"Si c'est bon pour les Français" : ces personnalités LREM prêtes à discuter avec le RN

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"Si c'est bon pour les Français" : ces personnalités LREM prêtes à discuter avec le RN

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Eric Dupond-Moretti, Richard Ramos et Céline Calvez ont fait part de leur volonté de discuter avec toutes les oppositions à l'Assemblée Nationale.
Eric Dupond-Moretti, Richard Ramos et Céline Calvez ont fait part de leur volonté de discuter avec toutes les oppositions à l'Assemblée Nationale.
© AFP - EMMANUEL DUNAND/ MAXPPP - PHOTOPQR/REPUBLIQUE DU CENTRE/IP3 PRESS

Deux députés de la coalition Ensemble! et un ministre ont fait part sur les plateaux TV, de manière plus ou moins directe, de leur volonté de travailler avec le Rassemblement national sur certains textes au Parlement. Des propos qui ont suscité de vives réactions, surtout à gauche.

Depuis l'annonce des résultats des élections législatives, deux députés Ensemble! et le ministre de la Justice se sont exprimés sur des plateaux de télévision, évoquant la possibilité de travailler avec le Rassemblement national, qui réalise lui une percée à l'Assemblée. Le garde des sceaux Eric Dupond-Moretti, la député des Hauts-de-Seine Céline Calvez et le député du Loiret Richard Ramos ont fait savoir qu'ils n'y étaient pas opposés, au vu des blocages attendus pour faire passer des réformes. Ce dimanche 19 juin, l'alliance de la majorité n'a obtenu qu'une majorité relative au Parlement, ce qui va considérablement compliquer son travail.

Eric Dupond-Moretti : "C'est à l'Assemblée nationale que nous verrons comment nous essayons d'avancer ensemble"

Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice reconduit sous le gouvernement Borne, a pris la parole sur BFMTV à l'issue du second tour des élections législatives. Lors d'un débat où il faisait notamment face à Thierry Mariani, eurodéputé ex-LR qui a rejoint le Rassemblement national, il a déclaré : "je prends acte de la progression du Rassemblement national (…) On vous verra (…) Je le dis sans forfanterie, c'est au pied du mur qu'on voit le maçon", invitant les Français à juger le travail législatif et les choix de vote des députés RN, notamment sur "un certain nombre" de textes "qui sont consensuels, qui font avancer les choses et dont nos compatriotes ont besoin", déclare-t-il.

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"Pardon, mais vous dites que vous pourriez discuter sur tel ou tel texte avec le Rassemblement national par exemple ?", l'interrompt le journaliste Maxime Switek, ce à quoi Eric Dupond-Moretti répond : " Vous savez, quand on propose un texte, il y a un certain nombre d’amendements. Parfois, ils sont présentés par milliers pour bloquer le système. Est-ce que c’est ça que veulent les Français ? Je pense que non. Ils veulent en revanche incontestablement qu’on puisse avancer avec beaucoup de bon sens",  déclare-t-il.

"Je dis maintenant que ce n'est plus un programme qui sera présenté sur les différents plateaux, c'est en réalité à l'Assemblée nationale que nous verrons et que nos compatriotes verront comment nous, nous essayons d'avancer ensemble", poursuit le garde des Sceaux.

Maxime Switek lui demande une dernière clarification : "Éric Dupond-Moretti, à plusieurs reprises vous vous êtes opposés frontalement au Rassemblement national. Ce soir, sur ce plateau, par deux fois vous vous êtes tournés vers Thierry Mariani, pour dire : "peut-être que sur certains textes on pourrait se rejoindre ?'" "On va être clair", répond l'intéressé, "je combats et je combattrai le Rassemblement national. Je le fais depuis 30 ans, je ne vais pas revenir ici là-dessus", pose-t-il. "Mais c'est les Français qui peuvent avoir besoin d'un vote" conclut-il, évoquant plusieurs textes liés à la sécurité et à la justice, qui, réitère-t-il, "peuvent faire consensus. c'est l'intérêt des Français !"

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En 2021, l'avocat pénaliste de formation s'était présenté aux élections régionales dans les Hauts-de-France, notamment pour défier le Rassemblement national. Il avait alors qualifié ce parti de "véritable danger pour la démocratie, qu'il s'agisse de sa déclinaison nationale ou régionale".

Ce mardi soir, l'entourage du ministre fait savoir que les propos d'Eric Dupond-Moretti auraient été mal interprétés : "Il n’a jamais dit cela. Il a toujours combattu le Front national. Contrairement aux caricatures qui ont pu être faites, le garde des Sceaux a appelé les oppositions à prendre leur responsabilité pour faire avancer le pays dans l’intérêt des Français. Il a critiqué les oppositions de blocage qui ne sont pas constructives. On verra texte par texte ce que font les oppositions."

