Sept bonnes raisons de pousser nos enfants à aller jouer dehors
Courir après les poules, faire de la « patouille », passer une journée dans un chêne à surveiller des animaux, jouer dans l’herbe avec les cousins… Ces loisirs de l'enfance pourtant merveilleux sont devenus rares. Pourquoi faut-il absolument laisser les enfants jouer dehors ?
Depuis 30 ou 40 ans les enfants sont coupés de la nature. Leur vie trop sédentaire, nuit à leur développement…
Laissez jouer les enfants dehors !
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C'est le cri d’alarme Manon Luneau, éducatrice à l’environnement, Moïna Fauchier-Delavigne, journaliste spécialisée environnement, Martine Duclos, directrice de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps). Elles étaient les invitées d’Ali Rebeihi dans l’émission Grand bien vous fasse. A son micro, elles ont donné les raisons d’aérer nos enfants.
Genoux terreux : enfance heureuse.
1 - Bouger dehors pour être en bonne santé tout simplement
Martine Duclos, directrice de l’Observatoire national de l'activité physique : "En septembre 2019 et en septembre 2020, on a mené une enquête sur des enfants de CE1 du même âge, qui rentraient dans les mêmes classes et étaient dans le même environnement. On leur a fait faire un test intellectuel tout simple, et un test physique. L'objectif était de voir s’il y avait des modifications chez des enfants qui avaient subi les conséquences d'un an de confinement. On voulait mesurer les effets de la diminution de l'activité physique, d'excès de temps passé assis et puis surtout de la baisse de la stimulation intellectuelle liée à l’environnement puisqu'ils avaient été confinés à l'intérieur.
On s'attendait à une aggravation, mais pas à de si mauvais résultats. On a vu que les capacités physiques avaient très, très nettement diminué. On a vu un grand nombre d’enfants incapables de courir 10 mètres ou y arriver, mais essoufflés !
Or, notre l’organisme humain ne fonctionne qu'à l'oxygène. Si on n'est pas capable d'en consommer beaucoup, cela pose problème. Et on sait aussi que c'est un facteur prédictif de la santé à venir. Depuis 25 ans, la forme physique des enfants diminue, l'indice de masse corporelle augmente… Mais avec ce confinement, on atteint un niveau supérieur. "
2 - Jouer dehors rend intelligent
En ne les laissant pas jouer dehors, on prive les enfants de souvenirs d’enfance, mais aussi de capacités à être dans l'intuition, dans le jeu, dans la curiosité, et dans le plaisir. Etre dans la découverte permet de devenir un bon apprenant.
Martine Duclos : "L’exposition a un milieu naturel améliore les habiletés naturelles et motrices des enfants et leur apprend également à mieux gérer les risques. Déjà, il y a ce travail de la proprioception, parce que le sol n'est pas plat avec de petits obstacles… À ce moment-là, sans même s’en rendre compte, on travaille la position du corps et fait fonctionner plusieurs zones du cerveau."
3- Le plein air donne le moral aux enfants
Moïna Fauchier-Delavigne : "C’est de la lumière du jour dont on a besoin pas de lumière artificielle. La lumière naturelle active les hormones, et en particulier l'hormone de croissance impliqué dans la croissance. Et puis cette lumière joue un rôle dans la santé mentale. Enfin, des études scientifiques ont montré le lien entre l'exposition à des lumières artificielles et le développement de la myopie !"
4 - Prendre conscience de l’environnement développe ses sens, et l’écologie
Moïna Fauchier-Delavigne : "Cette absence de contact avec les jardins, les prairies, ou les forêts prive nos enfants de quelque chose d’essentiel et de merveilleux comme de marcher pieds nus dans l’herbe. On peut même essayer dans les sous-bois d’une forêt. Plus on passe de temps, dans la nature plus on devient sensible aux odeurs. Plus on connaît son environnement plus on a envie de le protéger. C’est en jouant, et en prenant plaisir à explorer que l’on apprend à prendre soin de la planète sur laquelle on vit."
5- Explorer la nature évite d’avoir des enfants hors-sol et de connaître des espèces végétales
Moïna Fauchier-Delavigne : "D’après un sondage, un tiers des enfants ne savent pas reconnaître une figue d’une courgette ! Cette méconnaissance est inquiétante. Auparavant, les classes vertes, les colonies de vacances palliaient l’ignorance des citadins.
Aujourd’hui, 1/3 des enfants ne part pas en vacances.
6 - Jouer dehors améliore les comportements sociaux
Moïna Fauchier-Delavigne : "Plusieurs études ont été publiées dans des revues. Elles montrent les effets du plein air sur la résilience, sur l'estime de soi, sur les capacités cognitives et sur l'activité physique. Mais aussi sur la capacité à la coopérer. Comme l’extérieur de la maison, n’est pas un espace forcément plat et simple… Si on veut construire une cabane, on va devoir s’entraider pour porter des bâtons par exemple.
Les enseignants qui font classe dehors se sont rendus compte que cela change l'ambiance, les relations entre les enfants et l'adulte, entre les enfants eux-mêmes, et cela améliore la cohésion du groupe.
Manon Luneau : "Le sentiment d'émerveillement, ce mélange de joie, de surprise, d'admiration face à la nature est responsable de cette envie de s'ouvrir à l'autre, de coopérer."
7- Jouer en plein air apprend à exercer sa liberté
Moïna Fauchier-Delavigne : "Aujourd’hui, un parent qui n’est pas en train de surveiller son enfant, est un parent qui n'est pas responsable. Le géographe Roger Hart a travaillé sur les espaces de liberté des enfants dans les années 1970. Lorsqu’il est retourné sur son terrain d’étude au début des années 2000, il a constaté que ce n’était plus possible de poursuivre son travail : les enfants n'avaient plus ces temps et ces espaces où ils étaient seuls, sans la surveillance des adultes. Et maintenant, c'est complètement accepté qu'un enfant soit surveillé en permanence."
ECOUTER | Grand bien vous fasse sur l'importance des jeux en plein air
Avec :
- Manon Luneau : Educatrice à l’environnement, conférencière et auteure. Elle a créé des balades sensorielles pour apprendre le soin de la nature et le soin qu’on se porte à soi-même. Avec son père, ils ont publié une série de livres « Tous dehors ! » (60 activités nature en famille). ex: "Tous dehors ! en ville", éditions La Salamandre; "Tous dehors ! en balade", éditions La Salamandre
- Moïna Fauchier-Delavigne, journaliste spécialisée éducation, environnement, autrice de plusieurs ouvrages dont Emmenez les enfants dehors ed. Robert Laffont. et L'enfant dans la nature ed.Fayard
- Martine Duclos, cheffe du service de médecine du sport au CHU Clermont-Ferrand, qui dirige l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps)