Sept destinations touristiques et culturelles pour ne croiser personne et se dépayser quand même
Par Christine Siméone
Voici un choix de sept étapes pour des vacances possibles, loin des spots et des grands rassemblements. Sept lieux méconnus où vous pourrez être seuls, ou presque, après déconfinement. Des Alpes-de-Haute-Provence, jusqu'aux volcans d'Auvergne, ces terres secrètes recèlent aussi des lieux de culture importants.
La Dune du Pila, l’été à Calvi, le Mont Saint-Michel, Paris, Saint-Tropez, Avignon ? Oubliez ces spots touristiques, les clubs de vacances surpeuplés, et essayez de vous faufiler hors des sentiers battus, et d'en profiter pour faire quelques découvertes culturelles. Sculpture, littérature, peinture, contemporaine ou non, nous avons faits pour vous un choix de destinations originales. Ceci n'est pas un guide touristique qui vous rappellera qu'on mange d'excellents fromages dans le Cantal, qu'on a longtemps remonté des horloges en France-Comté, ni qu'on fait du bon vin en Bourgogne. Il s'agit ici d'aller dénicher des trésors, et faire des rencontres inattendues.
1. Les grands espaces du sud et des œuvres artistiques

Région : dans les Alpes-de-Haute Provence, à Dignes-les-Bains
Cadre : la nature à perte de vue, sur les chemins de randonnée
Pour quelles raisons irait-on ? Pour marcher, et profiter de la nature. Pour découvrir par exemple un artiste comme Andy Goldsworthy, qui fait le lien entre art contemporain et sauvegarde des patrimoines ruraux. Dans le Géoparc de Haute-Provence, labelisé par l'Unesco, sont disséminées 160 œuvres de 30 artistes. Goldworthy, figure emblématique du Land art, y propose son refuge d'art, tout en pierres. herman de vries, qui tient à ce que l'on écrive son nom en minuscule, a laissé derrière des "traces", petits textes qui scandent la progression du randonneur. De ce géo-parc se déploie la Route de l'art contemporain - VIAPAC - reliant Digne à l'Italie. La raison d'être de ce vaste espace est aussi de montrer l'histoire d'un territoire avant même l'humanité. Vous trouverez donc des fossiles extraordinaires, comme les Ichtyosaures de la Robine et de Chanolles, reptiles marins âgés de 100 millions d’années, accessibles par des sentiers de randonnée aménagés.
2. Un village, comme un berceau de littérature

Région : en Bourgogne, au sud de Paris
Cadre : un village en pleine campagne
Pour quelle raison irait-on ? Pour rendre visite à l'une des plus importantes écrivaines de l'histoire de la littérature, Colette. Elle est l'autrice de "La vagabonde", "Le blé en herbe", de la série des "Claudine". Femme libre, elle a ensuite marqué le début du XXe siècle par ses choix de vie et sa carrière littéraire. A Saint-Sauveur en Puisaye, rendez-vous au 8 rue de l’Hospice où Colette a passé les dix-huit premières années de sa vie, aux cotés de sa mère Sido, dont elle fit l’un des personnages de ses romans. Ici la terre est tendre, les fruits rouges s’offrent dans les moindres sentiers. Colette y a puisé une écriture qui emplit les sens, et fait renaître sans cesse cette Arcadie. Ici elle a lu les grands classiques, a été formée intellectuellement. En visitant sa maison-musée et en vous promenant dans les chemins autour de Saint-Sauveur, vous retrouverez ses archives, son histoire de femme, d'autrice, de comédienne et journaliste.
3. Dans l’intimité d'une intellectuelle

Région : l'Indre, au coeur du Berry
Cadre : les milles étangs de la Brenne
Pourquoi irait-on ? Pour saluer George Sand et son compagnon Chopin. Elle est l'autrice de contes et des nouvelles, des pièces de théâtre, des articles critiques et politiques, des textes autobiographiques, et rien moins que vingt-six volumes de correspondance. C'est à Nohant-Vic que l'amie d'Alfred de Musset, de Liszt et Chopin a mis en pratique son désir d'indépendance, a fait le choix de la liberté. Après avoir suivi un vol de grue cendrée au-dessus des mille étangs de la Brenne, et de son parc naturel régional du même nom, vous arriverez au domaine de Nohant. Là se situe la maison de George Sand, écrivaine de la fin du XIXe siècle, autrice, entre autre, de "La mare aux diable", ou "La petite Fadette", pour ces romans champêtres, et surtout d'un journal et des "Confessions d'un enfant du siècle" pour ne citer que quelques exemple de sa foisonnante production. L'écrivaine décrit les alentours, la Vallée noire, comme "un habit de sa propre existence". Il faut retenir sa défense des droits des femmes et sa participation à la révolution de 1848.
4. La vallée de la Loue, à la source de Courbet

