Présidentielle : l'association Shift Project a noté les propositions de chaque candidat sur le climat

Publicité

Présidentielle : l'association Shift Project a noté les propositions de chaque candidat sur le climat

Par
"Les politiques tuent l'avenir" peut-on lire sur une affiche à Toulouse le 26 mars 2022.
"Les politiques tuent l'avenir" peut-on lire sur une affiche à Toulouse le 26 mars 2022.
© AFP - Alain Pitton

À moins de deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, l'association Les Shifters a analysé en profondeur les propositions des candidats pour répondre à l'enjeu climatique. Aucun ne sera en mesure de respecter les Accords de Paris.

Les candidats à l’élection présidentielle ont-ils des propositions à la hauteur du défi et de la crise climatique ? Non, répond l’association spécialisée dans la transition écologique The Shift Project,  dans une étude publiée mardi 29 mars. Dans une lettre envoyée à tous les prétendants à l'Élysée, le think tank leur demande d'expliquer comme ils mettraient en œuvre la sortie des énergies fossiles lors de leur quinquennat. Les candidats ont tous répondu et étayé leur projet pour décarboner la France, en quelques pages, sauf Emmanuel Macron. C'est sur leurs réponses, et non sur leur programme ou leurs discours, que se base l'étude du Shift Project.

Programmes comparés à la Stratégie nationale bas carbone

Dans les conclusions du rapport, aucun candidat "ne nous semble proposer une stratégie à la hauteur du danger du changement climatique et des risques qui pèsent sur nos approvisionnements en énergie", déplore l'association. Pourtant, le dernier rapport du GIEC publié en août 2021 est accablant, les températures sur terre devraient augmenter en moyenne de +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle entre 2021 et 2040. Le futur président devra aussi prendre des mesures pour respecter l'accord de Paris sur le climat. D’ici 2030, la France devra avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 40%.

Publicité

Pour juger les propositions des candidats, les bénévoles du groupe de réflexion ont comparé leurs futures mesures avec les orientations de la Stratégie nationale bas carbone. C’est la feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique. "On a regardé ce qui était proposé dans un certain nombre de secteurs : le logement, l'agriculture, les transports, pas seulement l'énergie", explique à Franceinfo l'ingénieur Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project. "Très souvent les débats environnementaux dans notre pays se résument à ‘êtes-vous pour ou contre le nucléaire ou les renouvelables ?’ Nous on a regardé beaucoup d'autres choses."

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon les mieux notés

Le programme qui coche le plus de cases n'est pas celui des écologistes mais celui de la France insoumise. "Ils décrivent dans leur lettre une approche assez précise de certains enjeux majeurs", note le groupe de réflexion. D’après The Shift Project, Jean-Luc Mélenchon a "une politique d’adaptation des infrastructures face au changement climatique". L'association se satisfait de sa volonté de sortir de l’élevage industriel.

Dans sa synthèse du candidat écologiste Yannick Jadot, le groupe de réflexion applaudit un programme "qui annonce des moyens financiers importants alloués à la transition bas carbone, la volonté de faire de la pédagogie autour de ce sujet" mais il n’aborde pas la question de l'abandon du chauffage au fioul des bâtiments ou au gaz fossile.

The Shift Project a analysé les propositions des candidats.
The Shift Project a analysé les propositions des candidats.
© Radio France - Infogram

Emmanuel Macron n’a pas répondu

La candidate socialiste Anne Hidalgo, le président sortant Emmanuel Macron et le communiste Fabien Roussel ont des programmes jugés "éloignés" par rapport aux objectifs climatiques de la France.

Concernant Anne Hidalgo, son programme "s’illustre notamment à travers la nomination d’un ministre du climat numéro 2 du gouvernement et également en charge de l’économie". Pour Fabien Roussel, The Shift Project approuve "une volonté forte pour la décarbonation", mais "la question du transport aérien n’est pas traitée. De plus, à aucun moment il n’est question de la sortie des énergies fossiles pour les transports".

Quant à Emmanuel Macron, "il ne nous a pas répondu, en dépit des engagements pris par son équipe de campagne. Nous ne savons à peu près rien de sa stratégie future", regrette le groupe de réflexion.

Des programmes très éloignés des objectifs de lutte contre le réchauffement climatique

The Shift Project remarque que la candidate LR Valérie Pécresse a envoyé une lettre bien plus détaillée que son programme, mais ce n’est pas suffisant. Tout comme Éric Zemmour, dont "le soutien à la voiture individuelle peut être jugé contre-productif sur les objectifs de décarbonation". Sur le plan écologique, le programme présidentiel de Philippe Poutou est qualifié de "très succinct".

Le groupe de réflexion estime que les propositions de Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen comportent des lacunes et vont contre la Stratégie nationale bas carbone. Enfin, pour Nathalie Arthaud et Jean Lassalle, il y a "trop peu de mesures".

Des angles morts dans les programmes des candidats

The Shift Project relève plusieurs oublis dans les programmes des candidats. "Sur la place de l'énergie dans notre économie et les enjeux de sobriété, ils sont tous au même niveau : ils n'ont pas bien compris", écrit le groupe de réflexion.

Les candidats n'ont pas pris la mesure de l'enjeu important sur le secteur forêt-bois, sur la captation de carbone ou les matériaux du futur.

L'association regrette aussi le manque de "conscience" concernant la viande, "la composante principale des émissions de gaz à effet de serre du secteur" agricole. En revanche, la rénovation thermique est présente dans la plupart des programmes. Pour les transports, la promotion de la voiture électrique est assez largement partagée. Plusieurs candidats proposent également d'investir dans le ferroviaire.