Céline Calvez : "Si c'est bon pour les Français, on va aller chercher ces voix-là"

Invitée de l'émission C ce soir sur France 5, au lendemain du scrutin législatif, la député élue dans la 5e circonscription des Hauts-de-Seine a déclaré : "Quand on a besoin d'avoir une majorité et si c'est bon pour les Français, on va aller chercher ces voix" du Rassemblement national.

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Face aux vives réactions concernant ses propos, Céline Calvez a répondu dans un nouveau tweet publié ce mardi 21 juin : "Que les choses soient claires : jamais aucune compromission envers le RN, avec lequel je ne partage aucune valeur. Les oppositions devront aussi prendre leurs responsabilités, loin des blocages, des jeux de posture, et ce pour l’avenir de la France."

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Richard Ramos : "Il faut respecter les Français" qui ont voulu "un Parlement qui arrive, sujet par sujet, à travailler ensemble"

Ce mardi 21 juin, c'est Richard Ramos, député MoDEM (Ensemble!) dans le Loiret qui a évoqué la possibilité de travailler avec le Rassemblement national, durant un débat sur LCI. Thomas Ménagé, un autre député du Loiret élu sous l'étiquette RN, a pris la parole avant lui, lui tendant une perche et faisant part de sa volonté de travailler avec le groupe de la majorité : "J'espère qu'on pourra travailler ensemble pour porter les sujets qu'on a défendus tous et toutes sur le terrain. Nous, aujourd'hui, on a une ligne très claire, on n'est pas dans une opposition systématique, on n'est pas comme la Nupes, qui, dès le lendemain veut déjà déposer une motion de censure sans même savoir qui sera le premier ministre", a-t-il taclé.

Le journaliste demande donc aux deux hommes, qui semblent très "constructifs" dans leur démarche, si "en tant que députés de la même région, vous avez une envie de travailler ensemble ?". Richard Ramos répond : "Mais oui, parce qu'il faut respecter les Français. Le groupe le plus important c'est celui de la majorité présidentielle, mais je ne veux pas d'une gouvernance jupitérienne", commence-t-il, en référence au précédent mandat. "Je veux que le Parlement retrouve toute sa capacité à agir". Selon lui, "ceux qui voteront toujours contre [les textes de la majorité] et qui voudront fracturer la démocratie" seront "les gens qui n'ont pas répondu à ce qu'on voulu les Français : un Parlement qui arrive sujet par sujet à travailler ensemble", taclant lui aussi la Nupes.

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Réactions massives de la gauche

Les réactions de la gauche ont été nombreuses. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a partagé les propos de Céline Calvez, commentant : " Quand la boussole indique l’extrême-droite, le naufrage n’est plus qu’à quelques mètres… ". Le député du Nord et candidat communiste à l'élection présidentielle Fabien Roussel a fait de même, en écrivant : "L es masques tombent. Les digues sautent. Les barrages s’écroulent. La fébrilité de LREM les pousse dans les bras de l’extrême-droite. "

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"Je ne sais pas si ça s'appelle extrême droite", déclare François Bayrou à propos du député RN Philippe Ballard

Lors du débat d'entre deux-tours des élections législatives, organisé sur France 2 le 16 juin dernier, François Bayrou, patron du MoDem a été invité à débattre avec Mathilde Panot, député LFI-Nupes dans le Val-de-Marne (réélue), Jean-François Copé, maire de Meaux, et Philippe Ballard, ancien journaliste de LCI élu depuis député de la 2e circonscription de l'Oise.

Après cinquante minutes d'échanges, le débat tourne autour de la structure de l'échiquier politique, à droite comme à gauche. " La différence entre vous et moi, c'est que vous vous pensez qu'il n'y a que droite et gauche", lance François Bayrou. "C'est ce qui permet d'éviter les extrêmes", lui répond Jean-François Copé.

"Ce n'est pas vrai qu'il n'y a qu'une gauche, il y en a au moins trois. Ce n'est pas vrai qu'il n'y a qu'une droite", reprend alors François Bayrou, en montrant du bras Philippe Ballard, porte-parole du Rassemblement national. "Ce n'est pas la droite, Monsieur Ballard, c'est l'extrême-droite", coupe Jean-François Copé. "Non, ben bon", se défend Phillipe Ballard. "Ben si !", reprend Jean-François Copé.

