"Ready Player One" : un film où Steven Spielberg dit "vous allez voir ce que Papy sait encore faire"…

Deux mois et demi après "Pentagon Papers", l’insatiable et plus geek que jamais Steven Spielberg, 71 ans, est déjà de retour avec "Ready Player One", un film de science-fiction de 2h20 avec notamment Tye Sheridan et Olivia Cooke. Qu'en ont pensé les critiques du "Masque et la Plume" ?
Ready Player One se passe en 2045, dans un monde ravagé par les guerres, la misère, la famille et le changement climatique. Un monde où existe une société virtuelle, l'OASIS, qui était à l'origine un jeu de rôle imaginé par James Halliday (joué par Mark Rylance). Avant de mourir, Halliday a laissé une vidéo dans laquelle il dit léguer son immense fortune (500 milliards de dollars) à la personne qui réussira à trouver un œuf de Pâques caché dans l'OASIS. Un orphelin de 17 ans, Wade Watts (Tye Sheridan), va tout faire, avec son avatar Parzival, pour le trouver, mais, du coup, va devenir la cible d’un géant de l’industrie informatique et de son patron (Ben Mendelsohn).
Il y a du Kubrick et du Steve Jobs chez Spielberg…
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Danièle Heymann : "le vieux, quand même, en a encore sous le capot"
C'est une ode survoltée à la pop culture des années 1980 : on rencontre Godzilla, le T-Rex de Jurassic Park... et au milieu, ce petit héros, orphelin, déterminé timide, qui est tellement spielberguien. Il y a des moments magiques, comme cette séquence de Shining de Kubrick, au milieu de ces prouesses numériques.
On fait allusion à des jeux vidéos dont je n'ai jamais entendu parler (je ne suis pas vraiment un geek). On sort épuisé de ce grand huit numérique. En même temps, à la fin est délivré un message à la simplicité presque impressionnante : seule la réalité est réelle. Ah ouais ? Et tout à coup on s'aperçoit que c'est plus profond qu'il n'y paraît, que toutes ces prouesses numériques pendant plus de deux heures n'ont été là que pour dénoncer le danger du virtuel sur le réel.
Nicolas Schaller : "Si on cherche le joystick pour rentrer dans le film, c'est qu'il y a un vrai problème…"
J'étais très excité de voir ce film, j'en ressors très partagé - donc déçu. Le filme montre à la fois le brio de Spielberg en terme de mise en scène, il arrive après ces nombreux films sur la réalité virtuelle et arrive à faire mieux : il prend plein de scènes qu'on a déjà vues et il les refait beaucoup mieux. Sauf qu’après, il faudrait un scénario et un propos un peu cohérent et un peu neuf...
On met aux geeks ce qu'ils attendent. On aimerait un peu plus d'audace dans les références pop culturelles.

Pierre Murat : "Je suis trop vieux pour ces conneries, probablement"
Je suis trop vieux pour ces conneries, probablement. Je suis trop vieux pour accepter que sur 2h20, il y ait 1h10 de double numérique ; je préférerais rester avec Tye Sheridan et Olivia Cooke.
La morale est un peu hypocrite : Spielberg nous dit "Vive la réalité et ce qui est virtuel peut être dangereux"... Et il fait un film qui prouve exactement le contraire !
Cela dit, évidemment, c'est très bien fait !
Xavier Leherpeur : "c'est un hommage à Fort Boyard : il y a le père Fouras qui donne des indices roulés pour avoir des clés…"
Spielberg est rattrapé par la nouvelle vague : il y a J.J. Abrams (Star Trek, Super 8, Star Wars - Le Réveil de la force...), les frères Duffer (Strangers Things) qui lui vouent un culte absolu, qui empruntent à son univers et le transforment. Il a envie de dire : « Attendez, le taulier, c'est moi. C'est moi qui ait tout inventé. Je vais reprendre les rênes et vous allez voir ce que Papy sait encore faire ». Alors effectivement il en fait de manière virtuose mais une esbroufe totalement inutile la plupart du temps.
Ecoutez
Ecoutez toutes les critiques échangées autour de Jérôme Garcin sur Ready, Player One par les critiques et l'intervention d'un auditeur :
"Ready Player One" de Steven Spielberg : les critiques du Masque et la Plume
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