Rester dans l'Otan un peu, beaucoup, pas du tout : ce que proposent les candidats à la présidentielle
Par Valérie Cantié
La guerre en Ukraine a mis en lumière le rôle de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, obligeant du même coup les candidats à la présidentielle à se positionner sur le sujet.
Rester ou partir ? En s'invitant dans la campagne présidentielle, la guerre en Ukraine a forcé les candidats à se positionner sur la question de la présence française au sein de l'Otan. Créée en 1949, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord était destinée à assurer la sécurité des pays européens face à l'URSS. Si un pays membre était agressé, les autres pays devaient lui venir en aide. En 1966, afin de retrouver une plus grande indépendance vis à vis des États-Unis, le général De Gaulle avait pris ses distances en quittant le commandement militaire intégré, qui fixe les stratégies militaires et les fait appliquer sur le terrain. La France l'avait finalement réintégré en 2007, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy.
La France doit-elle quitter ou non l'Otan ? Si elle reste dans l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, doit-elle en quitter le commandement militaire intégré ? Voici ce que dit chacun des prétendants à l'Élysée sur le sujet.
Les candidats qui veulent rester dans l'Otan
- Emmanuel Macron
Le 7 novembre 2019, le président français affirmait dans The Economist que l'Otan était "en état de mort cérébrale", sur fond de tensions entre la France et les États-Unis et entre la France et la Turquie. Il critiquait alors le désengagement américain vis-à-vis de ses alliés de l’Otan et l'attitude en Syrie d'un membre de l'Alliance atlantique, à savoir la Turquie. "Vous n'avez aucune coordination de la décision stratégique des États-Unis avec les partenaires de l’Otan, et nous assistons à une agression menée par un autre partenaire de l’Otan, la Turquie, dans une zone où nos intérêts sont en jeu, sans coordination", disait-il. En mai 2021, le président français reprochait également à la Turquie de faire cavalier seul au détriment de ses alliés.
Près de deux ans et demi plus tard, le locataire de l'Élysée compte sur l'Alliance atlantique pour résoudre la guerre en Ukraine :
Nous n’avons pas attendu le retour de la guerre sur notre continent pour investir dans notre défense et promouvoir la défense européenne.
Dans son programme, le président sortant Emmanuel Macron veut renforcer dans un éventuel second mandat "la coordination de nos opérations avec nos alliés européens avec un quartier général européen, en lien avec les centres de commandement nationaux et de l’Otan". Le candidat En marche! propose de créer un "Conseil de sécurité européen" composé "de militaires, diplomates et experts du renseignement, pour conseiller les décideurs européens".
- Valérie Pécresse
"Je serai la présidente d’une défense de l’Europe solidement appuyée sur ses deux piliers : l’Otan et la défense européenne", a déclaré Valérie Pécresse lors de son discours sur la défense le 3 mars. Elle veut "faire demeurer la France dans le commandement intégré de l'Otan". Pour la candidate Les Républicains , l'Otan est "un outil d'influence et d'efficacité pour nos forces armées", comme on peut le lire dans son programme :
La France restera dans le commandement intégré de l’Otan, un outil d’influence et d’efficacité. Mais alliance ne signifie pas allégeance, et je préserverai les prérogatives d’associations autonomes de nos engagements, je ne laisserai pas la France s’engager dans un conflit qui ne correspondrait pas à ses intérêts propres.
- Anne Hidalgo
Aux yeux d'Anne Hidalgo, la France et les États-Unis sont "des alliés indéfectibles" qui "partagent une histoire commune". La candidate du Parti socialiste veut tout de même privilégier une Europe souveraine : "Nous devons œuvrer à garantir nos intérêts et nos valeurs face au 'G2' États-Unis/Chine, mais aussi à garantir le respect de l’intégrité territoriale des États membres (de l'UE) face à la 'brutalisation' des relations internationales", explique-t-elle dans son programme .
"Nous devons œuvrer à garantir nos intérêts et nos valeurs face au 'G2' États-Unis/Chine, mais aussi à garantir le respect de l’intégrité territoriale des États membres (de l'UE) face à la 'brutalisation' des relations internationales" peut-on lire dans son programme.
