Pourquoi les Verts prennent le risque d'évincer leur propre candidate, favorite à Montpellier

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Pourquoi les Verts prennent le risque d'évincer leur propre candidate, favorite à Montpellier

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Des responsables EELV critiquent Clothilde Ollier pour son rapprochement avec des membres de La France Insoumise.
Des responsables EELV critiquent Clothilde Ollier pour son rapprochement avec des membres de La France Insoumise.
© Maxppp - Jean-Michel Mart

EELV a suspendu dimanche l'investiture de sa tête de liste pour les municipales à Montpellier. En cause notamment, un exercice "quelque peu solitaire" de sa fonction. Pari risqué des Verts à deux mois des élections, alors que leur candidate était donnée gagnante dans les sondages.

Clothilde Ollier sera bien candidate à la mairie de Montpellier. L'ex-candidate d'Europe Écologie - Les Verts, évincée par son propre parti dimanche, à réaffirmé ce lundi son intention de briguer la municipalité, rapportent nos confrères de France Bleu Hérault."Certains peuvent me contester le logo, mais mon cœur lui reste à Europe Écologie - Les Verts", a martelé Clothilde Ollier : "Une urgentiste écologiste sera maire de Montpellier le 22 mars."

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Clothilde Ollier a perdu dimanche l’investiture écologiste de la préfecture héraultaise sur décision du bureau exécutif du parti, à moins de deux mois des municipales. Coup dur porté aux Verts par les Verts, alors que la candidate faisait la course en tête des sondages, devant le maire sortant Philippe Saurel.

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"Des tensions locales très fortes"

Cause de l’éviction ? "Un exercice quelque peu solitaire de la fonction de tête de liste" et des "tensions locales très fortes", avançait ce lundi matin Sandra Régol, secrétaire nationale adjointe d’EELV, invitée de France Bleu Hérault, qui nuançait : "On n’a pas débarqué une candidate : on a mis en pause son droit à utiliser le logo et à parler en notre nom." Une périphrase qui dissimule à peine le malaise occasionné par la suspension de Clothilde Ollier.

La véritable raison de l’éviction, selon Le Midi Libre, se trouverait dans le rapprochement opéré par Clothilde Ollier avec des formations politiques de gauche, notamment le mouvement Confluence, composé de nombreux membres de La France Insoumise. Faux, réplique la secrétaire nationale adjointe des Verts : "Si c’était le cas, on ne caracolerait pas en tête avec ces mêmes partenaires politiques à Besançon, à Grenoble ou encore à Toulouse."

Le détracteurs de Clothilde Ollier, ici lors d'une manifestation en décembre, lui reprochent son rapprochement avec le mouvement Confluence, composé de nombreux membres de LFI.
Le détracteurs de Clothilde Ollier, ici lors d'une manifestation en décembre, lui reprochent son rapprochement avec le mouvement Confluence, composé de nombreux membres de LFI.
© Maxppp - Jean-Michel Mart

"Il y a eu prise de contrôle des dissidents de LFI"

Mais du côté des militants, la parole est plus décomplexée. "L’ 'exercice solitaire' consiste surtout à avoir fait en sorte d’écarter quasiment tous les membres d’EELV de l’équipe de campagne", lâche un responsable d'Europe Écologie - les Verts interrogé par France Inter, qui souhaite garder l'anonymat. "À un moment donné Clothilde Ollier a choisi un camp politique clair, et ce n’est pas celui d’EELV."

"C'est une série qui pourrait être baptisée 'Comment se faire piquer la campagne dans la 7e ville de France'."

"Ce n’était plus une campagne EELV : il y a eu une prise de contrôle des dissidents de La France Insoumise", poursuit ce responsable EELV, qui se dit en outre "extrêmement fier" de son parti qui a fait "preuve de courage" en ayant pris une décision unanime : "Yannick Jadot, José Bové, Delphine Batho ont tous donné leur accord." Quasi-unanimité locale, aussi : cinq membres du groupe d'animation d'EELV à Montpellier, sur six, ont clairement pris position pour changer de tête de liste "au vu des pratiques".

Trois nuances de Verts ?

Quoi qu'il en soit, les bulletins verts pourraient bien se multiplier, et donc se disperser dans les isoloirs montpelliérains. Car si Clotilde Ollier compte maintenir sa candidature, elle n'est pas la seule.

Jean-Louis Roumégas, ancien député EELV battu à la primaire ouverte organisée en octobre pour élire le candidat du parti, a annoncé en décembre se présenter malgré tout. Sans compter le potentiel troisième nom désigné par Europe Écologie – Les Verts, après la suspension de leur tête de liste. (D'après des informations rapportées à France Inter, Jean-Louis Roumégas pourrait d'ailleurs décider de se rallier au candidat nouvellement désigné.)

Clothilde Ollier, ex-maire de Murles, commune de 320 habitants, aurait pu se représenter le 3 février lors de l’assemblée générale qui désignera la nouvelle tête de liste EELV. D'accord, mais sous conditions, détaillait sur Twitter Julien Bayou, le secrétaire national du parti :

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L'Hérault : terre d'électrons libres en politique

Difficile de s'y retrouver dans ces querelles intestines ? Normal, selon Simon Persico, professeur de sciences politiques à l'IEP de Grenoble, qui identifie une spécificité de la vie politique locale : "L’Hérault, et Montpellier en particulier, sont des territoires politiques dans lesquels les partis ont beaucoup de mal à faire appliquer les éventuelles consignes données à un niveau national, et où la vie politique est vraiment pourrie de relations malsaines entre les individus."

"Montpellier est vraiment une terre impossible à contrôler pour les partis politiques", Simon Persico, professeur de sciences politiques

"Ce sont des espèces de paniers de crabes indémêlables", décrypte le chercheur. "Il y a cinq ans, toutes les sections départementales de l’Hérault, et ce pour tous les partis, étaient sous tutelle du national, c'est dire. C’est un peu comme Marseille. Il y a souvent des électrons libres et des alliances qui ne sont pas forcément validées par le national."

En suspendant leur candidate, les Verts favoris des sondages pourraient donc bien se tirer une balle dans le pied : "S'ils y sont prêts, c’est que les problèmes au niveau local devaient être assez importants", estime Simon Persico. "Quand vous avez trois candidatures d’un même camp cela annonce forcément une forme de dispersion des voix. Ce qui serait intéressant, c’est de voir dans quelle mesure la marque 'EELV' est suffisamment puissante pour enrayer d’autres formes de légitimité : les Verts font un pari assez osé."