En Turquie, le référendum du 16 avril propose d'instaurer un régime présidentiel. Si le oui l'emportait, le président Erdogan concentrerait alors l'essentiel du pouvoir exécutif.
Depuis 2003, quatorze ans déjà, Recep Tayyip Erdogan est l'homme fort de la Turquie. Premier ministre entre 2003 et 2014, le "nouveau sultan" -comme l'appellent ses adversaires- remporte l'élection présidentielle de 2014 dès le premier tour, avec 51,8% des voix. C'est alors la première fois qu'un président turc est élu au suffrage universel et Erdogan, élu pour quatre ans, parle déjà de renforcer la fonction présidentielle qui n'est initialement qu'honorifique :
Une nouvelle Constitution pour une nouvelle Turquie sera l'une de nos priorités si je suis élu président ... Une nouvelle Constitution, cela signifie un nouvel avenir.
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Depuis son élection, le chef d'État n'a cessé d'être renforcé dans son mandat. D'abord en novembre 2015 par la victoire aux législatives de son parti de la justice et du développement (AKP) qui redonne la majorité absolue aux islamo-conservateurs. Puis en juillet 2016, après l'échec du coup d'État et les arrestations massives d'opposants qui ont suivi.
Un hyper-président
La réforme constitutionnelle prévoit de transférer l'essentiel du pouvoir exécutif entre les mains du président. Le poste de Premier ministre disparaîtra donc et c'est le président lui-même qui nommera ses ministres et plusieurs vice-présidents.
Le chef de l'État aura également la main-mise sur le pouvoir judiciaire en nommant douze des quinze membres de la Cour constitutionnelle et six des treize conseillers du Haut Conseil chargé de nommer les juges et procureurs.
Le président gardera également la main sur son parti en le dirigeant alors que, comme tous les présidents jusqu'à présent, Erdogan avait dû abandonner la présidence de l'AKP une fois élu.
Enfin, si le texte est validé, le nombre maximum de mandats de Recep Tayyip Erdogan pourrait être réinitialisé. Il pourrait donc être candidat en 2019 puis en 2024 et rester ainsi président jusqu'en 2029. Erdogan sera alors âgé de 75 ans.
Un hypo-parlement
Si la réforme est validée par le référendum, les élections législatives et présidentielle seront simultanées et se dérouleront tous les cinq ans. Le président pourra ensuite :
- proclamer l'état d'urgence en cas d’ "actions violentes qui mettent la nation en danger de se diviser"
- dissoudre le Parlement
- gouverner par décrets
- opposer son veto à des décisions du Parlement