Procès Pastor : "Je vous demande de condamner Wojciech Janowski", lance Éric Dupond-Moretti

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Procès Pastor : "Je vous demande de condamner Wojciech Janowski", lance Éric Dupond-Moretti

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Eric Dupond-Moretti
Eric Dupond-Moretti
© Radio France

Le dénouement approche dans le procès de l'affaire Pastor, cette milliardaire assassinée avec son chauffeur à Nice. À la veille du verdict, mardi 16 octobre, les avocats du suspect numéro un ont créé la surprise, en 'avouant" le crime de leur client, le gendre d'Hélène Pastor.

"Je ne sais pas si la messe est dite", lance Éric Dupond-Moretti, dans une salle d’audience remplie pour l'écouter. Une centaine de personnes ont même dû renoncer à pouvoir entrer dans cette cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Sincère, l’avocat plaide comme s’il connaissait déjà le verdict. Mais il demande aux jurés, non pas "de déchirer, mais de mettre de côté le petit bout de papier" sur lequel ils ont peut-être déjà écrit leur verdict de culpabilité avec la peine de réclusion criminelle à perpétuité, "et je vous demande un peu, encore un peu d’attention".

De son coté, ce mercredi, au lendemain de ce coup de théâtre, Wojciech Janowski a présenté ses excuses à sa famille. 

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Je n'ai rien à ajouter, j'exprime mes excuses à Sylvia (Ratkowski, la fille d'Hélène Pastor) et à mes enfants 

a simplement déclaré l'ex-consul honoraire de Pologne à Monaco, quelques instants avant le retrait des jurés pour délibérer. 

Un client traité "avec hostilité, avec mépris"

"Wojciech Janowski est coupable d’avoir commandité l’assassinat, ça, ce sont les mots que vous attendiez de lui. Il ne les a pas dits. Il n’a pas dit non plus qu’il était innocent, il a dit qu’il n’y avait pas de preuves contre lui" nuance Me Dupond-Moretti. Le "porte-voix de celui qui n’en a plus" attaque alors une dernière fois les éléments contestables du dossier. En particulier "cette enquête de police que tout le monde a encensée" se fâche-t-il. "Mais votre enquête, c’est le triomphe de la vulgarité du café du commerce", lance-t-il droit dans les yeux de la directrice d’enquête assise dans le public. Et il refait la garde à vue de son client au terme de laquelle il lâchera des aveux. Un client traité "avec hostilité, avec mépris."

Il a avoué parce qu’il a très vite compris qu’il allait crever en prison comme un rat.

Dupond-Moretti attaque aussi l’instruction "que l’on a qualifiée de fantastique, mais non, le juge a été obsédé par les questions d’argent" dénonce l’avocat. "On est allé jusqu’en Pologne et même au Canada pour chercher si ses affaires marchaient bien et pour pouvoir dire que le mobile, c’est l’argent, mais on ne fera pas d’enquête de personnalité, et on en déduira que cet homme est abject."

Ouais, il s’est peut-être inventé un diplôme. Ouais, il n’est peut-être pas allé à Cambridge. Mais il a essayé d’exister ! C’est compliqué une vie. Est-ce qu’on n’a jamais menti, nous ? Est-ce qu’on ne s’est jamais inventé une vie ?

Puis l’avocat étrille encore ses confrères des parties civiles au procès qui ont "réclamé en meute la perpétuité. Que faites-vous de votre robe ?" gronde-t-il, le regard noir. Et de conclure "on ne lui a pas volé son innocence, on lui a volé son crime. Il vous a dit qu’il aimait sa compagne, elle vous a dit qu’elle l’aimait", et l’avocat d’en conclure : "Voilà le mobile ! Voilà le crime de Janowski". Puis il demandera aux jurés de ne pas le condamner pour avoir commandité l’assassinat du chauffeur d’Hélène Pastor parce que rien ne prouve qu’il l’a demandé, et que le doute doit lui profiter sur ce point. 

L'avocat demande une condamnation, mais pas la perpétuité

On aurait pu croire la plaidoirie terminée, mais, comme un coup de poignard pour son client, ou comme une bulle d’oxygène peut-être, Dupond-Moretti se plante face aux jurés : 

Je vous demande de condamner Wojciech Janowski pour l’assassinat de sa belle-mère.

Il demande aussi de ne pas aller jusqu’à la réclusion à perpétuité en invoquant l’âge de son client et en citant d’autres commanditaires septuagénaires célèbres récemment condamnés à des peines de 20 années de réclusion criminelle, comme Jean-Michel Bissonnet ou Maurice Agnelet. "Je vous demande l’impossible parce que l’impossible est juste." Une dernière fois, Me Dupond-Moretti se tourne vers le box. 

Monsieur Janowski, vous savez ce que vous êtes ? Vous êtes Heautontimoroumenos dans le théâtre antique, le bourreau de soi-même.

Mais devant lui, Janowski s’effondre en larmes, comme s’il venait déjà d’entendre le verdict qui sera prononcé demain.