La ville de Mandres-en-Barrois (Meuse) a voté, dans un climat tendu, la cession d'un bois où est prévu l'implantation d'un futur centre d'enfouissement de déchets nucléaires.
Parfois un projet ne tient qu'à un fil. Voire à une parcelle boisée.
L'avenir d'un centre d'enfouissement de déchets nucléaires est en partie suspendue au bois Lejuc, dans la Meuse. L'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) veut racheter une partie de ce terrain situé près de Bure pour Cigéo, le projet gouvernemental qui vise à stocker à 500 mètres sous terre 200 000 colis radioactifs.
Délibérations municipales
Ces parcelles appartiennent à la petite commune de Mandres-en-Barois, qui avait déjà voté à bulletin secret pour leur cession en juillet 2015, en échange d'une forêt située non loin.
Mais le 27 février 2017, le tribunal de Nancy, saisi par quatre habitants, a annulé cette délibération. Le maire de Mandres avait quatre mois pour régulariser le dossier, il a donc convoqué un conseil municipal ce jeudi 18 mai à 20h, déroulé dans un climat tendu.
Et au final, le vote a marqué un point pour le projet de l'ANDRA : Mandres-en-Barrois, ce village de 127 habitants voisin de Bure, a de nouveau voté le sort du bois Lejuc : 6 voix pour l'échange de bois et 5 voix contre. Les opposants à Cigéo annoncent déjà des recours juridiques, et la guérilla administrative se poursuit. En marge de la séance, une centaine d'opposants se sont manifesté, venus d'un peu partout en France.
►ÉCOUTER | "Aujourd'hui, c'est que le pognon!" : Delphine Evenou a rencontré les habitants du village lors du conseil municipal de Mandres-en-Barrois :
ÉCOUTER | "Aujourd'hui, c'est que le pognon!" : Delphine Evenou a rencontré les habitants du village lors du conseil municipal de Mandres-en-Barrois :
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Mobilisation des habitants
Des anti-nucléaires avaient prévu de se rassembler peu avant devant la mairie. Ils dénoncent des conflits d'intérêts, soulignant que plusieurs élus comptent des membres de leur famille employés par l'Andra ou ses sous-traitants. Ils évoquent également des redistributions foncières et des cessions de baux de chasse.
Le bois Lejuc : une nouvelle ZAD
Les opposants sont d'autant plus mobilisés que le 26 avril dernier, le tribunal de Bar-le-Duc (Meuse) a décidé l'expulsion "sans délai" de la vingtaine de personnes qui s'étaient ré-installées sur le site du bois Lejuc à l'été 2016. Ces zadistes, ou plutôt ces "ziradiés" comme l'indique leur compte twitter, ont construit eux-mêmes des cabanes en bois et en tôle, comme à Notre-Dame-des-Landes.
Une marche de "300 000 pas"
Le collectif d'associations opposées à Cigéo organise ce samedi 20 mai un rallye intitulé
"les 300 000 pas".
Trois parcours ainsi que des concerts seront proposés et plus de 2 000 participants sont attendus.
Un geste du gouvernement ?
Certains anti-nucléaires espèrent aussi un geste du nouveau gouvernement et notamment de l'écologiste Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire.
Ils auront certainement les yeux tournés vers Notre-Dame-des-Landes.
Ce jeudi 18 mai, sur France Inter, le premier ministre Edouard Philippe a en effet indiqué qu'un médiateur serait nommé pour étudier
l'épineux dossier de l'aéroport nantais. "Nous prendrons une décision qui sera assumée, qui sera claire", a déclaré le chef du gouvernement.