement.
Au Cameroun, c'est bien au nom de la conservation de l'environnement que les pygmées ont été exclus de leur forêt. Au sud-est du Cameroun, à la frontière du Congo Brazzaville, alors qu'ils devaient déjà faire face à la déforestation et au plus grand projet au monde d'exploitation minière avec la création de l'aire protégée en 2006, ils ne peuvent plus chasser ni pratiquer leurs activités traditionnelles au risque d'avoir à faire aux éco-gardes de l'ONG WWF qui, au Cameroun, travaille en étroite collaboration avec le gouvernement.

PHOTO DU COUPLE VIOLENTE PAR L'ECOGARDE
Couple violenté par les éco-gardes du WWF.
Grâce au soutien des ONG, les pygmées qui avaient été oubliés par le Ministère des Forêts et la Banque mondiale, lors de la création de l'aire protégée, ont obtenu, en 2016, quelques compensations. Entre le village et la réserve, quelques maisons en dur dans le village d'Assoumindélé de ces trois cents Bakas, une école, un forage et une forêt tampon de quelques milliers d'hectares leur ont été attribués.
Ce soir, c'est au village, autour du feu, que Louisette et les femmes ont convié les enfants à participer à une soirée traditionnelle. Autour de la taille, les femmes ont revêtu une couronne de paille et leurs voix angéliques flattent, comme autrefois, les esprits de la forêt. C'est ainsi qu'elles perpétuent encore et toujours cette transmission des savoirs. Cet esprit qui chuchote à l'oreille des Bakas les rend plus déterminés que jamais.
C'est ainsi qu'à force de combat, ils ont obtenu une forêt communautaire de cinq mille hectares, mais située à dix kilomètres de leur village.
Pour la première fois, Louisette et Messe Venant, de l'association Okani, se rendent dans ce qui, à première vue, ressemble encore à une forêt intacte. Mais le plus grand projet d'exploitation minière devrait voir le jour à quelques centaines de mètres de là. Et c'est à coup de machette que l'on s'enfonce dans cette végétation luxuriante accompagné par la mélodie des oiseaux et des singes à nez blanc. Mais pour combien de temps encore ?
Messe Venant s’inquiète pour ce peuple en voie de disparition
3 min
Au Tchad
Dans la bande du Sahel, les peuls sont impuissants devant les conséquences du réchauffement climatique. La sécheresse a contraint ces nomades à se sédentariser. Ils tentent malgré tout de s'adapter grâce à leur savoir traditionnel. Mais déracinés, leur mode de vie est en péril.
Autrefois gardiens d'une nature hostile, dans laquelle ils avaient trouvé un équilibre, sauvage et intacte, ces deux peuples sont aujourd'hui en sursis.
Des peuls. On a l'image de ces pasteurs et de ces troupeaux qui sillonnent la bande du Sahel, du Sénégal au Soudan, au gré des saisons, à la recherche d'eau et de pâturages sud.
Ils seraient environ trente millions dans la bande du Sahel et deux cent cinquante mille au Tchad. Mais depuis quarante ans, avec la chute vertigineuse de la pluviométrie (-20 % au Sahel) et les conséquences du réchauffement climatique, leur situation devient de plus en plus difficile. Les troupeaux et les hommes souffrent.

Les nomades peuls sont les laissés pour compte des politiques de développement et éprouvent parfois le sentiment de vivre en milieu hostile et d'être abandonnés.
Mais depuis 2012, à l'initiative de l' Association des femmes autochtones du Tchad, l'Afpat, le centre météorologique de N'Djaména est devenu un partenaire de ces oubliés du climat. Les ingénieurs leur envoient des messages par SMS en cas d'alerte.
Ahmat Moussa Hassan est le coordinateur de la plateforme d'éleveurs d'Afrique centrale. Créée en 2014 suite à la guerre civile dans la République Centre Afrique et aux exactions de Boko Haram dans la région, cette plateforme interpelle les politiques. Au quotidien, elle soutient les éleveurs car ils savent que les savoirs traditionnels sont souvent plus adaptés ou plus conformes à la réalité que des études scientifiques.
Depuis des millénaires, les peuls ont suivi ces signes pour les guider et leur permettre de s'adapter. Aujourd'hui, avec la sédentarisation et la modernisation de la société, ce savoir traditionnel est, lui aussi, menacé. C'est pourquoi l'Afpat organise un atelier d'adaptation au changement climatique dans la région de Chari-Baguirmi, à trois cents kilomètres de N'Djaména, au sud du pays. Une première dans la région.
Si, grâce à leurs savoirs, les peuls parviennent encore à surmonter le défi climatique, ils doivent faire face à d'autres menaces, notamment l'extension continue des terres agricoles, les bandits de grands chemins qui sèment la terreur ou encore les groupes islamistes qui sillonnent la bande du Sahel.
Ce qui fait dire à certains que le pire est à venir.
Remerciements :
- Sandrine Gallois, anthropologue,
- Marine Robillard, fondatrice de Anthropolinks,
- Patrice Bigombe Logo
- Antang Yamo,
- Abou Yamaté, Institut culturel français du Tchad,
- Et le CCFD
Ce programme a reçu le soutien de Nomade Aventure et d' Air France au Cameroun, et, au Tchad, de l' agence Tamera et de l' Ibis la Tchadienne.
Retrouvez Voyage en terre indigène dans Libération
Programmation musicale :
- Jeanne Added : "Mutate"
- Manu Dibango : "A la claire fontaine"
Générique : "Raining for ages" de Daniel Breyer
Voix Off : le rappeur R.Can.
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