Pourquoi, d'après le Masque, "Les Testaments" de Margaret Atwood est-il aussi "décevant qu'opportuniste" ?
35 ans après "La Servante écarlate", la Canadienne Margaret Atwood publie sa suite et son épilogue. C'est un roman de science-fiction qui décrit, dans un futur dystopique, un monde totalitaire où les femmes sont asservies. Les critiques du Masque et la Plume vous expliquent pourquoi ils sont loin d'avoir été conquis.
Le livre présenté par Jérôme Garcin
Roman adapté au cinéma par Volker Schlondorff et popularisé par une série. L’action des "Testaments" se situe 15 ans plus tard. Avec trois héroïnes principales : Tante Lydia, une ancienne juge devenue l’administratrice de la communauté féminine de Gilead. Et deux jeunes filles, Agnès et Daisy, l’une qui a grandi à Gilead, métaphore des Etats-Unis, l’autre au Canada voisin.
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Olivia de Lamberterie est déçue par une Margaret Atwood qui s'essaie au style des séries...
"Ça m'a fait penser au dernier album d'Astérix où on trouve sur la couverture en énorme "Uderzo et Goscinny", et on se dit mais c'est bizarre ils ne sont pas morts tous les deux ?
Il y a des gens qui écrivent des suites à des grands succès populaires, et là il me semble que ce livre aurait pu être écrit par une bonne faiseuse anglo-saxonne à qui on aurait donné un gros contrat pour rédiger la suite de "La Servante écarlate" tant c'est un livre qui n'est pas déplaisant à lire, assez haletant, assez bien écrit même mais on a l'impression que Margaret Atwood a écrit directement le scénario de la prochaine saison de la servante écarlate, il n'y a aucun style.
Il me semble que l'écriture de série a totalement déteint sur la manière dont Margaret Atwood écrit... C'est le monde nouveau avec aucun style.
On y trouve des phrases telles que "_on s'était donné rendez-vous ce midi"... N_on ce n'est pas possible, on ne peut pas écrire cela...
Au vue de la manière dont le livre est construit, avec ces trois histoires parallèles, on voit exactement l'image de la série que l'on va pouvoir regarder. "La Servante écarlate" était un livre assez visionnaire sur le rôle de la femme en société, mais celui-ci ne l'est pas du tout, c'est plutôt un décalque de critique de l’Amérique de Trump aujourd’hui, un livre dans lequel l'avortement est interdit, où le divorce est très méchant et qui déifie la femme comme une séductrice et je trouve qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil...
On découvre tout avant elle.
Michel Crépu s'est prêté au jeu... puis a fini par caler
"C'est le premier livre de Margaret Atwood que j'ai lu. Je me suis dit que je devais partir sans préjugés. J'étais assez impressionné par la première page, je me suis dit que c'était mieux que je pensais. L'après Orwell a commencé : on est dans un monde qu'elle met en scène de la même manière que lui.
Et puis brusquement le moteur cale, je ne redémarre pas, je me rend compte que je n'ai absolument rien compris à ce gallimatias pseudo biblico-politco-truc-muche !
Je suis rentré à la maison conscient qu'il y avait un problème avec cette romancière qui a un statut inouï et mondial...
Je ne vois pas comment on peut aller plus loin dans l'envergure honorifique, c'est absolument extravagant.
Pour Nelly Kapriélian, c'est un livre pour jeunes adultes, ce n'est pas de la littérature
"C'est un livre tout à fait opportuniste, je trouve que le premier suffisait.
Ce qui est génial ici, c'est qu'au fond elle présente cela comme une société futuriste, une dystopie mais ce qui est important c'est qu'elle invente rien, tout est vrai, et c'est là son coup de génie : les femmes ont subi réellement ce genre de choses.
Là, mis dans ce contexte d'une société totalitaire d'avance présentée comme quelque chose d'atroce, on dit que c'est atroce mais ça fait 2000 ans que ça dure cette histoire !
Elle n'a jamais rien voulu inventer, elle s'inspire de situations réelles. Mais je trouve que c'est un livre pour jeunes adultes, ce n'est pas de la littérature. Ce qui me gène le plus c'est le Booker Prize ! C'est un prix qu'elle ne mérite absolument pas..."
Arnaud Viviant se demande "comment on peut proférer de telles conneries"
J'ai beaucoup ri en lisant ce livre, tellement c'est con.
Il y a un jeu de mot que la traductrice s'est refusée à traduire ! Ils parlent d'un stylo qui sert à faire passer des microfilms, avec le type qui dit "Pen is envie" (on se croirait dans un vieux James Bond). Et ça continue avec ce dialogue que j'adore : "eh bien ce sont les pénis, on jurait une phobie, les pénis ai-je répété d'un ton pensif, encore eux ! " ; ou alors "ah oui dans les expériences de pensée, les pénis peuvent devenir incontrôlables, ils vivent leur existence propre". Mais mon dieu si c'était vrai ça se saurait là encore, tout est de ce niveau-là et vous vous dîtes comment c'est possible de dire autant de conneries !"
Aller plus loin
Écoutez l'intégralité des critiques échangées sur le livre :
"Les Testaments" de Margaret Atwood : les critiques du Masque et la Plume
9 min
📖 LIRE - "Les Testaments", de Margaret Atwood chez Robert Laffont
► LIVRE OUVERT | Toutes les autres œuvres passées au crible des critiques du Masque et de la Plume sont à retrouver ici.
Chaque dimanche à 20h, retrouvez les critiques du Masque et la Plume, réunis autour de Jérôme Garcin, pour parler cinéma, littérature ou théâtre.