Pourquoi le chien est-il le meilleur ami de l'homme ?
Les hommes ont toujours entretenu un certain rapport humain avec le chien, depuis les origines. C’est ce que constatent les invités de "Grand bien vous fasse" lorsqu’ils expliquent ce drôle de phénomène, en affirmant que l'animal domestique répond aux nombreuses valeurs que l'homme veut bien lui transmettre.
D'après les propos d'Ovidie, organisatrice du premier Festival international de films de chiens, Benoît Delépine, le président du Jury de ce festival, Christophe Blanchard, sociologue, à l'université Paris 13 et André Demontoy, vétérinaire.
Le premier animal domestique
Christophe Blanchard rappelle que "le chien est le premier animal domestiqué par Homo sapiens, et leur histoire est le fruit d'un long compagnonnage, dans un pays où il y a, aujourd'hui, énormément de chiens, soit plus de sept millions au total. Il incarne toutes les valeurs que l'homme projette sur lui : les valeurs de courage, de loyauté, de fidélité".
Benoît Delépine souligne, à son tour, que "l'Homo sapiens a élevé le chien parce qu'il était, au départ, son principal concurrent, tant ils partageaient les mêmes proies. L'homme a domestiqué les plus dociles d'entre eux, ce qui a permis de doubler le produit de notre chasse. On chassait deux fois mieux avec un chien.
Sociologiquement, nous autres humains, sommes plus proches du chien que le singe, dans leur façon d'être, dans la confiance, la sociabilité dégagée. C'est donc naturellement qu'on s'est rapprochés d'eux.
André Demontoy ajoute que "le chien est le premier animal domestiqué, oui, mais surtout l'Homme l'a domestiqué avant d'inventer l'agriculture ! On a longtemps cru que l’agriculture était la première chose que l'homme avait domestiquée, eh bien, non, c'est le chien. Il y a une évolution parallèle du maître et du chien sachant que ce dernier a été attiré par le fait que l'homme faisait de la cuisine et chassait lui aussi. Comme chez les loups, au départ, qui sont des animaux extrêmement sociaux. À la différence que, chez le chien, cet instinct de sociabilité est plus développé que chez le loup. Un effet de chasse réciproque donc qui a conduit l'homme à domestiquer le chien".
Le chien comme produit de consommation
Christophe Blanchard estime que "le chien est devenu un objet de consommation comme un autre, un phénomène contemporain qui, en dix ans, a explosé en termes de chiffres, sans parler de l'intérêt du clonage des chiens, notamment en Corée et aux États-Unis".
Ovidie rappelle, avec humour, "qu'aux élections législatives, le parti animaliste avait mis un chat en affiche et n'avait fait que 1,1 %, tandis qu'aux dernières européennes, le même parti avait, cette fois, mis un chien, récoltant de fait 2,7% des voix."
Une société anthropomorphiste*
* Le concept d’anthropomorphisme renvoie à une tendance qui consiste à attribuer aux animaux et aux choses des réactions humaines.
André Demontoy explique que "l'homme projette son affectivité sur le chien. Ce dernier est donc modelé par l'homme : des chiens devenus militaires parce qu'entraînés comme le sont les hommes ; les chiens de recherche, d'investigation ; comme le chien a toujours été, primitivement, chien de chasse".
Christophe Blanchard ajoute que "ce phénomène sociétal est la déclinaison d'une certaine folie à l'image d'une société de consommation où le médiatique passe par de nombreux symboles dont le chien fait partie. Il est, lui-même, devenu un symbole qui permet de classer, d'identifier les gens socialement. Le chien est devenu un faire-valoir".
Le chien comme reflet de la société au cinéma
Lorsque les invités de Grand bien vous fasse poursuivent la discussion au sujet des fameux chiens-acteurs, celle-ci aboutit à l'idée qu'il existerait en réalité "de nombreuses références genrées lorsque le chien est au cœur de l'histoire d'un film".
Ovidie rapporte que "les héros des films canins sont systématiquement des mâles. Si on prend le film "L'île aux Chiens, la destinée de la seule chienne du film, c'est d'être belle car c'est un chien de concours, et l'objectif c'est (pour aller vite) d'avoir une portée de chiots avec un héros".
André Demontoy évoque "un phénomène de dimorphisme car, à chaque fois qu'il y a eu un rôle de chienne à interpréter au cinéma, il a été interprété par un chien mâle. Comme dans le film Lassie, c'est un chien mâle, autant que dans Belle et Sébastien".
Aller plus loin
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📖 LIRE - André Demontoy, Dictionnaire des chiens illustres à l'usage des maîtres cultivés, Tome 1 et 2 (Honoré Champion)