Siège de Marioupol : "Les gens essayent de survivre, et tous n'y parviennent pas"
Par Camille Magnard
La ville ukrainienne de Marioupol est assiégée par l'armée russe depuis deux semaines. 40 000 habitants y survivent depuis sous les bombes, réfugiés dans des caves avec des réserves de nourriture qui s'épuisent comme les esprits et les corps. 2200 civils sont morts depuis le début du siège. Témoignage.
Nastya a 35 ans, dont une quinzaine à enseigner le français aux étudiants de Marioupol. Le 25 février, au lendemain du déclenchement de l'invasion russe, dès les premiers bombardements, elle a décidé de quitter la ville avec sa fille de 6 ans ainsi qu'une amie et ses enfants, pour se réfugier à Bucarest en Roumanie.
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Immeubles détruits
Sa mère de 74 ans a refusé de quitter son appartement ; son mari, ingénieur à la grande usine mettalurgique Azovstal, n'a pas pu les suivre, retenu par la mobilisation générale. Depuis, il s'est engagé comme volontaire et parcourt la ville, malgré les bombes et les snipers, pour rendre des menus services aux combattants qui défendent Marioupol :
Comme il se déplace beaucoup, mon mari arrive à trouver des endroits où il y a une connexion suffisante pour m'appeler, ou m'envoyer des photos qui sont juste terribles.
Parmi les plus récentes, il y a des photos de leur immeuble, de leur appartement détruit par un bombardement. Les voisins de Nastya, comme la plupart des habitants de Marioupol, vivent terrés dans des sous-sols et ne mettent que rarement le nez dehors.
C'est vraiment dangereux de quitter les caves. Mais quand même, quand les bombardements cessent les gens sortent dans leur cour pour faire à manger sur des feux, car il n'y a plus d'électricité ni de gaz dans les appartements détruits. Certains avaient des réserves de nourriture, des conserves ou des confitures dans leurs caves, mais tout ça s'épuise, la nourriture commence à manquer terriblement. Et pour avoir de l'eau à boire, les habitants en sont réduits à faire fondre de la neige.
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Morts de froid, de faim
Ce qui fait enrager Nastya plus que tout, ce sont ces soixante autobus chargés d'aide alimentaire qui sont bloqués sur la route depuis une semaine, parce que les Russes ne les laissent pas rejoindre la ville. Depuis son exil roumain, elle parcourt sans cesse les réseaux sociaux pour y trouver des images de son quartier en guerre. Une vidéo en particulier l'a choquée ces derniers jours.

On y voit des hommes creuser un trou, dans un petit jardin entre deux immeubles :
Oui, les gens sont obligés d'enterrer leurs voisins morts dans leur cour, c'est horrible.
La municipalité de Marioupol estime que 2200 civils sont morts depuis le début du siège, victimes des combats mais aussi, de plus en plus, de fatigue, de froid ou de faim. Sur d'autres vidéos diffusées par des chaines internationales, on voit des volontaires comme le mari de Nastya jeter des corps sans vie dans des fosses communes creusées à la va-vite.
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Ce mardi, deux mille véhicules ont pu quitter Marioupol par la route par un couloir humanitaire.