Réforme du bac, Covid, boulettes et défaite aux législatives : c’était Jean-Michel Blanquer

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Réforme du bac, Covid, boulettes et défaite aux législatives : c’était Jean-Michel Blanquer

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Jean-Michel Blanquer quitte la rue de Grenelle après cinq ans au ministère de l'Education nationale, inédite longévité à ce poste.
Jean-Michel Blanquer quitte la rue de Grenelle après cinq ans au ministère de l'Education nationale, inédite longévité à ce poste.
© AFP - Hans Lucas / Xose Bouzas

Il est celui qui sera resté le plus longtemps au ministère de l'Éducation nationale. Que retenir du bilan de Jean-Michel Blanquer ? Résumé de ces cinq dernières années, qui s'achèvent sur une défaite cuisante aux législatives.

Tout avait pourtant bien commencé. Présenté comme le chouchou du président, lui-même issu de l'Éducation nationale, ancien recteur, ancien directeur général de l'enseignement scolaire, ancien directeur d'une grande école de commerce l'Essec... Sur le papier, Jean-Michel Blanquer avait toutes les cartes en main. Les deux premières années sont d'ailleurs prometteuses et il bénéficie d'un capital de confiance important, notamment auprès des parents d'élèves et d'une partie des professeurs.

Mais son grand chantier de réforme du lycée et du bac va lui attirer de plus en plus de critiques. Sur la méthode en particulier : certains ont parfois l'impression que les dossiers sont bouclés avant que les concertations ne soient lancées. Il apparaît comme un ministre qui laisse peu de place au dialogue. Pressé, il fait passer sa réforme pour qu'elle s'applique avant la fin du quinquennat. En juin 2019, une grève touche le bac pour la première fois de son histoire, les professeurs retiennent des copies et perturbent les résultats, l'état de grâce est terminé.

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Sa gestion de la crise sanitaire accélère le divorce avec le monde enseignant. Les directives parfois contradictoires, impossibles à mettre en oeuvre, les annonces dans les médias, applicables dès le lendemain matin, avant même que les personnels sur le terrain ne soient au courant, ni même que les syndicats ne soient prévenus, agacent de plus en plus. Cinq ans de Jean-Michel Blanquer, ministre à la longévité pourtant inédite, qui s'achèvent dans la défiance, un mécontentement à son comble, depuis la grève historique du 13 janvier et une défaite cuisante aux législatives. Résumé de ces cinq ans de Jean-Michel Blanquer.

Blanquer rebat les rythmes

Dès ses premières semaines rue de Grenelle, Jean-Michel Blanquer veut redonner la liberté aux communes de choisir leurs rythmes scolaires. Il publie un décret autorisant des dérogations pour repasser à la semaine de 4 jours. La réforme difficilement mise en place par le précédent gouvernement en 2013 passe à la trappe dans plus de 90 % des communes.

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Blanquer dédouble les classes

Promesse d'Emmanuel Macron, le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les écoles de l'éducation prioritaire est une petite révolution. Des classes à 12, où les élèves apprennent mieux, qui sont étendues à la grande section de maternelle. En 2022, 346 000 élèves bénéficient du dispositif.

Blanquer fait "sa" loi

Contrairement à ce qu'il avait affirmé --il n'aurait pas de loi à son nom-- il propose une grande loi "sur l'école de la confiance". Le projet de loi est fortement contesté, notamment "les établissements publics des savoirs fondamentaux", des regroupements écoles-collège, qui sont retoqués par le Sénat. Sous la pression, le ministre abandonne cette mesure. En revanche, il rend l'instruction obligatoire dès l'âge de 3 ans et rend plus contraignante l'instruction à domicile.

Blanquer veut évaluer les élèves... et les écoles ?

Jean-Michel Blanquer veut développer une culture de l'évaluation à l'école. Il met en place des tests en CP, CE1, 6ème, seconde. Sujet sensible qui fait craindre une mise en concurrence des établissements.

Blanquer interdit le portable

A la rentrée 2018, le téléphone portable est banni des salles de classes et des cours de récré des collèges. L'objectif est de limiter le temps passé par les jeunes sur les écrans.

Blanquer change le bac

Dès 2017, le ministre de l'Education nationale annonce qu'il veut "en finir avec le bachotage". Fin des filières, contrôle continu, enseignements de spécialité. Il a déjà tous les ingrédients de sa réforme lorsqu'il lance une consultation. Le "nouveau lycée" voit le jour à la rentrée 2019 avec la réorganisation des cours, entre 12 spécialités et un tronc commun, d'où les mathématiques sont exclues. Mais la crise sanitaire perturbe sa mise en place. Première cuvée, le bac 2021 se passe en grande partie en contrôle continu. Seule l'épreuve de philosophie et le grand oral sont organisés. Les épreuves de spécialités du bac 2022 sont reportées au mois de mai à cause de l'épidémie de Covid. Jean-Michel Blanquer perd son pari de voir sa réforme appliquée comme il l'avait prévue avant la fin du quinquennat.

Blanquer revalorise (un peu)

La question des salaires est un serpent de mer pendant tout le quinquennat. Les salaires des enseignants français sont 7% inférieurs à ceux des pays de l'OCDE en moyenne (20% après 10-15 ans de carrière). Des primes sont attribuées aux professeurs de l'éducation prioritaire. Une prime d'attractivité est accordée aux enseignants débutants dès 2021. Une prime informatique annuelle de 150 euros pour tous également. Malgré cela, le niveau des salaires ne suffit pas à enrayer la crise du recrutement qui s'aggrave depuis 2018. Les concours enseignants ne font pas le plein dans certaines disciplines.

