Pourquoi le confinement nous apprend à surpasser nos propres peurs ?

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Pourquoi le confinement nous apprend à surpasser nos propres peurs ?

Pourquoi le confinement nous apprend à surpasser nos propres peurs ?
Pourquoi le confinement nous apprend à surpasser nos propres peurs ?
© Getty - Adriana Varela Photography

Si le climat anxiogène lié au confinement hante de nombreuses personnes tant il nourrit, en ces temps exceptionnels, un certain nombre d'émotions souvent négatives, en quoi ces peurs que nous hébergeons peuvent nous pousser à nous dépasser nous-mêmes et à nous rendre plus fort.e.s pour demain ?

À une situation exceptionnelle, ressources exceptionnelles !

Antoine Pélissolo estime que si la crainte liée au climat anxiogène est tout à fait compréhensible, d'où une situation inédite et pénible, "il n'y a cependant pas lieu de se projeter dans quelque chose qui serait absolument dramatique. Il faut simplement apprendre à prendre sur soi, à faire des efforts d'adaptation face à la situation difficile".

Il faut avoir confiance en ses propres ressources !

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Dans Grand Bien Vous Fasse, au micro d'Ali Rebeihi, Christophe André, psychiatre spécialiste des troubles anxieux, Aurélia Schneider, psychiatre spécialiste des thérapies comportementales et cognitives et Antoine Pélissolo, chef de service en psychiatrie au CHU Henri-Mondor expliquent en quoi il ne faut absolument pas devenir les victimes de nos propres peurs et angoisses liées à la situation du confinement. 

Les trois spécialistes ont tenu à montrer que si la crise sanitaire était un excellent révélateur de nos comportements, celle-ci est aussi un excellent déstabilisateur auquel il faut nous confronter pour mieux appréhender les incertitudes quant au monde de demain et ainsi rendre nos peurs plus productives à l'échelle humaine. 

Apprendre à gérer ses peurs, une source de renforcement pour demain

  • La peur nous pousse dans nos propres retranchements 

Christophe André : 

Nos émotions sont nos alliés. [Elles sont] des petits messagers qui nous font prendre conscience de beaucoup de choses : faire des efforts auxquels on n'était pas habitués, faire marche contraire à notre appétit naturel que sont la facilité, le confort, l'absence d'obstacles. 

"Le fait est que les pandémies ne sont pas seulement des révélateurs, ce sont des grands déstabilisateurs, des circonstances extrêmes qui vont vraiment secouer nos personnalités, nos façons habituelles de nous comporter. Elles vont nous empêcher d'être dans le confort de nos habitudes, de nos apparences, c'est cela qui fait peur en fin de compte".

  • La peur nous apprend à ne pas céder à la panique 

"La panique, c'est l'emballement de la peur sur laquelle nous perdons le contrôle. La peur, au départ, c'est un signal de danger qui nous aide à prendre conscience des enjeux en cours. Il y a des moments où cette peur se met à prendre le dessus sur nous : c'est l'attaque de panique. 

Pour éviter que la peur ne se transforme en panique, il faut apprendre à apprivoiser le phénomène et ne pas se laisser noyer dans la spirale de la peur qu'il suscite tout naturellement". 

  • À rester organisé en période de crise

C'est bien l'un des nombreux effets pervers que suscite le contexte actuel : le manque d'organisation en période extraordinaire - comme l'explique Aurélia Schneider : "C'est un grand paradoxe que l'on vit, avec une grande déstabilisation phénoménale, nous devons aussi garder nos habitudes structurantes, organiser notre temps même si cette structuration extraordinaire nous rend aussi un peu bizarre parce qu'en même temps, on essaie de gérer notre quotidien du mieux qu'on peut. 

On va de façon héroïque prendre en charge des choses qu'on n'aurait pas prises en charge avant, tout cela dans une dualité de maintenir un quotidien tout à fait normal et moyen. Ce sont nos capacités d'adaptation qui sont en jeu. 

Plus on est flexible de nature, plus on va s'adapter et faire face à la peur ambiante

  • À rester bienveillant avec soi-même et les autres

L'environnement pèse lourd sur la manière dont notre personnalité va s'exprimer. Cette période de confinement, d'inquiétude est stressante pour tout le monde. "Et quand on est stressé, on a tendance", explique Christophe André, "à être plus émoustillés par les défauts des autres, à être un peu plus agressifs, à généraliser... 

Il faut donc faire attention, parce que nos personnalités sont affectées par ce stress du confinement et donc nous sommes moins tolérants que d'habitude. Nous sommes moins bienveillants que nous devrions l'être...

Si on voit d'un côté une augmentation des comportements héroïques au quotidien, de se mettre en danger par altruisme ou par souci du bien public, il y a aussi une augmentation des comportements moins glorieux comme de se comporter de façon plus égoïste... 

Il appartient à chacun d'entre nous de verrouiller un peu plus l'autosurveillance de cette part sombre et mettre en avant les bons côtés que nous portons tous en nous-mêmes également".

Aller plus loin

📞 À VOTRE ÉCOUTE - Si vous éprouvez le besoin de vous confier pour partager vos inquiétudes quant à la situation actuelle, es professionnels de santé mentale sont à votre écoute. C'est toujours mieux de s'adresser à quelqu'un qui vous connaît comme votre médecin traitant. Mais il existe aussi plusieurs ressources :

  • Le numéro vert : 0 800 130 000
  • Des numéros plus locaux (par votre mairie, dans la proximité de chez soi, établies pour les familles de personnes qui souffrent de troubles psychiques). 
  • En région parisienne : 01 48 00 48 00. Pour les personnes qui se savent malades et qui ont des troubles psychiques habituellement là où ils sont un peu isolés, avec moins de ressources de soins.

🎧 RÉÉCOUTER - Grand Bien Vous Fasse : Le confinement influe-t-il sur nos personnalités ?

📖 LIRE - Antoine Perisolo, "Les phobies. Faut-il en avoir peur ? (Ed Le Cavalier bleu)

📖 LIRE - Aurélia Schneider, "La charge mentale des femmes" (Ed Larousse)