[SIGNAUX FAIBLES] Le conflit gronde entre la Grèce et la Turquie en Méditerranée orientale
Par Rédaction Internationale
Chaque semaine, France Inter se penche sur les signes avant-coureurs de l'actualité internationale. Au programme ce vendredi : un conflit gréco-turque en Méditerranée qui pourrait bien s'envenimer, la jeunesse thaïlandaise dans la rue, et le ciel arabe qui s'ouvre à Israël.
Comment se profile l'actualité internationale des semaines à venir ? Les tensions montent de jour en jour en Méditerranée entre la Grèce et la Turquie, qui ont déployé des navires de guerre. En Thaïlande, le mouvement pro-démocratie ne faiblit pas. Puis, après l'Arabie saoudite, c'est Bahreïn qui ouvre son espace aérien à Israël, dans la foulée de la normalisation des relations entre l'État hébreu et les Émirats arabes unis.
Turquie et Grèce à couteaux tirés sur le partage des eaux
Une situation particulièrement "volatile et inquiétante" : c'est en ces termes que le président chypriote Nicos Anastasiades décrivait le climat politique en Méditerranée orientale ce vendredi. Des navires de guerre grecs et turcs, auxquels se sont joints quelques autres bâtiments de guerre, notamment occidentaux, cerclent en effet au large de Chypre, à proximité des côtes grecques ou en mer de Libye depuis le début du mois d'août, alimentant une tension que se renforce de jour en jour.
Une concertation sous égide du Pacte atlantique devait réunir Grecs et Turcs, tous deux alliés au sein de l'Otan, pour tenter de faire baisser ces tensions. Elle a été dénoncée par la partie grecque, qui refuse tout pourparlers avec Ankara, "tant que la Turquie ne cessera pas ses provocations", a lancé le chef du gouvernement grec Kyriakos Mitsotakis.

De précédentes négociations gréco-turques avaient été rompues début août, après la signature d'un nouvel accord gréco-égyptien délimitant les Zones économiques exclusives (ZEE) des deux pays en Méditerranée ; une délimitation qui fait fi de l'accord turco-libyen conclu au début de l'année sur un même partage de leurs ZEE respectives. En clair : les deux accords bilatéraux sont exclusifs l'un de l'autre, chacun recouvrant, au moins pour partie, les zones maritimes délimitées par l'autre.
Le 11 août, la Turquie reprenait donc ses opérations d'exploration gazière et pétrolières dans des eaux que Chypre ou la Grèce revendiquent comme les leurs, les deux bâtiments de recherche dûment escortés par une flottille militaire turque. Fin août, les marines grecque et turque organisaient des manœuvres militaires rivales dans la région, chacune flanquée de ses alliés respectifs (l'Italie et la France pour les Grecs, la Russie et les États-Unis pour les Turcs). La France installait également à Chypre une paire de chasseurs-bombardiers Rafale, au titre d'un accord de défense tout nouvellement mis en œuvre avec l'île.
L'Union Européenne, qui a également pris le parti gréco-chypriote dans cette affaire, menace la Turquie de nouvelles sanctions si des progrès n'étaient pas constatés dans le dialogue avec Athènes... tout en proposant l'idée d'une conférence multilatérale sur la Méditerranée orientale. Sanctions et conférence figureront au menu du sommet EuroMed des sept pays méditerranéens de l'Union, jeudi prochain à Ajaccio.
La rue thaïlandaise demande des réformes démocratiques
Nouvelle manifestation ce samedi en Thaïlande. Le mouvement pro-démocratie, qui a rassemblé cet été dans les rues, notamment à Bangkok, jusqu’à 20.000 personnes, continue de réclamer la démission du gouvernement et la dissolution du parlement. Et nouveauté par rapport aux protestations des années précédentes : la grogne populaire s’attaque à l’institution monarchique. Le mouvement, principalement conduit par les étudiants, reproche au roi une attitude qui "méprise son peuple".
Contrairement à son père, l’actuel monarque, le roi Rama X, n’est ni aimé, ni respecté. Et la jeunesse ose s’élever contre lui tout en restant prudente. Elle n’appelle pas publiquement à se débarrasser de la monarchie – les crimes de lèse-majesté sont lourdement condamnés – mais demande de profonds changements politiques. Pour l’instant les militaires n’ont pas réprimé les étudiants, qui, pour la plupart, appartiennent à la bourgeoisie thaïlandaise. Mais jusqu’à quand ?
Le ciel arabe s’ouvre à Israël : après l’Arabie saoudite, Bahreïn

Conséquence de la normalisation des relations entre les Émirats arabes unis et Israël signée le 13 août dernier : la première liaison aérienne commerciale directe entre Tel-Aviv et Abou Dhabi a ouvert de nouvelles perspectives. Pour les États signataires, mais aussi pour leurs voisins, les routes aériennes précédent la diplomatie : mercredi, l'Arabie saoudite autorisait le survol de son espace aérien "en direction et en provenance de tous les pays à la demande des Émirats", et jeudi, Bahreïn faisait de même.
Une démarche singulière, qui ne doit pas laisser penser que la position de ceux qui conditionnent l'établissement de relations diplomatiques avec Israël à un accord de paix israélo-palestinien a changé : "Les positions fermes et permanentes du royaume à l'égard de la cause palestinienne ne changeront pas par l'autorisation du survol de son espace aérien", a tweeté mercredi le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal Ben Farhane.
En bref : crainte d'une marée noire dans l'Océan Indien, et récession en Australie
Au Sri Lanka, un pétrolier battant pavillon panaméen était encore vendredi la proie des flammes au large du pays, pour la deuxième journée d'affilée, aggravant les craintes d'une marée noire de grande ampleur dans l'océan Indien. La deuxième catastrophe de ce type en à peine plus d’un mois, après celle qui, depuis le 25 juillet, ravage les côtes de l’île Maurice.
En Australie, l’économie de l’île-continent est entrée en récession pour la première fois depuis 1991. Le PIB australien, qui avait même résisté à la crise financière de 2008, a reculé de 7% au deuxième trimestre à cause de l'épidémie de Covid-19, selon des chiffres officiels publiés cette semaine.