
Avant même la tenue des législatives au mois de juin, certains voudraient que le troisième tour de la présidentielle se joue dans la rue
L’affrontement a commencé - du moins en paroles - dès les premières minutes qui ont suivi l’annonce de l’élection d’Emmanuel Macron. Tous les politiques, de droite comme de gauche, ont appelé les Français à leur donner ou redonner, dans quelques semaines dans les urnes, un pouvoir d’opposition, pour contrer à la politique qu’est censé mener le nouveau président élu.
Mais avant même les législatives des 11 et 18 juin, certains voudraient que le troisième tour se joue au plus vite. Dans la rue.
Code du travail avant tout
Après les manifestations qui ont émaillé les navettes de la loi El Khomri, la volonté d’Emmanuel Macron de "simplifier" le droit du travail et d'encadrer le montant des dommages et intérêts accordés par les prud'hommes pour licenciement représente, pour Alexis Corbière, "gratter une allumette" sur un "baril de poudre". D’autant que le nouveau président a prévu de faire cela par ordonnances et durant l’été.
La tâche principale de l'Assemblée nationale élue en juin prochain sera d'autoriser, ou non, le président Emmanuel Macron à légiférer par ordonnances, une procédure permettant à l'exécutif d'éviter de longs débats au Parlement.
En lieu et place des débats, certains imaginent déjà faire parler la rue
Si Jean-Luc Mélenchon prévenait dès dimanche soir "Le programme du nouveau monarque présidentiel est connu : c'est la guerre contre les acquis sociaux du pays et l'irresponsabilité écologique", les organisations syndicales ont d’ores et déjà prévu de manifester car, selon la CGT, c’est "par la mobilisation sociale" qu’on pourra_"rompre avec les politiques libérales"._
Le syndicat précisera sa position mercredi mais plusieurs sections de la CGT, Sud, l'Unef appelaient à manifester dès 14h, place de la République à Paris, pour mettre la pression sur Emmanuel Macron. Et ce sont plusieurs milliers de personnes, selon les organisateurs, qui ont battu le pavé dans le calme à l'appel du collectif "Front social", collectif avait appelé entre les deux tours à "battre les deux candidats" et à "participer à la première mobilisation sociale du quinquennat, que ce soit la peste ou le choléra qui arrive au pouvoir". La manifestation s'est déroulée dans un climat tendu.
Force ouvrière ne fait pas partie du mouvement. Malgré tout, Jean-Claude Mailly a prévenu. "S'il persiste dans l'idée de faire des ordonnances au mois de juillet, cela veut dire qu'il va balayer le dialogue social et la concertation et là, il y aura un problème. Donc, on attend de voir."
Emmanuel Macron avait déclaré qu'il rencontrerait les syndicats avant son investiture. "On n'a pas de date pour le moment" a précisé Jean-Claude Mailly. "Je pense que ce ne serait pas inutile qu'il discute avec les organisations syndicales et le patronat de façon bilatérale, y compris avant de prendre ses fonctions. C'est déjà arrivé, Nicolas Sarkozy c'est ce qu'il avait fait."
Pour l’économiste Nicolas Bouzou, "on peut s'attendre à une mobilisation syndicale et populaire extrêmement forte" contre la réforme du marché du travail.
Un autre dossier extrêmement polémique attend rapidement le nouveau président
François de Rugy, soutien écologiste d’Emmanuel Macron, a indiqué ce lundi qu’une décision serait prise "avant la fin de l’année" sur le projet controversé d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) et que la décision "sera mise en œuvre. On veut sortir de la politique de l’enlisement permanent ou de toujours, du pourrissement des situations." La décision sera prise sur la base du rapport du médiateurqu'il va nommer et qui aura 6 mois pour faire un rapport.