Michel Rocard, a connu son heure de gloire en devenant en 1988 Premier ministre d'un François Mitterrand qui n'aura eu de cesse de contrarier ses ambitions.
Michel Rocard est mort hier dans un hôpital parisien à l'âge de 85 ans.
Cette figure de la deuxième gauche a traversé toute les convulsions de la gauche française depuis un demi-siècle avec l'espoir toujours déçu d'accéder à la présidence de la République.
Michel Rocard, homme politique atypique, l'un des plus brillants de sa génération, a connu son heure de gloire en devenant en 1988 Premier ministre d'un François Mitterrand qui n'aura eu de cesse de contrarier ses ambitions pendant presque toute sa carrière. Les deux hommes se sont beaucoup haïs.
Tout les a toujours séparés
« Quel incompétent ! », disait Michel Rocard de François Mitterrand. « Quelle inculture ! », répondait le second au premier. Tout les a toujours séparés. Mitterrand, provincial et catholique, Rocard, parisien et protestant ; l'un est un littéraire romantique, l'autre, un féru d'économie ...
Au cours de leurs carrières respectives, ils se sont toujours à un moment retrouvés l'un en face de l'autre. Point d'orgue en 1988 lorsque Mitterrand se représente et que Rocard s'efface mais contraint, le chef de l'Etat le nomme à Matignon.
"Vous verrez, au bout de six mois, on verra au travers", Mitterrand au sujet de Rocard à Matignon
Ses trois années ne sont que chamailleries et humiliations. Mitterrand lui prévient : "Vous verrez, au bout de six mois, on verra au travers". Mais Rocard tiendra trois ans. Plus tard, l'ex Premier ministre dira que les cohabitations étaient sans doute plus heureuses.
Même lorsque François Mitterrand voulait être aimable avec Michel Rocard, on le soupçonnait d'avoir une idée derrière la tête. Souvenez-vous de cette fameuse photo d'avril 1988 des deux hommes en tenue de marcheur. Mitterrand élégamment vêtu, Rocard à ses côtés, une casquette trop grande sur la tête, paraissait déguisé.
Sa vengeance, Mitterrand l'assouvira en 1994
François Mitterrand avait convié son vieux son rival à l'ascension du pic Saint-Loup. Certains ont pensé qu'il souhaitait l'empêcher de choisir les habits adéquats et l'obliger au ridicule alors qu'il souhaitait le mettre en valeur quelques semaines avant la présidentielle.
Sa vengeance, Mitterrand l'assouvira en 1994 en envoyant aux européennes, en sous-main un certain Bernard Tapie contre la liste socialiste de Rocard qui réalise un score calamiteux. Peu de temps après, Mitterrand s'offusquera qu'on l'eut soupçonné. «La plupart des hommes politiques qui montent et qui tombent (...), ils tombent tout seul. Ils n'ont pas besoin d'une pichenette. »