Pourquoi la planète Mars est courtisée par trois pays, avec des projets très différents
Par Sophie Bécherel
C'est une séquence martienne que nous sommes en train de vivre. Après sept mois de voyage, trois missions arrivent à destination de la planète rouge. Perseverance, la mission de la NASA ainsi que les sondes "Hope" des Émirats Arabes Unis et "Tianwen-1" de la Chine, aux dimensions à la fois scientifiques et politiques.
Avec l'insertion en orbite de leur sonde Hope mardi, les Émirats Arabes Unis ont réussi leur toute première mission interplanétaire. Pour Dubaï, c'est hautement symbolique : après avoir envoyé le premier astronaute arabe dans l'ISS il y a deux ans et demi, cette sonde arrive pour l'anniversaire des 50 ans de l'unification des sept émirats en une fédération. La mission est modeste, mais originale. Il s'agit d'étudier pendant deux ans l'atmosphère de la planète rouge, son rythme saisonnier, c'est une sorte de station météo qui a été placée en orbite.
Qu'on ne s'y trompe pas, les Émirats arabes unis n'ont pas tout produit eux-mêmes. La fusée était japonaise et la sonde elle-même a été fabriquée avec des instituts américains. Mais c'est l'agence spatiale qui a payé et piloté le projet. À sa tête, la très médiatique Sarah Al Amiri, devenue depuis ministre des Technologies avancées et patronne de l'agence spatiale nationale. La mission Hope est pilotée par une très grande majorité de femmes.
À terme, les Émirats ont un objectif plus ambitieux : établir une colonie humaine sur Mars d'ici 100 ans.
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Pour les Émirats, il s'agit à la fois de susciter des vocations scientifiques et de se positionner dans le monde arabe. Le futur tel qu'imaginé par les Émiratis est ambitieux : bâtir dans le désert une cité scientifique pour simuler les conditions martiennes et développer les technologies nécessaires pour une future occupation. Les Émirats ont aussi des visées d'exploitation minière et touristique. Ils ont signé à cette fin un accord avec Virgin Galactic, la société de Richard Brandson.
Les objectifs très technologiques de la Chine
Pour Pékin, il s'agit de démontrer qu'elle devient, pas à pas mais avec la régularité d'un métronome, une grande puissance spatiale. Et sans aides extérieures, sauf celle de la Russie il y a quelques années.
La mission Tianwen 1, si elle réussit, sera impressionnante. C'est un premier voyage vers Mars pour la Chine mais elle tente le trio : un satellite en orbite, arrivé ce mercredi, un atterrisseur et un robot de 200 kilos.
Ce que les Américains ont maîtrisé étape par étape, Pékin l'engage en une seule fois. En cas de succès, ce serait une première mondiale.
L'atterrissage est le plus délicat car l'atmosphère martienne est ténue. Les Chinois ne l'ont jamais pratiquée et pour mémoire, une sonde sur deux échoue à se poser correctement sur Mars : c'est ce qu'on appelle "les sept minutes de terreur". Pour cette étape, il faudra patienter jusqu'en mai.
En revanche, c'est jeudi que la NASA devra franchir cette étape avec "Perseverance", son robot téléguidé en mission d'astrobiologie pour rechercher des signes de vie microbienne.