SNCF : menacé par la réforme, que prévoit vraiment le statut de cheminot ?

Comme préconisé par le rapport Spinetta, Edouard Philippe annonce la fin prochaine des recrutements au statut de cheminot. Mais de quels avantages bénéficient les personnels de la SNCF ?
A la SNCF, il s’appelle officiellement "RH0001". Le statut de cheminot fixe depuis le début du siècle dernier une liste de garanties collectives : conditions d’embauche, rémunération, carrières, congés, sanctions disciplinaires, etc.
92 % des 150 000 salariés de la SNCF bénéficient de ce statut, un acquis social - pour les syndicats - qui ne sera plus proposé à l'embauche "à l'avenir", a annoncé le premier ministre.
L’emploi à vie
Le statut de cheminot prévoit avant tout l’emploi à vie. A moins de commettre une faute grave, un salarié de la SNCF ne peut pas être licencié.
Il y a deux conditions pour en bénéficier : être embauché avant 30 ans et réussir une période d’essai bien plus longue que la moyenne (jusqu’à 2 ans et demi pour les jeunes cadres, contre 2 à 4 mois pour un CDI classique).
Après 30 ans, la SNCF recrute en droit privé.
Plus de congés, des salaires plus élevés mais disparates
Pour dénoncer les "intox", la SNCF elle-même a mis en ligne un article sur son site internet pour préciser les conditions de travail des cheminots.
Ils bénéficient de 28 jours de congés payés par an (essentiellement les 5 semaines réglementaires), soit un jour de plus que ce que prévoit le Code du travail.
S’ajoutent un nombre de RTT qui varie en fonction des rythmes de travail. Les personnels administratifs ont droit à 10 RTT par an, contre 22 pour les conducteurs de train et 28 pour les agents qui travaillent la nuit.

Un cheminot gagne en moyenne 3 173 euros bruts par mois, d’après la SNCF. C’est un peu plus que la moyenne nationale (2 912 euros), et nettement plus que les seuls salariés du public (2 469 euros).
Mais il existe d'importants écarts en fonction des postes : un garde-barrière ou un contrôleur en début de carrière touche environ 1 850 euros brut, un agent de conduite de TER gagne 2 623 euros, et jusqu'à 8 993 euros pour les cadres supérieurs en contrats privés. Plus de 60% des cheminots touchent moins de 3 000 euros bruts (chiffres communiqués par la SNCF).
Des retraites qui s'alignent de plus en plus sur le privé
Aujourd’hui, les cheminots peuvent partir à la retraite dès 52 ans (pour les conducteurs) ou 57 ans (pour les « sédentaires »), contre 62 ans pour les salariés affiliés au régime général.
Cette retraite est calculée avantageusement (75% du salaire des 6 derniers mois, au lieu des 25 meilleures années dans le privé).
En revanche, la durée de cotisation a augmenté (de 37,5 à 41,5 ans), depuis la réforme de 2008. A terme, les cheminots cotiseront aussi longtemps que les autres (43 ans). Le taux de cotisation augmente lui aussi, et les mécanismes de décote et surcote se rapprochent du privé.
La pension moyenne d’un cheminot retraité atteint 1 940 euros bruts par mois. C’est plus qu'un retraité du privé (1 760 euros) mais c’est légèrement moins que pour les fonctionnaires (2 015 euros) et moins que pour les agents de la RATP, qui bénéficient eux aussi d’un régime spécial (2 230 euros).
Pas spécifiquement abordé par le rapport Spinetta ni par Edouard Philippe, le régime spécial de retraites des cheminots est pourtant lui aussi menacé. Le président la République l’a promis durant sa campagne, il souhaite un régime universel.
Les billets gratuits
On les appelle « les facilités de transports » : les cheminots bénéficient de la gratuité dès qu’ils montent dans un train, grâce au fameux Pass Carmillon (sur les TGV, ils doivent tout de même payer la réservation, jusqu’à 13 euros).
La gratuité s’applique aussi à leurs conjoints et enfants, dans une limite de 16 voyages par an (et jusqu'à la fin de leurs études pour les enfants).
Les parents… et les beaux-parents de cheminots, eux, bénéficient de quatre billets gratuits chaque année.
D’après la Cour des Comptes, un million de billets sont distribués chaque année à ces conditions pour un coût de 100 millions d’euros (21 millions assure la SNCF).
La SNCF dispose également d’un parc de logements sociaux, comme d’autres grandes entreprises.
Les salariés bénéficient d’un régime de sécurité sociale spécial, avec notamment un accès à des centres médicaux gratuits.
Enfin, contrairement à une idée reçue, non : la prime de charbon – intox qui refait régulièrement surface – n’existe plus depuis… 1961!