
Le zoo de Berlin accueille ce samedi deux pandas géants, prêtés par la Chine.
Ils se prénomment Meng Meng ("Petit rêve") et Jiao Qing ("Petit trésor") et sont nés en Chine. A partir de ce samedi, ils passeront les 10 prochaines années de leur existence faite de bambou et de roulades au zoo de Berlin. Le 5 juillet prochain, une fois la phase d'acclimatation achevée, ils feront leur entrée sur la scène internationale, devant caméras de télévision, avec cérémonial protocolaire, en compagnie de la chancelière allemande Angela Merkel et du président chinois Xi Jinping. Meng Meng et Jiao Qing, trop occupés à faire leur gymnastique, ignorent qu'ils sont les outils stratégiques de la diplomatie chinoise.

Diplomatie du panda
On l'appelle "diplomatie du panda" et les archives impériales à Pékin permettent de remonter son origine à l'époque de la dynastie des Tang, en l'an 685. Le panda, animal sacré et trésor national, est alors donné en cadeau par l'empereur à ses vassaux afin d'asseoir sa supériorité sur eux. Celui qui reçoit le cadeau est mis en position délicate car pour la Chine, se séparer des ursidés est un honneur qui leur est fait. Ils sont responsable de la bonne santé de l'animal, et par la même occasion responsable de la bonne continuité des relations entre les deux parties.
Depuis des siècles, la Chine pratique la diplomatie du Panda
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Au fil des siècles, la pratique est restée, évoluant avec les changements de régimes, pour atteindre son apogée sous la période Mao. Il n'y a pas que le tennis de table qui se retrouve au cœur des relations entre la Chine et les États-Unis. En 1972, deux pandas sont offerts à la femme du président américain Richard Nixon, cadeau qui devait symboliser le réchauffement diplomatique entre les deux pays. Le 16 avril de cette même année, la first lady en personne accueille les deux ursidés au National Zoo de Washington, en présence des officiels chinois et devant toutes les caméras du pays.
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De la diplomatie au commerce
Europe, Mexique, USA, Canada, Espagne, Royaume-Uni, Écosse, Pays-Bas, Russie et même Taïwan... Tous ont reçu ou se sont vus prêter des pandas depuis la seconde Guerre Mondiale. Dans les années 80, la Chine, très attentive à son image à l'étranger, cède aux pressions d'ONG environnementales : elle ne donne plus les pandas, elle les prête pour 10 ans lors de transactions financières qui s'élèvent à plusieurs centaines de milliers de dollars par an et par bête.
Petit à petit également, les objectifs de cette stratégie de politique extérieure chinoise évoluent : il ne s'agit plus de faire seulement de la diplomatique et de la politique pure mais aussi de faire du commerce. Dès les années 90, l'ouverture de la Chine à l'économie de marché permet aux autorités de profiter des transactions de pandas pour signer des accords commerciaux avec les pays hôtes.

En France, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie en 2011, s'est chargée de négocier les conditions d'arrivée de deux pandas, tandis qu'au G20, le président de la République Nicolas Sarkozy et son homologue Hu Jintao en pleine crise grecque tentaient de s'accorder sur le prêt en lui même.
D'après une étude de l'université d'Oxford publiée en 2013, ce n'est qu'au prix d'accords sur les énergies, sur les industries pétrochimiques et même sur le commerce de saumon, que le zoo d'Edinbourg en Écosse a pu recevoir un couple de pandas en 2011.
Instrument de softpower, la diplomatie du panda a aussi été au cœur d'une polémique entre les Etats-Unis et la Chine. En 2010, Barack Obama rencontre le dalaï lama, ce qui ne manque pas d'énerver Pékin. En représailles, les autorités chinoises ont réclamé le retour précipité d'un panda né qui vivait au zoo de Washington. Mais rien ne vaut une vidéo d'un panda qui fait des roulades pour apaiser les tensions.
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