Paris lance un défi à 20 automobilistes volontaires : "Sept jours sans ma voiture : cap' ou pas cap'?". L'auteur Benoît Peeters se projette dans un Paris sans voiture. Absurde.
Deux mois après la fermeture définitive des voies sur berges à la circulation automobile, la ville de Paris propose aux automobilistes de se passer de leur véhicule et de chercher des alternatives pour se déplacer. L'opération se conclura par une deuxième Journée sans voiture pour tous. La Mairie a annoncé la limitation de la vitesse à 20km/h dans toute la capitale, avec un périmètre piéton qui touche quasiment la moitié de la cité, soit 648,15 km de chaussées sans voiture.
Dans ce genre d'opération, les automobilistes vérifient en général qu'il leur est impossible de se passer de leur véhicule, car ils ont des tas de trajets obligatoires et peu d'alternatives vraiment efficientes. France Inter se propose donc d'interroger un homme qui à l'habitude d'imaginer la ville autrement.
Que faudrait-il pour que Paris puisse se passer des voitures ? Question posée à Benoît Peeters, auteur de Revoir Paris, avec le dessinateur François Schuiten (Casterman). Le tome 2, La Nuit des constellations, paraîtra le 25 octobre, et la fin de l'histoire sera justement au cœur de Paris. Un Paris que les deux auteurs aiment recréer dans un esprit utopique.
Paris sans voiture ? Pour certaines activités et pour certaines personnes ce serait cataclysmique.
Au moment où nous l'avons interrogé, Benoît Peeters était en voiture, en tant que passager, coincé dans la circulation. Sans permis, l'auteur s'exprime en tant que non automobiliste.
"Paris est une ville qui a haut niveau d'équipement en transports en commun, ne serait-ce que par le métro. Pour le RER c'est plus discutable. Pour que Paris vive sans voiture, il faudrait que la ville soit complètement remodelée, qu'elle soit organisée en plusieurs entités auto suffisantes. Sans que tout soit concentré sur un seul centre historique. Et dans ces mini-villes à l'intérieur de Paris, nous pourrions circuler à pied.
Il aurait également fallu mettre fin à la possession individuelle de nos véhicules. Ne pas être propriétaire de son véhicule, mais emprunter des moyens de transports divers, en commun, en covoiturage, à vélo ou autres à inventer. Ceux qui habitent loin de leur travail, voyagent plus en RER qu'en voiture en général. Il faudrait en finir avec ces banlieues de plus en plus loin du centre, le Paris historique, au profit d'un grand Paris polycentré. Paris sans voiture, aujourd'hui, c'est seulement un effet d'affichage. La vraie question c'est que veut on ? Moins de mobilité ou moins de moteurs ?
Pour un Paris sans voiture, il faudrait mille autres utopies urbaines, il faut tout réinventer.
L'entretien est interrompu : "Pardonnez-moi, je suis toujours en voiture et nous avons un problème de circulation", conclut Benoît Peeters.
ALLER PLUS LOIN ||
En savoir plus sur la semaine sans voiture
Le 25 octobre paraîtra le tome 2 de Revoir Paris, chez Casterman. Le centre historique de Paris a été enfermé sous un gigantesque dôme de verre. Vidée de ses habitants, la cité est devenue un musée pour touristes fortunés. Mais cet îlot en apparence sécurisé échappe peu à peu au contrôle de ses créateurs. Les illégaux qui peuplent les nombreux squats de la ville vivent de trafics, tandis que le dôme protecteur est menacé par des attaques extérieures de plus en plus violentes.
Feuilletez Revoir Paris, tome 1.