Seul dans Berlin

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Seul dans Berlin

D’après le roman de Hans Falladamise en scène Luk Perceval Seul dans Berlin est un roman de Hans Fallada publié en 1947 à Berlin-Est. Il évoque la résistance allemande au régime nazi et les conditions de survie de citoyens allemands pendant la Seconde Guerre mondiale . Il est fondé sur l'histoire réelle de Otto et Elise Hampel exécutés le 8 avril 1943 à la prison de Plötzensee pour des actes de résistance et dont le dossier à la Gestapo a été transmis à Hans Fallada après la guerre.

« Le Führer a tué mon fils ! »

Dans un immeuble de la rue Jablonski à Berlin, les destins se croisent et se séparent. L’immeuble est une communauté involontaire qui rassemble une partie de la société allemande, ses nazis, ses délateurs, un juriste libéral, une rescapée juive et tous ceux qui essaient juste de vivre en se tenant à l’écart d’un système aussi envahissant.

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Nous découvrons ici les Quangel, modeste famille ouvrière, Otto le père est ébéniste et contremaître, Anna femme au foyer. Otto le fils est soldat. Nous sommes en 1940 et la campagne de France se termine.Le destin des Quangel bascule, lorsqu’ils apprennent le décès de leur fils. A cette date, peu de familles allemandes ont encore été touchées par la guerre, et ce choc entraînera les Quangel dans une résistance tragique.

Seul dans Berlin
Seul dans Berlin
© Kraft Angerer

Otto Quangel n’est pas en soit un personnage éminemment sympathique, son visage en lame de couteau, son profil en bec d’aigle ne sont pas avenants. Il n’est pas sociable et évite d’adhérer au parti nazi pour économiser les cotisations.Toutefois il n’approuve pas les persécutions nazies, il perçoit la forêt des magouilles où s’abritent les « faisans dorés », les bonzes bien nourris du parti, sanglés dans leurs uniformes jaunes. Pourtant « Quangel aime sa petite vie bien régulière : les journées de travail toutes semblables, avec le moins d’événements sortants de l’ordinaire !... Même le dimanche lui pèse, …» (Hans Fallada – Seul dans Berlin) Plus qu’un individualiste, il est resté un individu. Son individualité se reflète dans sa lucidité, son courage et sa volonté, qualités qui l’emporteront vers les chemins périlleux de l’action et de la résistance. Le choc de la mort du jeune Otto, bouleverse tellement Anna sa mère, qu’elle apostrophe son mari « Tout cela c’est vous qui l’avez préparé, avec votre misérable guerre, toi et ton Führer !». Désespérée Anna veut désormais que des choses changent dans sa vie, tandis qu’Otto, dont l’expression des sentiments n’est pas le fort, n’en est pas moins résolu. C’est lui qui va imaginer une résistance originale, écrire des cartes postales qu’il disséminera dans les escaliers d’immeubles. Ce projet semble d’abord dérisoire à Anna : « Que voulait-il faire, quelque chose de calme, qui ne pouvait en rien troubler sa tranquillité. Il voudrait écrire des cartes. Des cartes postales avec des appels contre la guerre, le Führer et le parti pour éclairer ses semblables. C’est tout… Et ces cartes, il ne comptait nullement les envoyer à des gens bien déterminés, ni les coller sur les murs comme des affiches. Non il voulait simplement les déposer dans les escaliers des immeubles où il y avait beaucoup d’allées et venues, les abandonner là, sans aucunement savoir qui les ramasserait, ni si elles ne seraient pas immédiatement foulées aux pieds ou déchirées …. »Mais Otto ne l’entend pas ainsi et lorsqu’elle l’apostrophe : « Ce que tu veux faire, Otto, n’est-ce pas un peu vain ?

Seul dans Berlin
Seul dans Berlin
© Kraft Angerer

« il répond calmement : « Que ce soit vain ou non, Anna, s’ils nous attrapent, ça nous coûtera la tête…Mais nous devons être rusés et prudents…Plus longtemps nous combattrons, plus longtemps nous agirons…Il ne sert à rien de mourir trop tôt…Nous devons vivre : assister encore à leur chute. Alors nous pourrons dire : Nous étions aussi de la partie. »Le roman raconte donc comment entre 1940 et 1942, le couple Quangel a distribué plus de 260 cartes postales et lettres écrites à la main et déposées dans des cages d’escalier d’immeubles choisis arbitrairement. Seul dans Berlin raconte la vie de gens ordinaires d'un immeuble de Berlin. À travers les histoires de ces personnages, c'est toute la société allemande qui apparaît. Des logements d’ouvriers, des arrières cours, des guinguettes, puis la prison de Plötzensee forment l’arrière fond des cette chasse à l’homme dans un Berlin en ruines pour laquelle la scénographe Annette Kurz a construit un gigantesque plan de Berlin fait d’environ 4000 ustensiles et articles de maison de l’époque. La mise en scène de Luk Perceval se découpe en trois parties : l’entrée en résistance du couple ; la recherche des coupables par la gestapo ; leur arrestation, l’internement et la mort du couple dans la terrible prison de Plötzensee. Le roman de Hans Fallada (1893-1947) est basé sur le dossier du procès du couple Elise et Otto Hampel, condamnés à mort en 1943. Hans Fallada s’intéressait surtout à l’engagement naïf et désintéressé de ces gens simples, dont les cartes -en partie mal orthographiées- ont été conservées. C’est le premier roman sur la résistance allemande écrit par un auteur qui n’avait pas émigré. Il écrit ces 899 pages en quatre semaines, interrompues par des séjours dans une clinique psychiatrique. Il meurt avant la publication de son roman (Jeder stirbt für sich allein), roman qui est, selon Primo Levi, « l'un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie ». ‘Un livre plein de tristesse mais aussi plein de la grandeur humaine : Rester honnête ou mourir ? Non, rester honnête et mourir !’ (Annonce de l’édition Aufbau-Verlag, 1946)

Seul dans Berlin
Seul dans Berlin
© Kraft Angerer