Pour les sans-abris c'est aussi compliqué l'été que l'hiver

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Pour les sans-abris c'est aussi compliqué l'été que l'hiver

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Depuis fin mars, les places dans les hébergements d'accueil ouvertes pour l'hiver ferment progressivement, laissant des centaines de personnes à la rue.
Depuis fin mars, les places dans les hébergements d'accueil ouvertes pour l'hiver ferment progressivement, laissant des centaines de personnes à la rue.
© Radio France - Laurence Méride

Lors de la période estivale, les hébergements d'accueil, les structures de restauration et même les associations ferment. Il est donc difficile pour les sans domicile fixe de trouver où dormir, de quoi manger et de quoi boire, surtout par temps de canicule. Mais l'Armée du Salut, elle, ne prend pas de vacances.

Tous les matins, des salariés et des bénévoles de l'Armée du Salut parcourent les rues de Paris pour offrir aux sans-abris un petit-déjeuner. Et ce, même au moment des vacances, en juillet-août. En effet, à cette période de nombreux centres d'hébergements, de restauration ou encore des associations ne sont pas ouverts. Alors chaque matin René, sans domicile fixe, attend l'arrivée des bénévoles avec impatience : "C'est comme notre famille. Boire un café avec des gens le matin, ça redonne le moral !"

A 6h du matin, devant la gare de l'Est, l'Armée du Salut a distribué des pains au chocolat, du café, de la soupe et surtout des bouteilles d'eau.
A 6h du matin, devant la gare de l'Est, l'Armée du Salut a distribué des pains au chocolat, du café, de la soupe et surtout des bouteilles d'eau.
© Radio France - Laurence Méride

Ce mardi matin, l'Armée du salut s'est rendue à 6h à la gare de l'Est puis à 7h30 à la gare du Nord, pour une distribution de petits-déjeuners. Les bénévoles rencontrent tous les jours une centaine de femmes, d'hommes et d'enfants en difficulté. 

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L’Esprit d’initiative
4 min

Depuis plusieurs années les associations se battent pour que les places d'hébergement qui ouvrent pendant la période de grand froid ne ferment pas l'été. C'est indispensable pour Joël qui s'occupe des maraudes depuis l'hiver dernier : "Cet hiver, 80 personnes au maximum venaient nous voir pour prendre leur petit-déjeuner. Depuis que l'été a débuté, nous voyons passer tous les matins de 160 à 170 personnes. Et ce chiffre augmente de jour en jour ! Cela prouve bien qu'il y a de plus en plus de monde à la rue et c'est très inquiétant. Et puis nous ne pouvons pas répondre à toute la demande. Il nous manque régulièrement de l'eau, du café, des gâteaux… Parfois il manque même des trois à la fois. C'est normal vu que le nombre de personnes augmente considérablement !", s'exaspère-t-il.  

Dernier arrêt de l'Armée du Salut à la gare du Nord. En trois heures de maraude, une centaine de personnes a bénéficié d'un petit-déjeuner.
Dernier arrêt de l'Armée du Salut à la gare du Nord. En trois heures de maraude, une centaine de personnes a bénéficié d'un petit-déjeuner.
© Radio France - Laurence Méride

Les places qui avaient été ouvertes lors du grand froid ferment petit à petit.

Les services départementaux du 115 se voient dans l'obligation de remettre à la rue des milliers de familles. Elles se retrouvent alors sans solution. "Le gouvernement a bien pérennisé 5 000 places, ce qui est un minimum, reconnaissait Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), dans LeMonde.fr. Mais les chiffres du 115 sont inquiétants : à Paris, 500 à 600 familles avec enfants appellent et n'obtiennent pas de réponse. En Seine-Saint-Denis, elles sont entre 150 et 200. Les personnes isolées n'appellent même plus sachant qu'elles n'ont aucune chance."

Pas assez d'eau en temps de canicule 

En ce temps de canicule, trouver de l'eau devient un véritable casse-tête pour les sans-abris. "L'hiver, je distribue un pack d'eau par personne, en ce moment j'en donne trois ou quatre, explique Joël. Il fait très chaud et en plus c'est la canicule. Il y a beaucoup de gens qui me demandent plusieurs packs mais je ne peux pas leur en donner autant. Il en faut pour tout le monde. En plus je n'ai pas suffisamment de place dans ma voiture", explique-t-il. 

Le collectif Les Morts de la rue déplorait, les 24 juillet, 212 décès depuis le début de l'année, un chiffre similaire à celui de l'année dernière. De son côté, le collectif des 36 associations unies dénonce les restrictions budgétaires, la réduction des crédits pour les nuits d'hôtel et les dotations de fonctionnement des centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). En effet, en mai dernier, le gouvernement a publié un arrêté qui plafonne le tarif journalier des CHRS. Il espère ainsi faire des économies de 57 millions d'euros dans les quatre prochaines années.