Série : faut-il regarder "The Gilded Age" sur OCS ?

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Série : faut-il regarder "The Gilded Age" sur OCS ?

Carrie Coon, Bertha Russell dans "The Gilded age"
Carrie Coon, Bertha Russell dans "The Gilded age"
- OCS

Un copié-collé de "Downton Abbey" ou une fresque incroyable de New York de la fin du XIXe siècle ? Une série au casting époustouflant ou une histoire pleine de facilités ? Que penser de la nouvelle série de Julian Fellowes ? Retrouvez ici les avis des critiques de l'émission "Une heure en série".

La présentation et l'avis de Xavier Leherpeur : "Une série qui s'étoffe" 

"À la suite du décès de son père, la jeune Marian Brook quitte sa Pennsylvanie natale pour débarquer dans le New York de la fin du XIXe siècle. Elle trouve refuge chez ses tantes, deux vieilles filles, héritières désargentées d’une fortune dilapidée, qui incarnent l’âge doré de cette métropole en constante effervescence.

Deux femmes d’un temps déjà révolu qui peinent à voir le monde évoluer autour d’elles. Soit le contraire de leurs nouveaux voisins, les Russell, sorte de nouveaux riches ayant construit à grands frais une demeure luxueuse qu’ils ont meublée - répètent-ils à qui veut bien les écouter - en détroussant quelques châteaux français. 

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Mais l’argent ne fait pas tout, et l’ère de l’omnipotence des fortunes bling bling à la Trump n’est pas encore advenue. Ce statut de parvenus ne leur ouvre pas les portes de la haute société comme en rêve de façon obsessionnelle Madame Russell. Le New York d’hier contre celui de demain, les fortunes anciennes contre les nouvelles… 

The Gilded Age propose une cartographie du pouvoir capitaliste vue par celles et ceux qui en vivent, et surtout celles et ceux qui les servent depuis les sous-sols où sont cantonnés les domestiques.   

Un décès, un statut social menacé, des maitres contre les serviteurs, l’avènement des idées nouvelles, les rivalités pécuniaires et les amours tumultueuses… Tel est le programme de cette version américaine de _Downton Abbey__._ 

The Gilded Age est la nouvelle série très attendue de Julian Fellowes, avec un casting étincelant au seuil duquel on retrouve Cynthia Nixon, Christine Baranski, Carrie Coon, Morgan Spector, Louisa Jacobson, Denée Benton... "Une réussite" pour "Le Figaro", "20 minutes" a aimé "les dialogues érudits et tranchants, le casting époustouflant et ce mélange capiteux d'opulence, de romance et de coups de poignard". 

J'avais très peur d'un copié-collé de Downton Abbey, mais il faut reconnaître qu'à partir des troisième et quatrième épisodes, la série prend de l'ampleur, et le récit s'étoffe. Il y a également le plaisir de retrouver les comédiens et les comédiennes." 

Marianne Levy : "Une fresque incroyable" 

"Je suis absolument conquise par cette série qui me fait dire que prendre son temps dans la vie est une bonne chose. Julian Fellowes a mis dix ans à faire cette série. Il l'a d'abord proposée en 2012 à NBC et finalement, dix ans après, elle nait sur HBO. Il a mis dix ans à passer de l'apéro qu'était Downton Abbey au plat de résistance The Gilded Age. 

On retrouve exactement tous les éléments de Downton Abbey, mais c'était une version light de ce qu'est The Gilded Age - c'est-à-dire une version qui était ultra soap, très glossy, très glamour, mais tout à fait fantasmée. Et d'ailleurs, l'espèce d'idéalisation des rapports entre les gens d'en bas et les gens d'en haut avait été très critiquée par les historiens britanniques. Ils disaient que cette vie idéale des serviteurs n'existait pas et que les lettres des femmes qui travaillaient dans des usines, par exemple, témoignaient de conditions de vie épouvantables.  

