
[INFOGRAPHIE] Le nombre de détenus augmente régulièrement, mais il est souvent en décalage avec le nombre de places (la "capacité opérationnelle") dans les établissements.
De 1980 à aujourd'hui, le nombre de détenus a quasiment doublé (de 36 900 à 66 700 environ), répartis sur 189 établissements pénitentiaires. Mais les places manquent toujours : en moyenne, le taux de surpopulation carcérale est de 114%, mais cela ne reflète pas totalement la réalité. En maison d'arrêt par exemple, on atteint 140% de taux d'occupation. Cela concerne des prévenus (pas encore jugés), des condamnés à des peines courtes (moins de deux ans) ou encore des condamnés en attente d'une place en établissement pour une peine plus longue.
Pourquoi une telle surpopulation ?
Selon un rapport du député Dominique Raimbourg en 2014, elle a plusieurs causes :
- Le taux de réponse pénale est passée de 50 à 90 % depuis les années 90. Mais les moyens de la police, de la justice et de l'administration pénitentiaire n'ont pas suivi. L'ensemble de la "chaîne pénale" est donc engorgée.
- Pour gérer ce flux, on a de plus en plus recours aux comparutions immédiates (cela concerne 25% des entrants en prison). Les peines de prison prononcées y sont plus nombreuses, puisque la procédure rapide ne permet pas de réfléchir à une peine alternative.
- La fermeture de nombreux lits en hôpital psychiatrique.
- La fin de l'amnistie présidentielle en 2007. Elle permettait de libérer 6 000 détenus chaque été. La suppression très symbolique par Nicolas Sarkozy n'a été suivie d'aucune mesure de régulation des flux.
- L'allongement de la durée moyenne d'incarcération, notamment avec les peines planchers.
► ► ► DOCUMENT | Lire le rapport complet de Dominique Raimbourg
Le problème principal étant que cette surcharge rend extrêmement difficile la deuxième mission de la prison (avec son caractère punitif), qui est de préparer la sortie et la réinsertion du détenu. Et donc de prévenir efficacement la récidive.
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