Quatre dossiers économiques qui ont pesé dans les campagnes électorales
Par Ouafia Kheniche
Alstom ouvre une nouvelle crise gouvernementale. Pour François Hollande, comme pour d'autres politiques, le conflit économique peut s'avérer lourd de conséquences politiques.
Les hommes et femmes politiques le savent bien, en période électorale, il faut garder les conflits sociaux sous le tapis. Mais comment concilier cette envie de ne pas faire de vagues (sociales) avec l’exercice obligé qui consiste à ne pas se montrer passif lors des conflits sociaux ? Un exercice d’équilibriste qui a coûté (très) cher à certains :
- Mitterrand et les sidérurgistes :
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Mitterrand, qui a gagné la présidentielle en 1981 avec le soutien du Parti communistes dont 4 membres sont membres du gouvernement Mauroy en 1984, demande au Premier ministre de mettre en place un plan Acier, plan qui aura pour conséquence la suppression de 21.000 emplois. Le 4 avril les sidérurgistes sont dans la rue et cette journée de grève générale en Lorraine, région la plus touchée par ces mesures, réunira 150.000 manifestants. Le plan Acier est d’autant plus difficile à digérer pour les organisations syndicales qu’il intervient quelques mois après les licenciements chez Talbot à Poissy. Ensuite, le, le 13 avril, c'est Citroën qui annonce près de 6.000 suppressions d'emplois. En juin, Mitterrand et le parti socialiste paieront le prix fort ces décisions économiques puisqu’ils perdront les élections européennes. La liste de droite menée par Simone Veil arrive première avec 43% des voix contre 20% aux socialistes menés par Lionel Jospin.
- Lionel Jospin rencontre les salariés de Lu et rien ne va plus :
En 2002, Lionel Jospin, en pleine campagne présidentielle, va à la rencontre des salariés de Lu pour vivre l’un des plus grands moments de solitude de sa campagne. Face à un salarié, qui parle de la peur de perdre son emploi, de son faible salaire, face à ce salarié tout simplement en détresse, Jospin se montre froid, "droit dans ses bottes", comme une caricature de lui-même. « L’Etat ne peut pas tout ». Cette phrase prononcée par le Premier Ministre candidat sonnera dans la carrière politique de Jospin comme un aveu d’impuissance. Le 21 avril 2002, après une campagne calamiteuse, le candidat socialiste est éliminé au premier tour. Le soir même, Jospin annonce qu’il se retire de la vie politique.
- Sarkozy, l'année prochaine à Gandrange ?
C’est le dossier Arcelor-Mittal qui restera un caillou dans la chaussure de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy,. En 2008, alors locataire de l’Elysée, Sarkozy visite l’usine de Gandrange et promet aux sidérurgistes qu’il sauvera le site. Il annonce par ailleurs qu'il reviendra les voir. Un an plus tard, le site ferme, Nicolas Sarkozy ne retournera pas à Gandrange comme il s’y était engagé, ce que ne manqueront pas de lui rappeler ces adversaires politiques aux cours de différentes campagnes.
- Hollande possède sa propre stèle à Florange :
Le Groupe Arcelor Mittal n'a définitivement pas porté chance aux Présidents Français. François Hollande a pour sa part une stèle à Florange. L'actuel Président de la République a laissé sur ce site minier le souvenir de ce que les sidérurgistes considèrent comme une trahison. « Cette stèle est le symbole des promesses non tenues de Hollande » ont expliqué les syndicalistes de Florange. Le chef de l'Etat s'était lui aussi engagé à sauver le site sans y parvenir. S'il est lui, est retourné sur le lieu de ses promesses, il a cependant pris soin d'éviter de croiser les représentants syndicaux.