Recrutement, pénibilité, primes : le directeur de l'AP-HP présente ses "leviers" pour redevenir attractif
Par Victor Vasseur
Après avoir consulté ses salariés, le directeur général de l’AP-HP Nicolas Revel présente ce mardi sa feuille de route. L’un des enjeux cruciaux : recruter de nouveaux soignants... Et réussir à les garder.
C’est le résultat de plus d’un mois de concertation au sein de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Nicolas Revel, successeur de l’emblématique Martin Hirsch à la tête de l’AP-HP, dévoile mardi le rapport "30 leviers pour agir ensemble". Ces propositions doivent permettre aux 38 hôpitaux d’Île-de-France de remonter la pente. Car le navire amiral francilien tangue : des finances exsangues, des lits fermés, des blocs opératoires qui tournent au ralenti et des postes d’infirmiers vacants (1.400, dans les 38 établissements de la région). Il faut donc réussir à attirer, mais surtout à garder les futures recrues.
Dans son rapport, Nicolas Revel, ex-directeur de cabinet de Jean Castex à Matignon, nommé début juillet, promet de mieux recruter et surtout de stopper l'hémorragie des départs, réduire la pénibilité du travail de nuit et améliorer la santé financière. Car "l'AP-HP traverse une période de très forte tension", reconnaît son directeur, interrogé sur France inter mardi.
2.700 recrutement en 2023
Il y a aujourd'hui à l'AP-HP 10 % d’infirmières en moins, par rapport à 2019. Conséquence : 16 % des lits de l'Assistance publique sont fermés, soit deux fois plus qu’avant la crise du coronavirus. En 2022, 2.200 infirmières ont rejoint les rangs de l'AP-HP, mais 2.800 en sont parties. "Il y a un phénomène post-Covid, avec des départs en province et des changements de métier. Et je pense que l’on a un sentiment d’un travail plus lourd, plus difficile", précise Nicolas Revel à France Inter*. "Toute une série de facteur. Et il y a 1000 manières d’améliorer ces conditions de travail."* Face à ce constat, le directeur de l’AP-HP compte recruter pour combler les postes vacants. Cette campagne de recrutement doit permettre d’attirer 2.700 nouveaux infirmiers en 2023, et autant l’année suivante.
Pour ce faire, Nicolas Revel compte sur une augmentation du nombre de stages de fin d’études et "un doublement du nombre de logements accessibles aux jeunes professionnels des métiers en tension". À partir de mars prochain, une prime de tutorat va voir le jour au sein de l’AP-HP, d’un montant de 172 euros nets par mois, pour les soignants expérimentés. Cette prime doit les pousser à encadrer un ou plusieurs stagiaires et des jeunes professionnels.
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Fidéliser les nouveaux soignants
Mais l'AP-HP souhaite donc surtout fidéliser ses forces vives, faire en sorte qu’elles restent au sein de l’hôpital public. Un entretien "perspectives professionnelles" sera lancé deux ans après l’arrivée de chaque nouvel employé. Nicolas Revel souhaite aussi une amélioration de leur vie quotidienne, en proposant notamment plus de logements à loyers modérés, le remboursement intégral des titres de transport ou des tickets-restaurant pour les soignants qui travailleront la nuit.
"Les candidats des métiers en tension faisant le choix du travail de nuit bénéficieront d’un droit de priorité dans l’accès aux solutions de logement du parc de l’AP-HP", précise le rapport. Nicolas Revel formule un autre souhait : garantir le repos post-garde pour les internes et les médecins seniors travaillant de nuit.
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Tenter de combler le déficit de l'AP-HP
Néanmoins, les finances de l’AP-HP sont dans le rouge, et l’une des principales missions de Nicolas Revel sera de les rétablir. Le déficit de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris sera "supérieur" aux 228 millions d'euros prévus cette année, avait prévenu le 22 novembre le directeur Nicolas Revel, qui s'attend à un montant "encore plus fort en 2023". Son activité est en berne, en raison du manque de personnel. L’année à venir s’annonce encore plus difficile sur le plan financier. "Rien ne permet d’espérer un redressement ‘spontané’ de notre situation, peut-on lire dans le rapport, "c’est pourquoi nous devons nous en donner collectivement les moyens, avec volontarisme", sans toucher toutefois aux effectifs.
Amélioration des "irritants du quotidien"
Des points peuvent paraître plus anecdotiques dans cette feuille de route, mais ils peuvent apparaître comme d’une grande importance aux yeux de certains employés. Nicolas Revel promet notamment d’améliorer les "irritants du quotidien", comme l’appelle la direction. Le matériel informatique sera remis à niveau, avec le remplacement "des postes obsolètes". Un inventaire des besoins sera bouclé en juin prochain. Le changement de matériel sera étalé sur trois ans.
Nicolas Revel le concède, dans son courrier envoyé aux 100.000 salariés de l'AP-HP, il ne vise pas de grandes réformes d’organisation, mais à produire des effets à court terme. Les syndicats, contactés par France Inter, y voient eux de simples mesurettes.