Les enfants de la honte

Portrait d'un groupe d'enfants de la tribu Chippewa ou Ojibway posant à l'extérieur à Port Caldwell, Ontario, Canada, 1890.
Portrait d'un groupe d'enfants de la tribu Chippewa ou Ojibway posant à l'extérieur à Port Caldwell, Ontario, Canada, 1890. ©Getty - Kean Collection
Portrait d'un groupe d'enfants de la tribu Chippewa ou Ojibway posant à l'extérieur à Port Caldwell, Ontario, Canada, 1890. ©Getty - Kean Collection
Portrait d'un groupe d'enfants de la tribu Chippewa ou Ojibway posant à l'extérieur à Port Caldwell, Ontario, Canada, 1890. ©Getty - Kean Collection
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Comment éduquer les enfants indigènes ? Les assimiler de force et à tout prix ? Valoriser leur différence ? D'autres questions et des réponses sur France Inter. Aujourd'hui, direction le Québec et le Cameroun.

En général la culture dominante, celle de l'homme blanc, dans sa grande mission civilisatrice, choisit l'assimilation. Transformer des sauvages en bon citoyen. Une mémoire et une identité blessée à jamais au nom de l'éducation.

Au Québec

Pendant plus d'un siècle cent cinquante mille enfants indiens ont été arrachés à leur famille et placés dans des pensionnats où ils subissaient violence et humiliation. Il fallait tuer l’indien qui était en eux. Une honte dans l'histoire nationale. Il y a eu cent trente-neuf pensionnats au Canada, sept au Québec. Le dernier a fermé en 1996. En les éduquant, les religieux devaient aussi  briser leur identité. Parler la langue leur était interdit et devait se laver à l'eau de Javel pour que leur peau blanchisse.

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Une mission civilisatrice qui a condamné à jamais ces enfants à la honte.

Évocation poétique de Marcel Petiquay qui vient de publier un livre sur les pensionnats

1 min

Ecole Secondaire Kassinu Mamu à Mashteuiatsh une communauté innue canadienne du Québec.
Ecole Secondaire Kassinu Mamu à Mashteuiatsh une communauté innue canadienne du Québec.
© Radio France - Anne Pastor

Au moins quatre mille enfants seraient morts dans ces pensionnats, de maladies ou de mauvais traitements, des milliers d’autres n'ont jamais réussi à reprendre une vie normale.

En 2008, le premier ministre Stephen Harper a reconnu la responsabilité de l'état canadien et a demandé pardon aux autochtones. Une commission de vérité et réconciliation a recueilli le témoignage de près de sept mille victimes et pour la première fois le mot de génocide culturel a été prononcé

Depuis des compensations financières ont été versées plus de deux milliards de dollars. Aujourd'hui les survivants attendent des excuses du Vatican même s’ils savent que le chemin du pardon ne s’arrêtera pas à la présentation de quelques excuses. Les Québécois, eux, découvrent ce chapitre sombre de leur histoire. Ils  comprennent mieux ces fléaux qui ravagent encore les communautés amérindiennes : l'alcoolisme, la drogue, l’échec scolaire et la criminalité.

Paroles de Québécois à l’issue d’un exercice de couverture qui permet de revivre et de mieux comprendre 400 ans de colonialisme

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Un fardeau à porter pour les survivants et les familles. Aujourd'hui il n'est plus seulement question de réconciliation mais de réparation et d'action.

Au Cameroun

Un groupe d'enfants Bipindi, une commune du Cameroun.
Un groupe d'enfants Bipindi, une commune du Cameroun.
© Radio France - Anne Pastor

L’État affiche une politique du vivre ensemble et encourage la scolarisation des pygmées. L'école primaire est obligatoire et gratuite mais ces enfants de la forêt sont en échec dans un système qui ne tient pas compte de leur culture et de leur identité. Ils sont victimes de discrimination.

Évangéliser, éduquer et civiliser. C'est la mission de cette école dans l'ouest du Cameroun à Bipindi. C'est un village au cœur du territoire des Pygmées Bagyeli. Ces chasseurs-cueilleurs ont longtemps fréquenté l'école de la forêt. Aujourd'hui, leurs voisins sont les bantous, l'ethnie dominante et certains enfants vont à l'école de la République. Depuis la constitution de 1996, elle est en théorie obligatoire en primaire et gratuite.

D'après les ONG, le taux de scolarisation des pygmées est en fait extrêmement faible : à peine 5 % (et dans l'est Cameroun 0,5 %). Au collège, il n y a presque plus d'élèves. Une animatrice radio, un infirmier, une secrétaire, ils se comptent sur les doigts de la main, ils, elles, sont ceux qui ont réussi socialement dans la société camerounaise.

Remerciements : Marie-Pierre Bouquet, anthropologue, Audrey Rousseau, anthropologue et le Fondaf (Foyer Notre-Dame de la Forêt)

Ce programme a reçu le soutien de TUI etde la compagnie Air Transat au Québec et de Nomade Aventure et de la compagnie Air France pour le Cameroun

Retrouvez Voyage en terre indigène dans Libération

Programmation musicale :

  • ZHU & Karnaval Blues "Still want u"
  • Chris Garneau : "Lucioles"
  • L : "Tant pis"

Générique : "Raining for ages" de Daniel Breyer

Voix Off : le rappeur R.Can

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