Procès Cahuzac : "Vous allez juger le menteur, mais aussi l'autre Jérôme"
Par Corinne Audouin
Si les plaidoiries ont fissuré le masque de Jérôme Cahuzac, il ne sera fixé sur son sort que le 8 décembre. Le parquet avait requis mercredi 3 ans de prison ferme à son encontre.
Jérôme Cahuzac sera fixé sur son sort le 8 décembre. Mercredi, le parquet a requis 3 ans de prison ferme contre l'ancien ministre du Budget, jugé pour fraude fiscale, blanchiment et omission de déclaration de patrimoine. Le procès s'est terminé jeudi avec la défense de Jérôme Cahuzac.
S'il y a au moins une vertu aux plaidoiries de deux avocats de Jérôme Cahuzac, c'est d'avoir fissuré pendant quelques minutes le masque que l'ancien ministre du Budget affichait depuis le début de son procès. Jean Veil, d'abord, le fait sourire, en demandant au tribunal de ne pas prononcer de prison ferme.
Et de lancer, avec un art consommé de la provocation :
Je n'ai aucune envie que mes impôts servent à payer les surveillants, la cantine, l'hôtellerie de Monsieur Cahuzac.
Du sursis, des années d'inéligibilité seraient plus adaptées, pour un homme "déjà banni", dit l'avocat.
Vient ensuite Jean-Alain Michel. L'avocat et ami de Jérôme Cahuzac attaque d'emblée :
Je t'ai détesté, Jérôme. Nous, tes amis, on s'est tous dit : pas toi, pas ça... Oui, ce procès, c'est bien celui de la trahison.
Le prévenu encaisse, pleure pour la première fois. "Si je suis là, c'est parce qu'il y a deux Jérôme", continue l'avocat. Le chirurgien brillant, le conseiller de Claude Evin, le député. L'ami, donc. Et l'autre, l'homme "dévoré pendant vingt ans par ce compte maudit, ce cancrelat".
"Vous allez juger le menteur, le tricheur… mais aussi l'autre, plaide Jean-Alain Michel. Il a tout perdu, son métier, ses amis, ses idéaux. Il est en règle avec le fisc. Reste la honte. Donnez-lui une juste peine, qui ne l'accable pas plus que nécessaire."
Dans ses derniers mots, la gorge nouée, Jérôme Cahuzac a simplement remercié le tribunal.