Qui est Kim Jong-un ?
Singapour accueille Kim Jong-un pour son premier grand voyage à l’étranger depuis qu’il est arrivé au pouvoir en 2011.
Qui connait Kim Jong-un ? Le jeune dirigeant nord-coréen, qui n’est apparu officiellement qu’en Chine et dans la zone démilitarisée de la péninsule coréenne pour un sommet avec le président sud-coréen, est un chef d’état mystérieux.
En dehors de Xi Jinping, qui l’a reçu deux fois en Chine, et du Sud-Coréen Moon Jae In, rares sont ceux qui ont rencontré ce jeune prince rouge qui règne sur une vingtaine de millions d’habitants terrorisés.
Éduqué dans le plus grand secret en Suisse sous une fausse identité, Kim Jong-un, troisième de la dynastie des Kim, se montre tout aussi discret dans ses déclarations publiques.
Il apparaît parfois souriant, ou d'autres fois menaçant, selon les photos savamment diffusées par la propagande nord-coréenne. Cheng Xiaohe, expert de la Corée du Nord, a pu cerner sa personnalité.
La Corée du Nord est une société fermée, et son chef est aussi renfermé. Il a un côté naïf et un coté intelligent. Il est encore jeune pour être chef d’Etat.
"Son pays est aussi dans une période difficile. En face de lui, il y a des politiciens très expérimentés. Sa situation n'est pas facile, on peut même dire dangereuse."
Le maître de Pyongyang s’avère aussi être un bon stratège. De la participation de son pays aux Jeux olympiques en Corée du Sud, à ce sommet historique de Singapour, l’évolution de Kim Jong-un est radicale.
Un dirigeant qui change d'avis rapidement ?
La Corée du Nord est ostracisée depuis des décennies. Son père et son grand-père limitaient leurs déplacements au bloc communiste et aux pays non alignés. La peur de prendre l'avion de son père Kim Jong était de notoriété publique. L'héritier de la dynastie régnante à Pyongyang, qui aurait autour de 35 ans, a plusieurs fois manifesté sa détermination à faire date sans jamais sortir de chez lui. Sous son règne, les capacités nucléaires nord-coréennes ont atteint des sommets, à l'unisson des tensions. Jusqu'à cette année, l'Américain le plus en vue qu'il ait rencontré était Dennis Rodman, ex-star des Chicago Bulls, avec lequel il a noué une amitié improbable.
Mais, spectaculaire retournement de situation, Singapour accueille le premier tête à tête entre un dirigeant nord-coréen et un président américain en exercice, point d'orgue d'une succession de sommets organisés en un temps record. L'année dernière, Kim Jong-un avait qualifié Donald Trump de "gâteux américain malade mental".
Aujourd'hui, il semble avoir changé son fusil d'épaule, usant de charme et de politesse lors de ses quatre rencontres avec le numéro un chinois Xi Jinping et le président sud-coréen Moon Jae-in.
Brutalité
Kim Jong-un a assis son autorité à la fois sur le Parti des travailleurs, la formation unique au pouvoir et l'armée, n'hésitant pas à écraser voix dissonantes et rivaux potentiels.
Sa victime la plus galonnée fut en 2013 son oncle, l'influent Jang Song-thaek, exécuté pour trahison. Plusieurs hauts responsables furent ensuite victimes de purges. L'année dernière, son demi-frère Kim Jong-nam a été assassiné à l'aéroport de Kuala Lumpur selon un scénario aux relents de Guerre froide. Les analystes ne doutent pas que Pyongyang était à la manœuvre.
En revanche, sa sœur Kim Yo-jong est sortie du rang pour jouer le rôle de très proche conseillère, constamment au côté de son frère lors de ses voyages diplomatiques. Elle fut son émissaire lors des Jeux olympiques d'hiver organisés au Sud.
Les défenseurs des droits de l'Homme disent que les violations sont généralisées en Corée du Nord, où entre 80 000 et 120 000 détenus croupissent dans des camps.
Interrogations sur sa vie
Le Nord est très protecteur s'agissant de l'image de la famille régnante. Les portraits du père et du grand-père de Kim Jong-un sont partout. Leurs dépouilles reposent au mausolée Kumsusan de Pyongyang. Mort en 1994, Kim Il-sung reste, dans le discours officiel, le Président éternel de la Corée du Nord. Le principal titre de son petit-fils est celui de président de la Commission des Affaires d'État. À la différence de son aïeul, dont la jeunesse fut dominée par le combat contre les Japonais, Kim Jong-un a vécu dans l'opulence.
La première partie de sa vie reste une énigme. Sa date de naissance précise, au début des années 1980, n'a jamais été révélée. Sa mère, une danseuse coréenne née au Japon, la troisième épouse de son père, serait décédée en 2004 d'un cancer du sein. Son mariage n'a été révélé qu'en juillet 2012 avec la publication de photographies de Ri Sol-ju. La presse sud-coréenne a rapporté que le couple avait eu un troisième enfant début 2017. Il aurait été informé dès 8 ans qu'il serait le futur chef d'État de son pays, avec son cadeau de l'époque : un uniforme de général.