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- Yannick Jadot
Bien avant la guerre actuelle en Ukraine, le candidat Europe Ecologie-Les Verts estimait sur France Inter que l'Otan était "une coquille vide". Mais dans son programme , une sortie de l'Otan n'est pas prévue. Yannick Jadot souhaite "renforcer l’autonomie stratégique européenne et réduire la dépendance des États membres de l’Union européenne à l’égard des États-Unis dans le domaine de la défense."
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Les candidats qui veulent quitter le commandement militaire de l'Otan
- Marine Le Pen
En février dernier, alors que les menaces quant à un assaut russe sur l'Ukraine se faisaient de plus en plus pressantes, la candidate du Rassemblement national était l' invitée de l'émission Questions politiques sur France Inter. Elle insistait alors sur un désengagement de la France de l'Otan.
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Dans son programme, Marine Le Pen prévoit une diplomatie de défense "réellement souveraine" : le retrait du commandement intégré de l’Otan est pour elle une priorité dès 2022, car cela "est incompatible avec le statut de puissance souveraine, l'indépendance diplomatique et militaire et la libre définition de l'usage de la force nucléaire" de la France. Comme Nicolas Dupont-Aignan notamment, elle se réfère au général de Gaulle, qui a fait la même chose en 1966 pour "reconfigurer la relation que la France entretient avec les États-Unis".
En revanche, Marine Le Pen affirme qu’elle ne quittera pas le commandement militaire de l'Otan avant la fin du conflit en Ukraine.
- Éric Zemmour
Eric Zemmour était l'invité de France Inter le 7 février, donc 15 jours avant l'assaut de la Russie sur l'Ukraine. Pour le candidat du mouvement d’extrême droite Reconquête!, il faut une sortie de la France du commandement militaire intégré de l'Otan pour "retrouver une voix indépendante, tout en demeurant au sein de l'alliance atlantique" : "ni soumission aux États-Unis, ni asservissement à la Russie, la France doit redevenir une puissance indépendante", peut-on lire dans son programme.
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- Nicolas Dupont-Aignan
Le candidat de Debout la France! veut faire sortir la France du commandement intégré de l'Otan. Il se base notamment sur l'affaire des sous-marins australiens qui "illustre le danger pour la France d’être encapsulée dans un organisme inféodé aux intérêts américains". Dupont-Aignan milite pour l'"indépendance militaire et stratégique" pour défendre "son intérêt supérieur".
Les candidats qui veulent quitter l'Otan
- Jean-Luc Mélenchon
"Nous n'avons rien à faire dans l'Otan", estime Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de La France Insoumise voit en l'Otan "une alliance incertaine". Selon lui, il y a dans l'Alliance transatlantique des gens qui peuvent être "des adversaires ou des ennemis", comme la Turquie.
- Nathalie Arthaud
Selon la candidate de Lutte Ouvrière, "les puissances occidentales ont une responsabilité écrasante dans ce conflit [en Ukraine], l'Otan, les États-Unis. Il y a une pression militaire qui s'exerce sur la Russie depuis des dizaines d'années, le nombre de bases militaires s'est multiplié. Les puissances impérialistes sont co-responsables et je les accuse d'avoir pris le peuple ukrainien en otage."
Aux yeux de Nathalie Arthaud, l'Otan aurait dû disparaître il y a une trentaine d'années.
Quand l'URSS s'est disloquée, pourquoi l'Otan a-t-elle été maintenue? Non seulement elle est restée mais elle a avancé ses pions. L'Otan a décidé de faire de l'Ukraine sa marionnette, comme veut le faire Poutine aujourd'hui.
- Fabien Roussel
Aucune ambiguïté du coté du candidat du parti communiste. "La France quittera l'Otan et demandera sa dissolution" peut-on lire dans son programme. Il propose de créer un traité européen de coopération et de sécurité collective. Les discussions pour créer ce cadre s'étendront à toute l'Europe jusqu’à la Russie. Comme pour Marine Le Pen, Fabien Roussel souhaite quand même attendre la fin du conflit en Ukraine pour sortir de l'Otan.
- Philippe Poutou
Dans son programme, Philippe Poutou veut lui aussi une sortie de l'Otan. Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste demande également comme le communiste Fabien Roussel le démantèlement de l'Alliance atlantique.
- Jean Lassalle
Une seule phrase résume l'intention du candidat de Résistons! dans son programme en cas d'élection : "Préparer notre désengagement de l’Otan". "Nous n’avons plus à rien à faire dans cet organisme vieux de 70 ans" a-t-il déclaré le 30 mars sur France 2.