Pour François Molins, la réforme de la police judiciaire est porteuse "de dangers"
Par La rédaction numérique de France Inter
Sur France Inter, le procureur général près la Cour de cassation a estimé que la réforme voulue par Gérald Darmanin ne va "pas dans la bonne direction".
Le projet de réforme de la police judiciaire n'en finit pas de faire grincer des dents dans les rangs de la police et de la magistrature. Ce mercredi, François Molins, procureur général près la Cour de cassation, a à son tour fait part de ses réserves. "Cette réforme suscite, à raison, beaucoup d'inquiétudes car porteuse d'un certain nombre de dangers", a estimé le plus haut magistrat du parquet en France.
Ce projet, voulu par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, prévoit, à partir de 2023, de placer tous les services de police d'un département (renseignement, sécurité publique, police aux frontières et police judiciaire) sous l'autorité unique d'un directeur, dépendant du préfet. Tandis qu'actuellement, chaque service rend des comptes à sa hiérarchie. Les enquêteurs de police judiciaire sont ainsi sous l'autorité du Directeur central de la police judiciaire (DCPJ). Le gouvernement veut les intégrer à une filière investigation, avec les enquêteurs de sécurité publique en charge de la délinquance du quotidien.
Attention à ne pas "détruire quelque chose qui fonctionne"
Pour François Molins, le premier "risque" de cette réforme, est de "détruire quelque chose qui fonctionne". "Les seuls services qui sont arrivés à garder la qualité dans les enquêtes, c'est la PJ". Il estime aussi que l'échelon départemental n'est pas pertinent pour faire face à la criminalité. "C'est trop petit, ce n'est pas la bonne échelle". L'ancien procureur de la République de Paris pointe également le risque "d'interférence politique", avec un renforcement de l'autorité du préfet sur la police. Et le fait que les magistrats auront moins de choix dans les services d'enquête auxquels ils confient les investigations. "Donc je ne pense pas que ça aille dans la bonne direction", conclut-il.
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Une tribune, publiée ce mercredi dans le Monde par un collectif de magistrats, de policiers et de citoyens, dénonce quant à elle la "menace" que fait peser cette réforme sur "l'efficacité des enquêtes et l'indépendance de la justice".