Pour Raymond Soubie : "Si Pôle Emploi n'existait pas, il faudrait l'inventer !"
Par Fabien Cazeaux
Pôle Emploi, résultat de la fusion des Assédic et de l'ANPE a dix ans. Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy à l'époque, en est l'un des pères fondateurs.
Adieu les Assedic et l'ANPE, bonjour "Pôle emploi". Il y a dix ans, les deux premiers organismes fusionnent en un "service public de l'emploi", une naissance douloureuse et au pas de charge, en pleine crise économique. Inspiré des "Jobscentres Plus" britanniques, avec le principe du guichet unique, "Pôle emploi" est officiellement lancé le 5 janvier 2009, alors que la France commence à voir grimper le nombre de chômeurs, quatre mois après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers.
C'est Nicolas Sarkozy qui a fait fusionner l'ANPE et les Assédic afin qu'un seul interlocuteur soit là pour les demandeurs d'emploi : c'est la naissance du "conseiller personnel", à la fois l'interlocuteur pour les indemnités chômage et la recherche d'emploi.
Fabien Cazeaux a rencontré Raymond Soubie. Il était il y a dis ans conseiller social de Nicolas Sarkozy.
- France Inter : Certains ont reproché une mise en place chaotique de Pôle emploi
Raymond Soubie : "Ce qu'il faut bien voir, c'est que les statuts des deux organismes étaient différents : les ANPE sous statut public, et les Assédic qui étaient des associations de droit privé. La situation était juridiquement compliquée."
"Quand vous avez deux maisons très différentes, et que vous n'en n'avez qu'une après, que les carrières évoluent, vous avez mille et un problèmes à régler. Ça a été une opération de fusion très compliquée, un travail titanesque d'organisation. "
Le lancement a-t-il été réussi à vos yeux ?
"Je crois qu'il a été réussi autant que possible. C'était un énorme chantier, il a fallu des années de travail. Un point important était celui de la définition d'une "offre valable d'emploi", que ne pouvait pas refuser un chômeur. C'est un sujet encore d'actualité qui a beaucoup mobilisé les partenaires sociaux et l'État pendant cette période. Et puis il y avait l'autre question de recentrer les moyens sur ceux qui étaient le plus éloignés du marché de l'emploi et qui pouvaient donc s'en sortir le plus mal."
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur Pôle Emploi ?
"Je dirais que si Pôle Emploi n'existait pas, il faudrait l'inventer ! C'est le plus bel hommage que l'on peut faire à l'institution. On dit 'il y a des choses qui ne marchent pas' mais il y a des améliorations de tous bords qui sont intervenues et qui vont dans le bon sens. Reste quand même que le taux de chômage aujourd'hui est toujours très élevé, autour de 9%."
Justement, est-ce le bon moment pour réduire les moyens de Pôle Emploi et le nombre de conseillers ?
"Je ne suis pas conseiller en charge de ce problème. Ce que je peux dire c'est qu'il y a des problèmes quantitatifs d'effectifs mais aussi des moyens qualitatifs, nous sommes en 2019, nous avons des atouts technologiques qui peuvent permettre de réduire les effectifs. Encore ne faudrait-il pas que les diminutions d'effectifs soient trop importantes.
Raymond Soubie, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy
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