Pollution de l’air : l'Agence de sécurité sanitaire recommande de baisser les seuils d'information et d'alerte
Par Sandy Dauphin
L'Agence de sécurité sanitaire recommande de baisser les seuils d’information et d’alerte de pollution de l'air "pour mieux protéger les population" contre les particules fines. Les alertes devraient se multiplier.
Le système d'alerte à la pollution de l'air protège-t-il suffisamment les Français ? Un nouvel avis de l'Agence de sécurité sanitaire (Anses), recommande de baisser les seuils d'information et d'alerte, car "les risques pour la santé interviennent à des niveaux de concentration en polluants inférieurs aux seuils actuellement en vigueur".
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Autrement dit, il devrait y avoir beaucoup plus d'alertes à la pollution qu'aujourd'hui. Actuellement, la qualité de l'air peut être très mauvaise certains jours, par exemple en raison d'une pollution aux particules fines, sans que cela ne soit considéré comme un pic de pollution et surtout sans que cela ne déclenche de procédure de la préfecture pour protéger la population. Cela signifie qu'il n'y a pas de recommandation aux personnes fragiles ou des limitations de vitesse automobile, ou encore l'obligation pour les industriels de réduire leurs émissions.
Des seuils réglementaires en décalage avec l'indice de pollution de l'air
L'explication ? Les organismes indépendants qui donnent la qualité de l'air et les autorités qui déclenchent les procédures d'alerte n'utilisent pas les mêmes seuils. Les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air fournissent tous les jours un indice Atmo, une sorte de météo quotidienne de l'air que l'on respire. Cet indice mesure les concentrations dans l'air de quatre polluants : le dioxyde d'azote qui provient principalement des pots d'échappement, mais aussi l'ozone, le dioxyde de soufre et les particules.
Depuis cette année, L'indice Atmo a été réactualisé pour prendre aussi en compte, les particules fines, les PM2,5, les plus dangereuses pour la santé. Mais pour déclencher les seuils d'alerte les préfectures utilisent des seuils plus élevés et surtout ne prennent pas en compte les PM2,5. L'Anses recommande donc de gommer ce décalage et de baisser les seuils réglementaires.
Baisser les seuils permettrait de réduire les conséquences pour la santé
Selon l'étude menée entre 2016 et 2018 par l'Anses sur 44 villes représentant près de 90 % de la population résidant dans les zones les plus à risque de dépassement des seuils, il y a au moins 1.500 passages par an aux urgences pour asthme chez les personnes âgées de moins de 18 ans attribuables à l’exposition à court terme aux PM2,5, dont environ 350 lors des jours de dépassement des seuils proposés. Le respect des seuils proposés par l'agence permettrait de réduire d’environ 15 à 24 % ce nombre annuel de passages aux urgences pour asthme, lors des épisodes de pollution PM2,5.
Toutefois, même si les recommandations de l'agence sanitaire sont appliquées, la France utilisera encore des seuils supérieurs à ce que recommande l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui vient d'abaisser la quasi totalité de ses seuils pour la pollution de l'air qui fait chaque année dans le monde sept millions de morts prématurés.