
L’État a choisi de nationaliser STX France plutôt que d’en confier les clés au groupe italien Fincantieri. C'est une première depuis trente-cinq ans.
C’est Emmanuel Macron qui a tranché. Comme le demandaient la région des Pays de la Loire et les syndicats, les chantiers navals de Saint-Nazaire seront nationalisés. Le ministre de l'Economie l'a annoncé, ce jeudi. Bruno le Maire a toutefois précisé que STX France n'a "pas vocation" à rester dans le giron de l'Etat. L’opération devrait donc être temporaire. L’État, déjà actionnaire à 33%, prendra ainsi le contrôle total de la société de construction navale pour quatre-vingt millions d'euros, financés par l'Agence des participations de l'État.
Cette annonce est la première grande décision du président de la République en matière industrielle. Il évite ainsi aux chantiers de passer sous le giron du groupe public italien Ficantieri, mais les négociations continuent. Le gouvernement souhaite "des garanties que le savoir-faire de STX ne partira pas à l’étranger".
Première nationalisation en France depuis 1982
Ce type d’opérations est né dans l’entre-deux-guerres lorsqu’il faut remettre le pays debout (SNCF, 1938). Elles se multiplient au lendemain de la Seconde guerre mondiale (Banque de France en 1945, RATP en 1949), mais c’est en 1981 que la gauche au pouvoir - sous François Mitterrand - relance les nationalisations. La loi de nationalisation de 1981 - effective en 1982 - a permis d’intégrer dans le secteur public les cinq premiers groupes industriels français (Compagnie générale d’électricité, Péchiney, Rhône-Poulenc, Saint-Gobain et Thomson), trente-neuf banques et deux compagnies financières**. En 1983, un salarié sur quatre travaille dans le secteur public.**
L'économie mixte prend le dessus
Ces nationalisations avaient un caractère stratégique, dans des secteurs qui n’étaient pas en difficulté. L’État s’est ainsi donné les moyens d’intervenir massivement dans le fonctionnement de l’économie pour orienter plus facilement les choix industriels. Mais un grand nombre de ces entreprises seront privatisées lors du retour de la droite, suite aux élections législatives de 1986 et la première cohabitation avec Jacques Chirac.
Depuis, le concept du "ni-ni" est préféré : ni nationalisation, ni privatisation. Ce vaste mouvement se poursuivra dans les années 2000, avec l’ouverture du capital de France Télécom, de Gaz de France, mais aussi la baisse de la participation dans Renault et les privatisations des sociétés d’autoroutes. En 2012, Arnaud Montebourg avait tenté - en vain - de nationaliser temporairement les hauts-fourneaux de Florange (Moselle) d'ArcelorMittal, avant d'être recadré par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.