
Pour l'Anses, les compteurs Linky présentent des risques sanitaires "peu probables". Cette nouvelle étude se veut rassurante après les polémiques et les peurs suscitées.
Expérimentés depuis 2010, les compteurs Linky doivent être déployés chez 35 millions de foyers d'ici 2021. Ce compteur de couleur verte est connecté et communicant, c'est-à-dire qu'il va permettre de relever en temps réel la consommation d'énergie d'un abonné, qui sera transmise au distributeur, et qui pourra établir une facture plus précise et éviter les mauvaises surprises avec les régularisations actuelles. C'est le principal argument mis en avant par Enedis (ex-ERDF) chargée d'installer ces nouveaux compteurs qui vante aussi la possibilité pour un abonné de mieux suivre sa consommation et de pouvoir faire des économies d'énergie.
Mais depuis, des opposants se font entendre mettant en doute l'efficacité de ces compteurs, le risque de surcoût, l'intrusion dans la vie privée et enfin les risques pour la santé liés aux ondes électromagnétiques. Des arguments parfois tournés en théories du complot comme dans certaines vidéos sur YouTube.
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Pour tenter de démêler le vrai du faux, voici les trois points qui posent problème :
1- Le risque sanitaire : très limité
C'est la question qui inquiète le plus. Existe-t-il un risque pour la santé?
Avec un compteur Linky, une personne subit "une exposition comparable à celle d'autres équipements électriques", d'après les conclusions de l'étude publiée, jeudi 15 décembre, par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Ces compteurs n'émettent pas plus d'ondes électromagnétiques qu'une télévision, un chargeur d'ordinateur portable, ou une table de cuisson à induction, selon l'Anses, et les niveaux d'exposition sont "très inférieurs aux valeurs limites d'exposition réglementaires".
Olivier Merckel, responsable de l’unité d’évaluation des risques liés aux nouvelles technologies à l'Anses
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Une autre étude fin septembre, menée par l'Agence nationale des fréquences indiquait que les compteurs Linky n'émettaient pas d'ondes plus élevées que les anciens compteurs.
Des études qui ne suffisent pas à rassurer les opposants qui s'appuient eux sur les conclusions du Centre international de recherche sur le cancer qui a classé ce type d'émissions "cancérogène possible". Rappelons que cette étude portait sur les fréquences des téléphones portables, mais suffisant pour alimenter la peur chez certains.

L'Anses appelle donc les opérateurs à fournir une information "claire et compréhensible" au public pour expliquer le fonctionnement de ces nouvelles technologies, avec aussi la fréquence et la durée des expositions aux champs électromagnétiques.
2- Le risque d'intrusion : sous surveillance
Les compteurs Linky ont par ailleurs suscité une levée de boucliers chez les défenseurs de la vie privée. En pouvant relever heure par heure, la consommation électrique, Enedis pourrait savoir à quelle heure vous vous couchez, si vous vous levez la nuit, quand vous prenez une douche... Certains redoutent un piratage des données et une hausse des cambriolages. D'autres craignent que ces données soit stockées et transmises à des fins commerciales. C'est pourquoi la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) a émis des recommandations. Chaque abonné doit pouvoir dire non à la transmission de ses données.
3- L'efficacité : à prouver
Les compteurs Linky posent enfin le problème de leur nécessité. Pour nombre de maires qui s'opposent à l'installation de compteurs Linky dans leur commune, outre les risques pour la santé mis en avant, ils dénoncent aussi le surcoût inutile engendré. Remplacer la totalité des compteurs en France coûtera cinq milliards d'euros alors que les anciens compteurs fonctionnent. De plus, l'efficacité pour faire des économies d'énergie pour le consommateur n'est pas encore prouvée. Il y a aussi la crainte que les fournisseurs d'énergie augmentent le coût des abonnements.
Des questions qui continuent d'alimenter le débat très vif dans la société. Les auditeurs de France Inter sont d'ailleurs les premiers à réagir comme en témoigne le médiateur pour qui le compteur Linky est un sujet qui suscite autant de réactions que le conflit israélo-palestinien.
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