[SIGNAUX FAIBLES] Le Kirghizstan, nouveau sujet d'inquiétude pour Moscou

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[SIGNAUX FAIBLES] Le Kirghizstan, nouveau sujet d'inquiétude pour Moscou

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Des partisans du nationaliste Sadyr Japarov, le nouveau Premier ministre kirghize, affrontent les partisans du président Almazbek Atambayev à Bishkek, le 9 octobre.
Des partisans du nationaliste Sadyr Japarov, le nouveau Premier ministre kirghize, affrontent les partisans du président Almazbek Atambayev à Bishkek, le 9 octobre.
© AFP - Vyacheslav Oseledko

Chaque semaine, France Inter se penche sur les signes avant-coureurs de l'actualité internationale. Au programme ce vendredi : avec le Kirghizstan, c'est un nouveau satellite de la Russie qui s'embrase. Moscou restera-t-il impassible face au renversement du régime pro-russe de Bichkek ?

Il n'a pas fallu plus de trois jours, après une élection législative, le dimanche 4 octobre, considérée comme truquée par l'opposition, pour que le Kirghizstan sombre dans la révolution. L'opposition a envahi les bâtiments du pouvoir, en particulier la "Maison-Blanche", qui regroupe le Parlement et le siège du gouvernement. Elle est toujours occupée aujourd'hui par plus de 6 000 personnes, et des factions politiques rivales s'affrontent dans les rues de la capitale Bichkek.

Au Premier ministre Koubatbek Boronov, qui a été contraint à la démission, a succédé l'opposant nationaliste Sadyr Japarov, sorti de prison par les manifestants. L'ancien Président de la République, Almazbek Atambaïev, emprisonné depuis 2019, a lui aussi été libéré. Il avait été emprisonné par le régime de son rival, le président pro-russe, Sooronbaï Jeenbekov, qui, désormais, est menacé.

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Depuis le début de la semaine, la crise a fait un mort et 300 blessés, alors même que le président assure avoir interdit aux forces de l'ordre d'ouvrir le feu sur la foule. Sooronbaï Jeenbekov, qui n'est pas apparu en public depuis lundi, a annoncé tôt vendredi matin qu'il était "prêt" à quitter son poste "lorsque des autorités légitimes auront été approuvées et que nous serons de retour sur la voie de la légalité".

Le Kirghizstan, un lointain satellite de Moscou.
Le Kirghizstan, un lointain satellite de Moscou.
© Radio France - Rédaction internationale

Cette révolution au Kirghizstan n'est pas pour rassurer Moscou, décidément à la peine pour imposer durablement ses poulains. En 2005, la "Révolution des Tulipes" avait chassé le président Askar Akaïev, qui, après quatorze ans au pouvoir, avait dû fuir précipitamment vers la Russie. Cinq ans plus tard, en 2010, la rue kirghize s'embrasait à nouveau : la foule en colère avait envahi les prisons et libéré les opposants, tandis que celui qui les avait embastillés, le président Kourmanbek Bakiev, s'exilait au Bélarus. 

Pour la Russie, la crainte est grande de voir d'autres satellites lui échapper. Après le Kirghizstan, un pays malgré tout plus démocratique que ses voisins de l'Asie centrale, à qui le tour ? L'Union économique eurasiatique, qui, autour de Moscou, réunit notamment l'Arménie, la Biélorussie et le Kirghizstan, devient un sérieux sujet d'inquiétude. 

Retour en grâce pour le Mali

Depuis le coup d'État militaire du 18 août dernier, qui avait mis fin au régime du président Ibrahim Boubacar Keïta, l'Union africaine avait suspendu le Mali. Après la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le 6 octobre, l'organisation continentale vient de lever ses sanction, "au vu des récents développements politiques positifs", précise son Conseil de Paix et de Sécurité.

"La République du Mali est [désormais] autorisée à participer pleinement à toutes les activités de l'Union africaine."

Ces dernières semaines, les militaires qui ont renversé le président Keïta, officiellement sans effusion de sang, se sont engagés à rendre le pouvoir à des dirigeants civils élus au terme d'une période de transition d'une durée maximale de 18 mois.  Comme le réclamait la communauté internationale, ils ont désigné un civil, Bah Ndaw, pour présider cette transition et ont renoncé à ce que son vice-président, qui n'est autre que le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, puisse le remplacer en cas d'empêchement. 

La Biélorussie de plus en plus isolée

La Biélorussie doit comprendre que les pressions diplomatiques sur les États membres de l'Union européenne ne vont pas aider au dialogue ni à engendrer des résultats positifs.

Entre Minsk et la Roumanie, le torchon brûle. Bucarest a annoncé vendredi, par la voix de son chef de la diplomatie Bogdan Aurescu, le rappel pour consultations de son ambassadeur en Biélorussie "en signe de solidarité" avec la Pologne et la Lituanie, d'où la Biélorussie a rappelé ses ambassadeurs à la fin de la semaine dernière.

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Le régime d'Alexandre Loukatchenko, qui accuse Vilnius et Varsovie de soutenir les manifestations qui secouent le pays depuis l'élection présidentielle contestée du 9 août, entendait aussi protester contre des sanctions européennes visant des fonctionnaires biélorusses accusés de fraude électorale et de violations des droits de l'Homme.  

La Roumanie est le sixième pays d'Europe centrale et de l'est à rappeler son ambassadeur à Minsk, après l'Estonie, la Lettonie, la République tchèque, la Slovaquie et la Bulgarie. L'ambassadeur roumain, Viorel Mosanu, avait figuré parmi les diplomates européens qui s'étaient rendus en septembre au domicile de Svetlana Alexievitch, lauréate du prix Nobel de littérature, pour exprimer leur soutien à cette opposante au régime de Minsk harcelée par la police et intimidée par des inconnus. 

En bref : télétravail total chez Microsoft et violences policières à Lagos

Chez Microsoft, les employés pourront désormais faire le choix de travailler depuis leur domicile de façon permanente. En contrepartie, précise le site d'informations spécialisées dans les hautes technologies The Verge, ils devront renoncer à leur espace de travail dédié dans les locaux de l'entreprise.

Pour le deuxième jour consécutif, les violences policières ont jeté des centaines de personnes dans les rues de Lagos, au Nigeria. La contestation est née sur les réseaux sociaux, autour du hashtag #EndSARS, après la diffusion d'une vidéo devenue virale, contestée par les autorités, montrant des agents présumés de la Brigade spéciale de répression des vols (Sars) tuant un homme. 

À réécouter : Sous les radars