Blanquer consulte les directeurs

Après le suicide en septembre 2019 de Christine Renon, directrice d'un établissement à Pantin, qui témoigne du malaise des directeurs d'école, Jean-Michel Blanquer lance une consultation pour améliorer leurs conditions de travail et de rémunération. Des temps de décharge de classe supplémentaires sont accordées aux directeurs, ainsi qu'une prime.

Blanquer rend hommage

L'assassinat de Samuel Paty ébranle le monde enseignant. Le 16 octobre 2020, le professeur est tué par un terroriste pour avoir montré des caricatures en classe. Un hommage national lui est rendu à la Sorbonne.

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Blanquer laisse les écoles ouvertes à tout prix

Véritable mantra, et titre de son dernière livre, Jean-Michel Blanquer ne cesse de plaider pour "l'école ouverte" pendant la crise sanitaire. La France est l'un des pays qui a le moins fermé ses écoles en raison du Covid. Mais sa gestion des masques, des tests et les changements de protocole incessants suscitent colère et lassitude.

Blanquer rhabille les jeunes

"Il suffit de s'habiller normalement et tout ira bien", lance le ministre aux jeunes collégiennes et lycéennes qui appelaient à venir habillée d'une jupe ou en crop-top, pour protester des codes vestimentaires jugés sexistes.

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Blanquer téléguide

Le ministre de l'Éducation se retrouve dans la tourmente après les révélations de Médiapart et Libération sur ses liens avec le syndicat "Avenir lycéen". Les deux journaux braquent la lumière sur cette organisation créée en 2018 et pilotée depuis la rue de Grenelle pour soutenir les actions de Jean-Michel Blanquer.

Blanquer accuse un peu vite

La pandémie a contraint tout le monde à travailler à distance. Mais quand les serveurs de la plateforme "Ma classe à la maison" ont surchauffé en début de confinement en raison du nombre trop important de connexions, le ministre de l’Education a évoqué “des attaques informatiques venues de l'étranger”. Il pointe du doigt en suite l'hébergeur OVH victime au même moment d'un incendie, mais l'entreprise française dément fermement. Le ministre a-t-il parlé un peu vite ?

Blanquer se met au sport

C'est l'une des séquences qui aura fait sourire et qui restera dans les mémoires : février 2021, en déplacement dans une école parisienne avec Tony Estanguet, Jean-Michel Blanquer mouille la chemise pour faire la promotion des 30 minutes de sport par jour à l'école :

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Jean-Michel Blanquer a aussi joué à la marelle dans une cour d'école et tenté des pénaltys au football ces derniers mois.

Blanquer préfère les bons d'achats

Polémique en septembre 2021. Le ministre se lance sur une pente qu'on sait glissante depuis longtemps, à propos de l'allocation de rentrée scolaire : pour éviter les fraudes et "les achats d'écrans plats plus importants au mois de septembre qu'à d'autres moments", il recommande la mise en place de bons d'achats. Sauf que même le constat de Jean-Michel Blanquer est faux, les achats de ce type n'augmentent absolument pas à la rentrée, bien au contraire...

Blanquer refuse le point médian

C'est désormais officiel : l'écriture inclusive est proscrite à l'école. Une circulaire adressée en mai 2021 par Jean-Michel Blanquer aux recteurs et rectrices d'académie et aux personnels de l'Éducation nationale interdit l'écriture basée sur le point médian.

Blanquer, l'anti woke

Le rejet de "l'idéologie woke" se retrouve, à l'automne 2021, au cœur du lancement du think tank de Jean-Michel Blanquer, le "Laboratoire de la République". S'érigeant en défenseur de la laïcité, le ministre s'était déjà fait remarquer en utilisant l'expression "islamo-gauchisme", jugeant que cela faisait des ravages "à l'université", "quand l'Unef cède à ce type de choses" ou "dans les rangs de La France insoumise".

Blanquer boycotte trop vite

Début décembre 2021, le ministre de l'Education nationale qui est aussi celui de la Jeunesse et des Sports annonce par erreur que la France ne suivrait pas le boycott diplomatique lancé par les Etats-Unis pour les Jeux olympiques d'hiver de Pékin 2022. Avant que son entourage ne rétropédale, alors que le Quai d'Orsay assurait attendre de son côté une position commune au sein de l'Union européenne.

Blanquer à Ibiza

Les professeurs sont usés par les directives Covid et passablement agacés par l'annonce d'un énième protocole dans la presse début janvier 2022. Jean-Michel Blanquer se retrouve confronté à une grève historique le 13 janvier : tous les syndicats sont dans la rue, y compris les chefs d'établissements. Dans la foulée, le ministre apparait encore plus affaibli lorsque Mediapart dévoile qu'il était en vacances à Ibiza au moment de dicter ces nouvelles consignes sanitaires.

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Blanquer se prend une veste

C'était un pari risqué et Jean-Michel Blanquer ne l'a pas remporté. Au soir du premier tour des législatives, l'ex-ministre s'est retrouvé éliminé dès le premier tour, alors qu'il se présentait pour la première fois à une élection en son nom propre dans la quatrième circonscription du Loiret. Après une campagne mouvementée, avec au cœur son "parachutage" vivement critiqué par ses adversaires, il termine troisième derrière les candidats du RN et de la Nupes, à quelques 180 voix près.

"Je suis triste de voir les résultats qui me concernent, mais aussi la poussée des radicalités", a réagi le ministre après l'annonce de sa défaite, jugeant que "l'extrême gauche est un danger aussi important que l'extrême droite". Lundi, il a confirmé vouloir déposer un recours juridique contre son adversaire de la Nupes, jugeant qu'il s'était comporté "de façon scandaleuse" durant la campagne et qu'il a "violé plusieurs règles électorales".

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