Le ministre de la Transition écologique et solidaire a annoncé ce matin, sur France Inter et à la surprise générale, sa démission. Un an après sa prise de fonctions aux côtés d'Emmanuel Macron, Nicolas Hulot a fait part de ses regrets. Avec tristesse et amertume, il regrette de n'avoir pu agir davantage.
La décision de Nicolas Hulot, elle est "sociétale"'. C'est "la plus douloureuse" que l'écologiste n'a jamais eu à prendre, a-t-il expliqué. La démission du ministre de la Transition écologique et solidaire est, l'espère-t-il, l'électrochoc qui permettra que "nos sociétés se retrouvent sur l'essentiel".
S'il quitte le gouvernement, c'est parce que Nicolas Hulot s'est résigné, pendant son année au pouvoir, et qu'il ne veut plus "s'accommoder de petits pas" : "Je me surprends tous les jours à me résigner, tous les jours à m'accommoder des petits pas, alors que la situation universelle, au moment où la planète devient une étuve, mérite qu'on change de paradigme."
Être patient, comme on lui a conseillé de l'être, ne suffit plus :
Il y a une telle urgence ! On me dit 'prends ton temps, sois patient', mais ça fait 30 ans qu'on est patients. Ça fait 30 ans qu'on laisse les phénomènes se dérouler mais ils sont en train de nous échapper. On me dit 'fixe-toi deux/trois priorités'. Mais tout est prioritaire !"
Le ministre démissionnaire ne veut toutefois pas accabler le gouvernement "pour qui il éprouve une immense amitié" et à qui il présente des excuses "de faire une mauvaise manière" en annonçant son départ sans en informer auparavant le couple exécutif. Rappelons que Nicolas Hulot était ministre d'État, second dans l'ordre protocolaire et que sa démission est un véritable séisme politique.
"Est-ce qu'on s'est autorisé à essayer de sortir un petit peu de l'orthodoxie économique et financière ?"
Mais, déplore-t-il, "sur la table d'un Président, d'un Premier ministre, il y a de telles exigences quotidiennes, de telles souffrances palpables, que, évidemment, le court terme préempte tout".
Un court terme qui empêche le gouvernement d'avoir "une vision", "une feuille de route" pour faire de la transition écologique un enjeu prioritaire et non pas le combat "d'un ministre tout seul".
Le ministre, pour qui la victoire d'un lobbyiste ce lundi dans les négociations entre le gouvernement et les chasseurs, a été la goutte d'eau qui a précipité sa décision, regrette de n'avoir pas su s'entendre avec son homologue de l'Agriculture, Stéphane Travert.
"Dans mes arbitrages et mes confrontations, qui n'ont échappé à personne, avec le ministre de l'Agriculture, au moment où les planètes n'ont jamais été aussi alignées pour transformer profondément le modèle agricole au bénéfice des consommateurs, mais surtout au bénéfice des agriculteurs, franchement on est passé à côté."
Nicolas Hulot a également critiqué "l'orthodoxie économique et financière" de l'Europe, à laquelle la France se plie en considérant l'environnement non pas comme un investissement, mais comme une dépense. "Dans cette équation des critères de Maastricht sur un plan budgétaire, est-ce qu'on essaye un peu d'être disruptif ? Cela pourrait être d'investir dans la transition écologique. Les investissements, qui permettent de réduire notre dépendance énergétique, ne sont pas des dépenses mais des investissements."
La politique, c'est "terminé"
Quelle suite pour l'écologiste ? Ne voulant pas "nuire" au gouvernement, Nicolas Hulot a assuré qu'il en terminait avec les ambitions politiques. Ainsi, il a balayé une possible candidature aux élections européennes en 2019.
"La décision est très récente, elle a été mûrie longtemps, simplement je vais m'astreindre à prendre de la distance et à observer un certain silence parce que j'ai conscience, par rapport à des gens pour lesquels j'ai beaucoup d'amitié, que ce que je viens de leur faire n'est pas forcément un geste amical". "Pour l'écologie, je peux influer, proposer, rassembler... j'espère que le geste que je viens de faire sera utile, pour qu'on se pose les bonnes questions et que chacun se pose la question de la responsabilité."
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