Parmi les énigmes de l'affaire Muller : aucune empreinte digitale n'a pu être décelée sur l'arme retrouvée aux pieds de Brigitte Muller.
[NOTE : article originellement publié le 22 octobre 2013]
Aucune empreinte digitale n'a pu être décelée sur l'arme retrouvée aux pieds de Brigitte Muller. Pour les uns, cela signifie forcément qu'elle a été tuée et le 357 Magnum ensuite essuyé. Pour les autres, on a déjà vu des cas de suicide incontestable sans empreinte sur l'arme.
L’EXPERT PHILOSOPHE par Charlotte Piret
« Il n’est pas très logique de ne rien trouver ». Vraisemblablement, le premier expert de la matinée aimerait être partout ailleurs, sauf là. Là, planté à la barre dans son costume sombre, offrant le haut de son crâne dégarni à la vision du public de cette deuxième journée d’audience. Là, un peu raide, les mains posées sur la barre et la voix mal assurée : « Les tamponnements n’ont peut-être pas collé à cause de restes de sueur ou de sérum ».
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Ce matin, Jean-Marie Grafeille est invité à s’expliquer sur son enquête, réalisée à partir des prélèvements sur les mains et le visage de Brigitte Muller, d’une part et de Monsieur Muller, son mari et accusé, d’autre part.
« Comment un même constat – l’absence de résidus de tirs sur Monsieur et Madame Muller - entraîne deux conclusions différentes, à savoir que Monsieur Muller n’a pas tiré mais que Madame Muller aurait pu ? » interpelle la présidente. « C’est une hypothèse pure et dure qui ne repose sur rien », martèle-t-elle-même. « Je suis d’accord, Madame la présidente ». Ou comment discréditer sa propre enquête devant une cour d’assises.
Mais le questionnement n’est pas fini. Me Vialle, avocat des parties civiles prend le relais. Et l’expert, toujours contraint d’être là, s’empêtre un peu plus encore : « c’est mal rédigé. » « Les femmes sont plus sérieuses », comprenez qu’elles se lavent plus ou plus régulièrement. « Il arrive que sur des femmes, on ne trouve pas de particules ».
Et de conclure : « Quand on ne trouve pas de résidus de tirs, c’est peut-être qu’on ne les a pas trouvés ». Vraiment ?
MADAME LA PRÉSIDENTE par Jean-Philippe Deniau
Elle connaît le dossier parfaitement, navigue aisément dans les méandres de cette longue procédure, reprend les uns ou les autres quand ils se trompent de page. La présidente de la Cour d’assises de la Meurthe-et-Moselle maîtrise son audience avec la sévérité d’un magistrat conscient qu’il risque rapidement de se faire déborder par des avocats (Maître Vialle en partie civile et Maître Dupond-Moretti en défense) rompus à l’exercice du procès criminel.
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Rigueur, maîtrise, sévérité, certes. Mais Marie-Cécile Thouzeau a cependant une fâcheuse tendance à mener sa barque avec un plan de navigation un peu trop tracé. Ainsi semble-t-elle savoir à l’avance ce que chaque témoin va raconter, et ce qu’il ne va pas raconter. Ce qui lui permet de poser les bonnes questions mais aussi, hélas, d’anticiper les réponses, quitte à les donner à sa place, voire à les reformuler. « Ce que le témoin veut dire, c’est que… », « si je vous comprends bien, vous voulez dire que… », « ne pensez-vous pas plutôt que… » sont devenus des tics dans son expression. Parfois même se permet-elle de répondre à la question d’un avocat, pourtant destinée au témoin à la barre.
Pour l’instant, aucun avocat n’ose se plaindre de ce tic de reformulation, certainement de peur de s’attirer les foudres de celle qui, dans dix jours, dirigera aussi les débats du délibéré.