Dans The Gilded Age, on a le même emballage, mais l'ambition est tout autre. Là, le réalisateur s'attaque au mythe du self-made man américain. Il fait une radioscopie de la naissance du capitalisme, et cela donne à la série une épaisseur et une densité que n'avait pas Downton Abbey, qui était un petit bonbon comparé à cette espèce de fresque incroyable. 

Je termine sur le casting, avec notamment Cynthia Nixon, une actrice époustouflante. Au moment où la suite de "Sex and the City : And Just Like That" se termine, on peut la retrouver dans une partition très différente et voir l'étendue de son talent". 

Benoît Lagane : "Un petit bonbon brillant" 

"Je suis assez d'accord avec ce que vient de dire Marianne, sauf que, je considérais, et je considère encore, Downton Abbey comme une très grande œuvre. Avec The Gilded Age, on est au même niveau que ce que Julian Fellowes a fait auparavant. 

On retrouve effectivement les mêmes mécaniques jusqu'à, par exemple, la cuisinière de la famille qui rappelle Mrs Patmore de Downton Abbey. Les personnages, les relations sont dessinés de la même manière.  

D'ailleurs, c'est peut-être le seul bémol que je mettrais à The Gilded Age : je trouve que les domestiques sont presque moins bien traités dans cette série, et ils sont moins présents à l'image. L'enjeu de cette série est d'abord, et avant tout, d'opposer deux richesses.  

La série est vraiment brillante dans sa façon d'installer de façon très mécanique les familles qui se font face. La maison des nouveaux riches face à l'ancienne. Or Les Russell et les Van Rhijn vont faire le New York de demain. Et c'est dessiné avec beaucoup de malice.  

Il y a du soap, mais il nous fait accepter de rentrer dans cette histoire et même de suivre des choses un peu compliquées, comme ces relations un peu complexes entre cet investisseur dans les chemins de fer, face à des hommes politiques, etc.  

Et grâce aux comédiens, les personnages existent immédiatement. C'est la force de la série, et de son réalisateur. 

The Gilded Age est vraiment mon petit bonbon actuel, c'est-à-dire que j'ai plaisir chaque semaine à me replonger dans ce New York." 

Isabelle Danel : "Une série plus horizontale et prévisible que "Downton Abbey"" 

"Je suis un peu troublée. Pour moi, Downton Abbey était plus qu'un bonbon, c'était une très grande série. Or là, je trouve que l'écriture est assez mécanique, assez programmatique. Le chien qui s'échappe deux fois pour faire du lien, les gens qui ont tous des secrets, l'humiliation du premier dîner… Il y a des facilités. Cela manque de surprise, alors que je me suis vraiment jetée sur la série. 

The Gilded Age est très virevoltant, virtuose. C'est brillantissime. Les décors sont fabuleux, les costumes incroyables. On n'a pas le temps de tout voir tellement il y en a.  

La Chronique de Benoit Lagane
4 min

C'est une série beaucoup plus horizontale que Downton Abbey, qui était effectivement entre le haut et le bas. Et là, on est vraiment d'un bout à l'autre de la Cinquième Avenue, entre ces deux maisons. Cela fonctionne effectivement très, très bien, grâce aux comédiens.  

La modernité de ce nouveau New York est formidable. On est entre le vieux New York et le nouveau New York. Il y a ces nouveaux riches. Mais aussi les deux jeunes femmes, Marian Brook, qui est la jeune femme qui arrive chez ses tantes et qui est jouée par Louisa Jacobson, absolument étincelante, et Peggy Scott, une jeune femme noire, lettrée et érudite, qui souhaite devenir journaliste et écrire. On est en 1882, donc à peine 20 ans après la fin de l'esclavage… J'espère que ce personnage a vraiment existé dans l'Amérique qui se crée à ce moment-là. Parce que moi, ce personnage je ne l'ai jamais vu dans une fiction située à cette époque. Et j'aimerais que ces deux personnages montent en puissance."  

ECOUTER | Une Heure en séries avec "The Gilded Age"

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