"Satisfaction" : ce que Le Masque & la Plume a pensé du nouveau livre de Nina Bouraoui

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"Satisfaction" : ce que Le Masque & la Plume a pensé du nouveau livre de Nina Bouraoui

"Satisfaction" de Nina Bouraoui : les critiques du Masque & la Plume divisées en deux
"Satisfaction" de Nina Bouraoui : les critiques du Masque & la Plume divisées en deux
© AFP - CONSTANT FORME-BECHERAT / HANS LUCAS

Après "Otages", l'auteure réunit dans son tout nouveau roman ses obsessions littéraires, de l’enfance au désir, en passant par l'amour. Des confessions intimes transposées dans son personnage, une Française émigrée dans l’Algérie des années 1970. Les critiques du Masque & la Plume sont partagées.

Le livre présenté par Jérôme Garcin 

Pour son 18e roman Nina Bouraoui nous emmène à la rencontre de Michelle, une Française qui a épousé un Algérien, Brahim, lequel dirige à Alger une usine de papier. Ils ont un fils de 10 ans, Erwan. Michelle, ou plutôt madame Akli - ça rime avec Madame Bovary - s'ennuie et consigne sa mélancolie dans des carnets intimes. Elle est arrivée en Algérie en 1962 au moment de l'indépendance, et elle vit dans un pays où les couples mixtes sont mal vus. Elle ne cache pas son attirance pour Catherine, qui est la mère française d'un copain de classe d'Erwan. Tous les thèmes chers à Nina Bouraoui sont réunis dans ce roman classique. Ce n'était pas toujours le cas de ses précédents. On lui doit "La voyeuse interdite", Prix du Livre Inter 1991 et "Mes mauvaises pensées". Prix Renaudot 2005. 

Frédéric Beigbeder n'a pas du tout été convaincu…

"Ce n'est pas éloigné du projet de "Mes mauvaises pensées", qui se passait entre deux pays, France et Algérie. Entre les deux genres, homme et femme. Je suis resté entre deux eaux parce que j'ai pensé à comment Keith Richards a composé "Satisfaction" dont il a eu l'idée en dormant et pendant son sommeil. Il a simplement enregistré le riff de "satisfaction" et puis après, la cassette a enregistré ses ronflements pendant toute la nuit. Là, c'est un peu mon sentiment.

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Il y a un très bon début avec un bon riff de guitare au début et après, il ne se passe plus rien. Et je n'ai pas réussi à m'intéresser davantage. Puis des phrases : "je ne ressens plus l'entièreté de notre lieu, de notre notre lien", c'est louche quand il y a des mots comme ça… 

Une autre phrase que j'ai beaucoup aimée : "la peau est l'endroit de ceux qui n'ont plus d'attaches". Ça, c'est une phrase très très belle. 

Je ne suis pas spécialement contre, mais je n'ai pas été frappé

Michel Crépu a plutôt bien aimé le livre

"Ce qui est intéressant dans le cas de Bouraoui, c'est qu'il y a un espèce de parcours musical. Les livres qu'elle écrivait il y a dix ans étaient des trucs assez complexes, assez impénétrables. Là, on est dans quelque chose de plus négatif, de plus délié, qui ne m'a pas du tout déplu. C'est aussi un livre sur la contradiction ou sur l'identité contradictoire". 

J'ai plutôt bien aimé ce livre

C'est "le genre de livre qui lasse" Nelly Kapriélan, qui n'a pas du tout aimé…

"Il y a plein de jolies phrases, mais il y en a trop et pour dire quoi… ? Je ne sais pas… Au début, on se dit que c'est pas mal, il y a énormément d'atmosphère. 

Cette femme ne m'intéresse pas alors que, pourtant, c'est son journal intime : elle désire, ou ne désire pas… Elle ne sait pas… Elle est jalouse de telle femme… Elle ne sait pas… Il fait chaud… Il y a une espèce de sensualité exacerbée tout ça parce qu'on est en Algérie. 

J'ai trouvé ça un peu cliché… 

Beaucoup de fleurs, beaucoup de fruits, beaucoup de parfums… Et ça revient, ça revient comme des ronflements…. 

C'est exactement le genre de livres qui me lasse

Quand on en lit beaucoup. C'est quand même littéraire, j'ai aimé des livres de Nina Bouraoui, mais là, je trouve que c'est se regarder écrire et faire des jolies phrases ou des phrases qui ont l'air grave, qui ont l'air d'être poétiques. Et elles ne nous disent rien".

Arnaud Viviant salue "un très beau livre sur l'Algérie"

"C'est un roman magnifique, d'abord sur l'Algérie. Il y a beaucoup de fleurs, beaucoup de parfums, beaucoup de paysages, beaucoup de cuisine. Il y a quelque chose de capiteux dans l'écriture de Nina Bouraoui. 

Il y a toute une construction sur l'identité sexuelle puisque l'amie dont elle est amoureuse, cette Madame Bovary d'Alger a une fille mais qui ressemble à un garçon que tout le monde surnomme Bruce parce qu'elle est fan de Bruce Lee. On est en 1974. Elle a un vrai petit garçon qui n'est pas féminin, mais qui est pour le coup un peu timide. Il y a tous ces rapports-là entre les enfants, entre les deux femmes, entre cette Algérie qui vient juste de devenir indépendante. 

Je trouve ça assez gonflé d'avoir mis en scène deux femmes qui sont mariées à des Algériens dans cette situation-là. Il y a vraiment quelque chose. 

C'est un très beau livre sur l'Algérie, sur ses paysages

Nina Bouraoui a une carrière vraiment étonnante. Elle fait des livres extrêmement curieux, très différents les uns des autres et à chaque fois surprenants". 

Le livre

Écoutez l'intégralité des critiques échangées sur le livre :

"Satisfaction" de Nina Bouraoui

6 min

📖 LIRE - Nina Bouraoui : "Satisfaction" (JC Lattès)

► LIVRE OUVERT | D'autres œuvres passées au crible des critiques du Masque et de la Plume sont à retrouver ici.

🎧 Chaque dimanche à 20h, retrouvez les critiques du Masque et la Plume, réunis autour de Jérôme Garcin, pour parler cinéma, littérature ou théâtre

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L'invitée de 7h50 - Nina Bouraoui au micro de Léa Salamé

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