Région : Franche-Comté
Cadre : l'air frais des rivières
Pour quelle raison irait-on ? Pour remonter à la source du travail de Gustave Courbet. Le peintre de l'Origine du Monde est issu d'une famille franc-comtoise de Flagey. Certains de ses tableaux, comme le majestueux Chêne de Flagey, ou Les paysans de Flagey revenant de la foire, y ont été peints. Le voyage vous mènera forcément à Ornans, où d'autres toiles majeures ont été réalisées, et où vous attend le musée qui lui est consacré. Ses plus grands chef-d'oeuvre, comme l'Enterrement à Ornans, l'Atelier de l'artiste ou l'Origine du monde, ne sont pas là, mais la beauté des lieux survit largement sans eux. Ornans a été désigné comme "le plus beau détour de France" par le guide Michelin.
5. Dans le Cantal, vers des femmes créatrices

Région : au cœur de l'Auvergne
Cadre : avec les volcans pour horizon
Pour quelle raison irait-on ? Pour le calme, et la découverte des femmes artistes de la fin du XIXe jusqu'à la fin du XXe siècle. Elles s'appellent Elise Rieuf, dont l'oeuvre est exposée dans le musée qui porte son nom à Massiac dans le Cantal, Charlotte Musson, ou Marguerite Jeanne Carpentier. Dessins, peintures, sculptures, elles ont eu des vies d'artistes intenses, ont vécu de leur travail, et puis l'histoire les a oubliées. Elise Rieuf, morte en 1990, a vécu et exposé à Shanghai, où elle a longtemps vécu, puis en France. Son œuvre a été léguée à Massiac où elle a fini sa vie. Charlotte Musson a fait des portraits de personnalités telle Marguerite Yourcenar, et Marguerite-Jeanne Carpentier, elle, est à l'origine d'un atelier parisien foisonnant, et d'une oeuvre encore plus étonnante de force et de talent.
6. Les bords de Seine paisibles

Région : dans le Vexin, pas très loin de Paris
Cadre : les boucles de la Seine, avant d'arriver chez les impressionnistes
Pour quelle raison irait-on ? Le château de La Roche-Guyon n'a pas l'arrogance des châteaux de la Loire, ni leur renommée. Mais il a été un lieu d'échanges importants entre philosophes, scientifiques, un "salon" du siècle des Lumières, avec le duc Alexandre de La Rochefoucauld, puis avec sa fille, la duchesse d’Enville. Son jardin, potager et fleuri, est une halte remarquable, et d'accès libre (en temps normal). Créé en 1741, il a été récemment complètement restauré. Cela avait d'ailleurs hérissé le célèbre jardinier Gilles Clément, car les normes en vigueur au XVIIIe siècle semblaient tout à fait irréalistes de nos jours. Le projet de restauration a donc été repensé pour être plus écologique. Les légumes produits sont vendus sur place, de juillet à octobre, ainsi que les produits tels que les confitures. Mais là n'est pas la raison essentielle d'une telle visite. La vraie raison c'est d'aller s'y promener, s'y perdre, humer l'air. C'est tout.
7. Un choc émotionnel pour finir
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Région : extrême nord-ouest de la Bourgogne
Cadre : loin des vignobles, à l'abri des regards
Pour quelle raison irait-on ? Pour y voir l'une des plus fascinantes danses macabres de France (il n'y en a plus que huit). Dans l'Yonne, à la Ferté-Loupière, dans l'église du village, le visiteur se rappellera que "la mort est inattendue, inévitable et rétablit l’égalité entre les hommes" , en décryptant la fresque qui décorent les lieux. Quarante-deux personnages sont représentés sur vingt-cinq mètre de long. Elle est précédée d'un Dit des trois morts et des trois vifs. Trois hommes y sont appelés dans un cimetière par trois morts qui leur rappellent la brièveté de la vie et l'importance du salut de leur âme. Ces fresques datent des XV et XVIe siècle. Le genre de visite qu'on n'oublie pas.