François Bayrou (à droite), montre le député RN Philippe Ballard, dont il "ne sait pas" si "ça s'appelle extrême-droite".
François Bayrou (à droite), montre le député RN Philippe Ballard, dont il "ne sait pas" si "ça s'appelle extrême-droite".
© Radio France - Capture d'écran France 2 / DR

Le désormais député du RN se justifie : "Il y a des définitions de l'extrême-droite, c'est (…) refuser le débat démocratique", commence-t-il. Il prend l'exemple des élections législatives de 2017, où il y a eu, dit-il "11 millions de voix pour Marine Le Pen au deuxième tour, 7 députés à l'arrivée". "Est-ce qu'il y a eu des militants qui ont marché sur l'Assemblée Nationale, est-ce qu'on a vécu le 6 février 34 ?", interroge-t-il, "Alors arrêtez avec l'extrême-droite", lance-t-il à Jean-François Copé.

"Je ne sais pas si ça s'appelle extrême-droite", souhaite conclure le président du MoDem. "Ça c'est la meilleure de l'année, vous faites une concession à l'extrême droite ", le coupe de nouveau Jean-François Copé. "Non, ce que j'appelle extrême-droite, et c'est pour ça que je prenais M. Ballard à témoin, c'est d'introduire dans le débat public en France, des notions de haine et d'irrespect, qui est la responsabilité du Front National ", poursuit le centriste. Il fait savoir à Philippe Ballard qu'il trouve par exemple "déguelasses", les propos ironiques qu'aurait tenu le porte-parole du Rassemblement National Julien Odoul (investi par le parti et élu depuis député de l'Yonne) au sujet du suicide d'un agriculteur.  Libération dit avoir écouté un enregistrement audio de cette blague sordide ; Julien Odoul a toujours contesté son existance. "Il y a des gens, dont je suis, qui considèrent que ce propos est déguelasse, et aurait dû de votre part, mériter une mise à l'écart", conclut François Bayrou.

"On doit pouvoir discuter avec tout le monde", estime Barbara Pompili

Interrogée par  Public Sénat sur les propos d'Eric Dupond-Moretti, Barbara Pompili, ex ministre de la Transition écologique, a réagit ce lundi : "Je doute qu’on arrive à trouver des compromis avec le RN. Je continuerai toujours à combattre leurs idées. Maintenant, sur un certain nombre de sujets, peut-être. On ne peut pas se permettre de se refermer. On doit pouvoir discuter avec tout le monde", a-t-elle assuré. Réélue ce dimanche député de la 2e circonscription de la Somme, Barbara Pompili est candidate à la présidence de l'Assemblée nationale.

"Pourquoi on discuterait moins avec le RN qu'avec LFI ?", s'interroge Sylvain Maillard auprès de Public Sénat

Face à toutes ces réactions, Public Sénat a interrogé Sylvain Millard, député réélu dans la 1e circonscription de Paris. "Pourquoi on discuterait moins avec le RN qu'avec LFI ?", s'interroge-t-il. "Les Français ont demandé à ce qu’on soit plus ouverts pour aller chercher des majorités à chaque fois sur chaque projet de loi, que ce soit le RN, ou avec tous", déclare-t-il par ailleurs, ajoutant, "c’est ça, ou on dissout". Une ligne finalement proche de celle du gouvernement qui dans l'entre deux-tours avait renvoyé dos-à-dos les "extrêmes".

"Pas de contrat de gouvernement avec le RN", nuance Guérini

Face à ces prises de position, Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, a nuancé sur RTL. "Nous n'avons pas vocation à faire une sorte de contrat de gouvernement avec le RN ou avec quiconque", a déclaré le ministre. En revanche, le groupe de la majorité va selon lui "négocier (…) pas simplement avec les Républicains, [mais] avec tous les bancs de l'hémicycle, [avec] toutes celles et ceux qui trouveront un intérêt à faire avancer les réformes bonnes pour le pays".

Lacovelli, Véran  : des voix de la majorité contre l'idée d'une "compromission" avec le RN

En revanche, plusieurs voix de la majorité se sont prononcées contre cette idée de discuter avec le Rassemblement national. Le sénateur Xavier Iacovelli a rappelé à Public Sénat que "négocier avec le RN" constituait sa "ligne rouge". Olivier Véran, réélu député et ministre des relations avec le Parlement a ajouté qu'il "n'appelle pas des députés LFI ou RN", lorsqu'il essaye d'agrandir le socle de la majorité au Palais Bourbon. "Que les choses soient claires, on ne discute pas avec le RN", a enfin tonné, toujours à Public Sénat, le président du groupe LREM (désormais nommé RDPI) au Sénat, François Patriat.