Pour le panda ça va mieux, mais on ne peut pas en dire autant du léopard
Par Sophie Bécherel
Protéger le panda, qui n'est désormais plus une espèce en danger, n'a pas permis d'empêcher le déclin de grands mammifères qui partagent son habitat, comme le léopard, selon une étude chinoise publiée ce lundi.
Cinq décennies d'efforts en Chine ont éloigné la menace d'extinction pour les pandas. Depuis quatre ans, l'espèce a quitté la catégorie des espèces "en danger" de disparition sur la liste rouge de l'Union pour la conservation de la nature (UICN), même s'il reste "vulnérable".
Mais tous les efforts fournis pour préserver son habitat et son écosystème n'ont pas permis à d'autres espèces sauvages d'en profiter. En somme, le panda géant choyé, n'a pas servi de "parapluie" à quatre autres espèces sauvages qui sont en voie de disparition, selon une étude chinoise parue cette semaine dans Nature conservation and ecology.
Ces autres espèces ne sont pas emblématiques comme le panda géant, mais partagent avec lui son habitat : les forêts montagneuses de la Chine centrale. Le loup, le chien sauvage d'Asie, le léopard et la panthère des neiges, ces espèces ont été suivies par les scientifiques pendant 10 ans grâce à des pièges photographiques. Résultat, dans les 73 aires protégées étudiées, c'est l'hécatombe : le loup a perdu 95% de ses effectifs, le chien sauvage d'Asie 77%. Quant au léopard, dramatique aussi la perte de 85% des populations de 2008 à 2018. Dans certaines zones protégées, il n'en reste aucun.
La panthère des neiges - effectifs en baisse de 18% - est l'espèce qui s'en sort le moins mal. Peut-être, avancent les chercheurs, parce qu'elle cohabite dans des zones d'altitude que seuls occupent des moines tibétains.
Leur territoire réduit à vue d’œil
Ailleurs, la cohabitation faune sauvage/homme a nui aux carnivores avance l'étude. Braconnage intensif dans les années 90, destruction des habitats par déforestation, maladies contagieuses transmises par des animaux domestiques. Les zones où évoluent ces animaux se réduisent comme peau de chagrin, se morcellent surtout. Or ces grands chasseurs ont besoin de centaines voire milliers de kilomètres carrés pour se nourrir.
Ce qui fait dire aux scientifiques chinois, auteurs de l'étude, que la première mesure à prendre pour la décennie à venir, c'est de relier les zones protégées, de reconstituer un vaste territoire dépourvu de présence humaine.