Selon le patron de la BBC, le futur des médias sera sans radio ni télé
Par Julien Baldacchino
Dans un discours au Royaume-Uni, le directeur général de l’audiovisuel public britannique a déclaré que son entreprise devait se préparer à un futur exclusivement numérique. C’est la première fois qu’un dirigeant de télévision tient ce type de propos.
Faudra-t-il dire adieu au poste de télévision et à la bonne vieille radio à antenne dans le courant de la prochaine décennie ? C’est en tout cas ce que pense Tim Davie. Dans une conférence donnée à la Royal Television Society – un organisme éducatif – et repérée par Les Échos, le directeur général de la BBC a déclaré qu’il se préparait à un futur des médias qui serait exclusivement "online".
Du flux au stock
C'est la première fois qu'un dirigeant d'une entreprise de cette taille évoque un avenir sans radio ni télé. "Imaginez un monde uniquement Internet, où la télévision et la radio sont éteintes et où le choix est infini", a déclaré le patron du groupe audiovisuel public britannique. Pour lui, "une interruption de la diffusion se produira et devrait se produire au fil du temps, et nous devrions être actifs dans sa planification".
Concrètement, cela signifie que pour la BBC, les chaînes dites "de flux" (BBC One, BBC Two, etc., équivalents de France 2, 3 et ainsi de suite), à la télévision comme à la radio, seront appelées à faire place à une plateforme proposant un stock de programmes en ligne. "Cela signifiera moins de service de diffusion linéaire et une offre en ligne intégrée plus adaptée", selon Tim Davie.
Question de génération ?
À la BBC, la transition est en réalité déjà engagée : au printemps dernier, le groupe a annoncé que de deux ses chaînes, BBC Four, la culturelle, et CBBC, pour les enfants, allaient quitter les ondes pour basculer en version numérique exclusivement. Une partie des chaînes internationales vont aussi connaître le même sort. Le dirigeant imagine qu'il faudra à l'avenir "réunir la BBC dans une seule offre".
Toutefois, Tim Davie a reconnu qu’il fallait, pour cela, que chacun puisse accéder à Internet, et qu’il "sera difficile de faire passer tout le public, notamment les plus âgés, en ligne". C'est donc une question de génération qui pourrait faire pencher la balance, car de l'autre côté de la pyramide des âges, les jeunes adultes étaient encore 80 % à regarder la télévision au moins une fois par semaine il y a cinq ans... Ils ne sont plus 50 % aujourd'hui, la concurrence des plateformes de vidéo, de streaming et de réseaux sociaux, faisant rage.