Quand la communauté des "gilets jaunes" génère à la fois une fausse info et son fact-checking

Publicité

Quand la communauté des "gilets jaunes" génère à la fois une fausse info et son fact-checking

Par
Parmi les possibles sources de cette rumeur, une vidéo postée notamment sur Facebook
Parmi les possibles sources de cette rumeur, une vidéo postée notamment sur Facebook
- Capture d'écran YouTube

Ce samedi soir, deux vidéos et de nombreux messages ont relayé une rumeur sur la mort d'une manifestante belge (en fait, une fausse information). Sur Facebook, des "gilets jaunes" ont largement relayé cette fake news et leur indignation, puis d'autres "gilets jaunes" ont permis de la dégonfler assez efficacement.

Comme le dit Vincent Glad, journaliste à Libération qui suit de très près le mouvement des "gilets jaunes" sur les réseaux sociaux, cette histoire est "un cas d'école". 

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Tout est parti, comme souvent, de Facebook, où sont publiées deux vidéos : d'abord un homme en pleurs, face caméra sur fond blanc, qui assure qu'une de ses proches est morte à Paris en marge des manifestations de "gilets jaunes". Il s'agit d'un internaute de Bruxelles, visiblement effondré.

Publicité

Comme il le dit lui-même, cette mort, "personne n'en parle". Puis arrive une deuxième vidéo, presque simultanément. Cette fois, c'est une femme qui marche dans la rue : elle a vu la première vidéo, n'a pas été témoin de la mort annoncée, mais assure avoir discuté avec des "street medic" (ces spécialistes des urgences de santé qu'on croise dans les cortèges des manifestations) qui lui auraient confirmé l'information. Elle jure même que "ce n'est pas une fake news". La vidéo est également postée sur YouTube, à visage découvert d'abord puis avec un floutage effectué lundi matin.

Courant et contre-courant de la rumeur

Tout s'emballe. La rumeur se répand comme une traînée de poudre, avec des messages d'hommage, des photos, des poèmes... Malgré d'énormes imprécisions : même le nom de la manifestante belge change selon les sources (de "Coralie Thoreau" à "Coralie van der Beekenfrites" chez certains, qui prennent visiblement l'information beaucoup moins au sérieux).

Exemple d'hommage rendu sur Facebook après l'annonce erronée de la mort de "Coralie"
Exemple d'hommage rendu sur Facebook après l'annonce erronée de la mort de "Coralie"

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Quelques médias suivent, le relais massif de la rumeur sur les réseaux sociaux servant de prétexte pour pouvoir parler (indirectement) de cette possible mort. RTL Info (côté belge), RT France ou Sputnik publient ainsi des articles sur le sujet (avant de les actualiser avec les démentis).

Mais ce qui est intéressant, c'est que la communauté des gilets jaunes a elle aussi dégonflé l'affaire de son côté sur Facebook. Le média citoyen "Vécu", affilié au mouvement, organise en pleine nuit un direct vidéo, avec un "street medic" qui confirme que personne n'a été tué.

Bref une source directe, cette fois, qui va être relayée dans l'autre sens, pour contrer la rumeur initiale. Jusqu'à cet ultime mea culpa : un message d'excuse de l'homme qui pleurait dans la vidéo initiale, et qui assure : "J'ai été manipulé et sous le choc, j'ai manipulé". Depuis, son compte Facebook est introuvable.

Message d'excuses publié sur Facebook par l'homme de la vidéo évoquant la mort d'une manifestante
Message d'excuses publié sur Facebook par l'homme de la vidéo évoquant la mort d'une manifestante
- Capture d'écran Facebook

Personne n'est mort samedi en marge des manifestations de "gilets jaunes"