Retraites : quelques centaines d'"éléments radicaux" dans le cortège à Paris, prévoient les renseignements

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Retraites : quelques centaines d'"éléments radicaux" dans le cortège à Paris, prévoient les renseignements

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Manifestation contre une (autre) réforme des retraites, à Paris, en décembre 2019
Manifestation contre une (autre) réforme des retraites, à Paris, en décembre 2019
© AFP - Magali Cohen / Hans Lucas / Hans Lucas

"Plusieurs centaines" de militants d'ultra-gauche, voire des "gilets jaunes radicalisés", risquent de se mêler à la mobilisation contre la réforme des retraites jeudi 19 janvier 2023, selon les services de renseignements.

Ce sont toujours des préoccupations des services de renseignements avant une manifestation : va-t-elle être très suivie ? Va-t-il y avoir des débordements ? Dans une note consultée par France Inter ce mardi, le Service central du renseignement territorial et la Direction du renseignement de la Préfecture de police de Paris  essaient d'anticiper, de savoir si la mobilisation sera très suivie jeudi 19 janvier pour la journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites, à l'appel de l'intersyndicale. Et tente d'évaluer les risques d'incidents.

"200 à 400 éléments radicaux" à Paris

Concernant l'ampleur de la mobilisation dans la rue, les services de renseignements doivent encore affiner leurs prévisions. Pour l'instant, ils estiment que plusieurs centaines de milliers de manifestants vont défiler dans tout le pays, dont plusieurs dizaines de milliers à Paris. Et prévoient également la présence de quelques centaines "d'éléments radicaux" principalement issus de l'ultra-gauche dans les cortèges à Paris, Rennes, Nantes, Limoges ou encore Brest, a appris France Inter, confirmant une information d'Europe 1.

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Les services de renseignement estiment que le contexte de tensions sociales, provoqué par l'inflation, la hausse du prix de l'énergie, mais aussi les nombreux recours au 49.3 par la Première ministre l'an dernier, "cristallisent la colère de l'ultra-gauche".

Pour eux, "des incidents sont prévisibles" dans plusieurs villes, dont Paris, où "de 200 à 400 éléments radicaux" sont susceptibles de se mobiliser. Les renseignements n'ont repéré "aucun déplacement de collectifs constitués vers la capitale [mais affirment que] des individus pourraient s'y rendre à titre individuel afin de venir troubler l'ordre public au sein des black blocks".

Des "dégradations visant les symboles du capitalisme" sont aussi à prévoir à Rennes, des troubles à l'ordre public à Nantes, des militants haut-viennois se mobiliseront à Limoges, tandis qu'à Brest, les militants proches des mouvances radicale et antifasciste resteront dans l'observation pour ce premier jour de mobilisation contre la réforme des retraites et évalueront le dispositif de sécurité pour "préparer des actions plus dures" les prochaines fois.

Des prévisions qui doivent encore être affinées

Néanmoins, si la préoccupation principale vient de l'ultra-gauche, les renseignements n'excluent pas que des "gilets jaunes au profil radicalisé [voire des "ultra-jaunes"], déçus de l'échec relatif de leurs précédents appels à mobilisation, tentent de profiter de l'opportunité pour provoquer et créer des tensions avec les forces de l'ordre", notamment dans la capitale.

D'ailleurs, une "inconnue demeure" pour pouvoir évaluer les risques d'incidents. Le renseignement ne sait pas encore si les jeunes, lycéens ou étudiants, vont participer massivement ou non à la mobilisation, mais il pense que des tentatives de blocages sont à prévoir à Paris dans une dizaine d'établissements. Selon les informations de France Inter, la direction du renseignement de la Préfecture de police de Paris en place un dispositif spécial pour surveiller la mobilisation des jeunes.

Après Paris, les renseignements attendent les plus gros rassemblements à Marseille, Toulouse, Lyon, Nantes, Lille, Clermont-Ferrand, Bordeaux et Caen.

Entre 2019 et 2020, plus de 3,2 millions de personnes s'étaient rassemblées au total lors de 14 démonstrations contre le projet de réforme des retraites, avec un pic à 806 000 manifestants le 5 décembre. Le projet avait ensuite été reporté en raison de la pandémie de Covid-19.