Sur le site #DoublePeine, déjà plus de 200 récits de mauvais accueil de victimes de violences sexuelles

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Sur le site #DoublePeine, déjà plus de 200 récits de mauvais accueil de victimes de violences sexuelles

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Au commissariat de Lille, un agent prévient une victime de viol qu'elle risque de "gâcher la vie de l'homme" responsable
Au commissariat de Lille, un agent prévient une victime de viol qu'elle risque de "gâcher la vie de l'homme" responsable
© AFP - Julien Pitinome / NurPhoto

Lancé par l'activiste féministe Anna Toumazoff, le hashtag #DoublePeine a donné naissance à un site qui relaie déjà près de 220 témoignages de victimes de violences sexuelles. Elles racontent la prise en charge désagréable voire traumatisante qu'elles ont connue de la part des forces de l'ordre.

La semaine dernière, après avoir reçu de nombreux témoignages sur les réseaux sociaux, la militante féministe Anna Toumazoff décidait de lancer le hashtag #DoublePeine. "Sans grande surprise, nous avons reçu en 24h plus de mille témoignages de situations qui révèlent une véritable double peine", explique dans un communiqué le collectif #DoublePeine qui a été créé dans la foulée.

Avec la journaliste Constance Vilanova, le collectif #NousToutes, ainsi que les activistes de la boutique Mauvaise compagnie, des comptes Préparez-vous pour la bagarre et Balance Ton Agency, et du podcast Mécréantes, elles ont lancé un site pour rassembler ces récits.

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Des paroles humiliantes et culpabilisantes

On y trouve déjà près de 220 témoignages qui concernent des commissariats dans toute la France. Au commissariat de La Rochelle, "le policier a tout simplement refusé de prendre ma plainte en me disant qu'elle serait classée sans suite dès que je serais partie", raconte l'une. À Bordeaux, des policiers "ricanent, refusent de me croire, l'un d'eux me lâche un "c'est normal vous êtes jolie" et ils se barrent, nous laissant seules", relate une autre.

"Êtes-vous sûre de vouloir porter plainte ? Vous pourriez gâcher la vie de cet homme."

À Tours, ce sont "des questions très dérangeantes comme : "Comment étiez vous habillée ? Pantalon, jupe ?", "Est-ce que vous avez mouillé ? Vous avez eu du plaisir ou ça vous a fait mal ?", "Vous êtes sûre que vous avez eu mal?", "Pourquoi vous n'avez pas essayé de crier ?", "Pourquoi vous ne vous êtes pas débattue ?" "Êtes-vous sûre de vouloir porter plainte ? Vous pourriez gâcher la vie de cet homme", prévient un agent d'un commissariat lillois qui conseille à la plaignante "prendre cette agression comme un compliment".

"On a fait un site pour que ça ne retombe pas comme un soufflet", explique Constance Vilanova, qui raconte elle-même la mauvaise prise en charge dont elle a été victime dans le commissariat du XIe arrondissement de Paris sur Twitter.

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Des "propos diffamatoires" selon la police

À l'origine de ce mouvement sur les réseaux sociaux, il y a eu le témoignage relayé par l'activiste féministe Anna Toumazoff sur son compte Twitter d'une jeune femme de 19 ans qui a subi un viol début septembre et déplore l'accueil qu'elle a reçu de la part des agents de police au commissariat central de Montpellier.

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La préfecture de l'Hérault a rapidement réagi, dénonçant dans un communiqué des "propos diffamatoires", de "fausses informations et mensonges" qu'il condamne "avec fermeté".

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Même son de cloche du côté du syndicat Alliance du département qui considère que la police est ainsi "une nouvelle fois stigmatisée" par des "propos tenus par une pseudo féministe sur les réseaux sociaux", et affirme son éternelle "priorité" : "la défense des collègues".

66% des victimes font état d’une mauvaise prise en charge, selon un sondage

Pourtant, il semble bien qu'il y ait un phénomène structurel derrière ces récits, si l'on en croit l'enquête publiée par le collectif #NousToutes qui a récolté en 15 jours, en mars, 3500 témoignages, majoritairement de femmes : 66% des répondantes font état d’une mauvaise prise en charge par les forces de l’ordre lorsqu’elles ont voulu porter plainte pour des faits de violences sexuelles.

Le collectif #DoublePeine demande donc un contrôle régulier de la bonne prise en charge des femmes victimes et des sanctions envers les commissariats qui posent problème, ainsi que la création d’un réseau d'accompagnatrices dans chaque commissariat pour soutenir les victimes pendant leur dépôt de plainte, et tout au long du parcours judiciaire, et un milliard d’euros pour lutter efficacement contre les violences sexistes et sexuelles en France. Il annonce qu'il souhaite organiser des actions dans les jours à venir.