
Deux hommes comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris pour des faits de terrorisme. Il s'agit d'un père et son fils, partis rejoindre les rangs de l'organisation état islamique en Syrie, puis soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat en France avec, dans leur viseur, la tour Eiffel.
Lotfi S. a 46 ans quand, en octobre 2013, cet ingénieur en télécommunication emmène ses fils de 15 et 18 ans en Syrie. L'aîné, Karim, bac scientifique en poche, vient d'entamer un master en Telecom. Le cadet, lui, est encore au lycée. Mais le père et les deux fils vont troquer leur avenir pour les thèses djihadistes. Fort de ses compétences, le père va rapidement grimper les échelons de l'organisation état islamique, jusqu'à devenir directeur général des communications de Raqqa.
Sept mois dans les geôles du groupe état islamique
C'est d'ailleurs alors qu'il occupe ce poste, qu'il va commettre une erreur : rétablir les communications dans l'un des derniers bastions de la périphérie de Raqqa - la division 17 - dont les djihadistes tentent alors de s'emparer et permettre, malgré lui, aux soldats de Bachar Al Assad d'appeler des renforts. Le chef autoproclamé de l'organisation terroriste, Abou Bakr Al-Baghdadi aurait même été blessé dans la bataille.
Pour cette erreur, Lotfi S. sera emprisonné dans les geôles de l'état islamique pendant sept mois. Sept mois après lesquels, explique-t-il aux enquêteurs, il parvient à récupérer les passeports et même obtenir un laisser-passer pour lui et ses fils. Tous trois quittent alors la Syrie avant d'être expulsés vers la France, où ils sont mis en examen dans la foulée.
Un projet d'attentat contre la Tour Eiffel ?
Mais les conditions de cette libération sont jugées "obscures" par les juges. D'autant que dans l'ordinateur familial, sont retrouvés de la documentation sur le pilotage des avions, des manuels de confection d'explosifs mais aussi les photos aériennes de la Tour Eiffel et du pont de l'Alma. Autant d'éléments qui laissent plutôt penser à un retour en France dans le but d'y perpétrer un attentat que pour fuir l'état islamique.
Le père et son fils aîné encourent dix ans de prison. Le plus jeune des deux fils, lui, sera jugé par un tribunal pour enfants, compte tenu de sa minorité au moment des faits.