"Large mobilisation", "surenchère" syndicale : à quoi s'attendent les renseignements pour les retraites
Par Ariane Griessel
Le renseignement territoral s'attend à ce que la contestation de la réforme des retraites donne lieu à des "modes d'action disruptifs et imprévisibles", "moins structurés", comme les récentes mobilisations des contrôleurs SNCF et des médecins libéraux.
Une possible "large mobilisation des salariés", ou encore des "grèves de longue durée entravant certains secteurs clef de l'économie". Dans une note datée du 6 janvier et que France Inter a pu consulter, le renseignement territorial souligne le "climat social tendu" dans lequel intervient la présentation de la réforme des retraites, ce mardi, par Élisabeth Borne.
Sans préjuger de l'ampleur de la mobilisation, la note estime tout de même que "la rentrée sociale 2023 s'annonce très tendue" car cette réforme est dévoilée dans un contexte social déjà chargé : les Français sont échaudés par la baisse de leur pouvoir d'achat en raison de l'inflation et de la hausse du prix du carburant, la période des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires commence dans les entreprises et risque de provoquer des "mécontentements", et la hausse du point d'indice dans le secteur public en juillet dernier a été jugée insuffisante.
"Surenchère"
Les syndicats ont déjà annoncé qu'ils manifesteraient contre cette réforme, sans encore choisir de date précise. Néanmoins, il y a plusieurs inconnues. La mobilisation des jeunes, d'abord, et celle de collectifs "en dehors de tout cadre syndical". Les renseignements s'attendent à des "modes d'action disruptifs et imprévisibles", "moins structurés", comme les récentes mobilisations des contrôleurs SNCF et des médecins libéraux. Ceux-ci "suscitent une certaine inquiétude" dans les entreprises et dans les syndicats qui peuvent y voir une concurrence militante et "se livrer à une certaine surenchère".
Le service de renseignement envisage aussi que les "gilets jaunes" puissent se joindre à la contestation. Écrite le 6 janvier, la note prévoyait qu'entre 1 000 et 1 400 personnes allaient se rassembler en France (hors Île-de-France) le lendemain, à l'appel du mouvement. Un chiffre légèrement sous-évalué puisqu'elles étaient en réalité 2 700 en région. Deux mille se sont également mobilisées à Paris.
Même si ces chiffres sont loin de ceux du début du mouvement, et même si celui-ci a du mal à se relancer après la pandémie de Covid-19*, "l'échec des mobilisations significatives des gilets jaunes ne doit cependant pas occulter la montée d'une grogne au sein des territoires, liée à la dégradation du pouvoir d'achat et des réformes à venir sur les retraites"*, ajoutent les renseignements.