Quand l'OCDE livre un plaidoyer en faveur de la taxe carbone

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Quand l'OCDE livre un plaidoyer en faveur de la taxe carbone

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Selon l'étude de l'OCDE, la taxe carbone a permis de faire diminuer les émissions industrielles de CO2 en France entre 2014 et 2018.
Selon l'étude de l'OCDE, la taxe carbone a permis de faire diminuer les émissions industrielles de CO2 en France entre 2014 et 2018.
© Maxppp - Clément Mahoudeau

Voilà de quoi alimenter de nouveaux débats sur la taxe carbone. L'OCDE, organisation qui rassemble les pays les plus riches de la planète, publie une étude sur les effets de cette taxe sur les entreprises françaises. Elle montre que celle-ci est efficace pour le climat, et ce sans nuire à l'emploi industriel.

La démonstration est sans appel : pour une entreprise moyenne, si le coût de l'énergie augmente de 10%, sa consommation d'énergie baisse de 6% et les émissions de CO2 diminuent du même coup de 9%, c'est-à-dire quasiment autant ! Pour cette étude inédite, la première sur le sujet, les économistes de l'OCDE ont épluché les données de 8 000 entreprises françaises représentatives du secteur manufacturier français depuis 2001. 

Selon Damien Dussaux, économiste à la direction de l'environnement de l'OCDE et auteur de cette étude, "la taxe carbone est efficace pour réduire la consommation d’énergies fossiles et donc les émissions de gaz à effet de serre". Et il précise : "cette taxe a permis de réduire les émissions de 5% entre 2014 et 2018", c'est-à-dire depuis l'apparition de la taxe carbone.  Et si la taxe carbone doublait (pour passer à 45 à 86 euros la tonne de CO2), les émissions de CO2 diminueraient deux fois plus. 

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Autre enseignement, cette taxe ne peut être accusée de détruire des emplois.  Selon Damien Dussaux, "elle n'a pas d'effet significatif sur le nombre total d'emplois industriels, mais comme il y a tout de même des gagnants et des perdants, il faut des politiques de formation pour accompagner les salariés qui doivent changer d'emploi". 

Attention aux délocalisations, un mauvais calcul à l'échelle de la planète

Mais si la France veut atteindre ses objectifs pour le climat d'ici 2050, elle devra réduire ses émissions de CO2 de 75% par rapport à leur niveau de 1990. Les effets sur l'emploi risquent alors d'être bien supérieurs, notamment pour les industries polluantes. Cette étude ne mesure pas en effet les conséquences d'une taxe carbone bien plus élevée. 

Or si les entreprises françaises choisissent de délocaliser, pour permettre à la France de respecter ses engagements, le risque est grand qu'elles émettent tout autant de CO2 ailleurs, ce qui n'aurait plus d'intérêt pour la planète. Ces émissions de carbone délocalisées, appelées "fuites de carbone", seront d'ailleurs l'objet d'une prochaine étude de l'OCDE.