
Les Français vont mal ! C’est le résultat du baromètre santé 2017, livré par Santé Publique France. Son bilan : une augmentation du nombre de dépressifs d’année en année. Principaux concernés, les femmes et les plus précaires. Les conditions de travail sont aussi pointées du doigt.
“Je déprime” : qui n’a jamais prononcé cette phrase, au moins une fois ? Mais entre se sentir triste, abattu, démotivé, et être réellement dépressif, il y a un gouffre. La dépression, la vraie, est caractérisée par un ensemble de symptômes bien définis. Et les Français sont de plus en plus nombreux à en souffrir, selon les conclusions de Santé Publique France.
L'organisme a mesuré depuis 2005 le niveau d’EDC, ou “épisodes dépressifs caractérisés” - le terme clinique employé pour désigner la dépression. Conclusion : en 2017, près d’une personne sur dix (9,8 %) était concernée. Avec de fortes disparités en fonction de l’âge, du sexe ou encore de la situation professionnelle.
Les femmes, les jeunes et les chômeurs sont les plus touchés
Premier chiffre qui saute aux yeux : les femmes sont deux fois plus nombreuses à souffrir de dépression que les hommes. Ils ne sont “que" 6,4 %, contre 13 % pour les femmes. Une statistique surprenante, que le rapport explique de deux manières. Il évoque d’une part “la différenciation des rôles et positions sociales selon le sexe, impliquant des différences aussi bien en termes d’exposition au stress que de stratégies pour y faire face.” On peut y voir là le problème de “charge mentale” ressenti par de nombreuses femmes. Autre hypothèse : “le fait que les hommes seraient moins enclins à admettre une dépression” et exprimeraient leur mal-être d’une autre manière, en développant des addictions par exemple.
En outre, le rapport révèle une donnée inquiétante du côté des très jeunes femmes, de 15 à 19 ans. Parmi ces adolescentes, l'an dernier, une sur 100 a effectué un séjour en établissement psychiatrique pour troubles anxieux…
Les jeunes, de manière générale, semblent particulièrement exposés, puisque 13 % des étudiants sont concernés. Chez eux, le nombre de dépressifs a augmenté de 4 % entre 2010 et 2017.
Mais la population la plus exposée reste celle des chômeurs : ils sont presque 17 % à avoir été victimes de dépression en 2017, et ce chiffre a largement augmenté au fil des années.
Les conditions de travail pointées du doigt
Si les actifs sont moins nombreux (8 %) à subir des épisodes dépressifs, il faut là aussi se pencher sur les détails. Certains secteurs d’activité seraient en effet plus favorables à la dépression : l’hôtellerie-restauration, la finance et l’assurance, ainsi que les arts du spectacle. Les personnes à faibles revenus (en-dessous de 1 500 € par mois) ont presque deux fois plus plus de chances d’être dépressifs.
Par ailleurs, le risque de tomber en dépression est largement influencé par l’atmosphère de travail. Santé Publique France note trois types de souffrance au travail enclins à entraîner une dépression :
- Les menaces verbales, humiliations et intimidations
- Les violences physiques (avoir été frappé ou blessé par un collègue)
- La peur de perdre son emploi.
Comment améliorer la prise en charge ?
Santé Publique France liste plusieurs pistes de travail pour tenter d'endiguer ce phénomène. D'abord, investir massivement sur le suivi des enfants et des adolescents, car c'est souvent à un jeune âge que se développent les prémices d'une dépression. Le rapport préconise la mise en place de dispositifs "visant à faciliter le repérage, l'orientation et la prise en charge des populations les plus fragiles".
Concernant l'environnement professionnel, le rapport estime que l'accent doit être mis sur les actions de prévention ciblées sur les actifs, notamment au sein de l'entreprise.
Enfin, l'organisme réclame la mise sur le marché de nouveaux médicaments. Il fustige "l'inquiétant désengagement de l'industrie pharmaceutique" au regard des troubles psychiques, rappelant que 30 % des patients ne sont pas sensibles aux antidépresseurs actuellement disponibles. Selon l’OMS, au niveau mondial, la dépression représentera 15 % des maladies en 2020.